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Législatives: une majorité incertaine pour le nouveau président

Quelle majorité parlementaire pour le futur président? Les états-majors des partis sont déjà tournés vers la bataille des législatives en juin où la droite espère prendre sa revanche et le PS rebondir malgré un risque d'éclatement.

Ces législatives des 11 et 18 juin s'annoncent comme les troisième et quatrième tours de la présidentielle avec une recomposition à l'Assemblée.

Dès dimanche soir, Emmanuel Macron s'est projeté au-delà du second tour, voulant "dès à présent construire une majorité de gouvernement et de transformation nouvelle".

Persuadés que les Français lui donneront une majorité, comme habituellement pour un nouveau président, l'ancien ministre a fermé jusqu'ici la porte à tout accord d'appareil, hormis au MoDem de François Bayrou, et affirmé qu'il aurait des candidats dans les 577 circonscriptions, la moitié issus de la société civile.

A côté de "ces nouveaux visages", le candidat d'En Marche! compte sur le ralliement de sortants, de gauche comme de droite. Si une trentaine de députés PS l'ont parrainé pour la présidentielle, les députés LR et UDI ont jusqu'à présent résisté à ses appels du pied.

"Lors des législatives se manifestera une résistance du clivage droite/gauche. Surtout à droite. Car ce n’est pas la droite qui a été battue, c'est l'échec personnel de François Fillon", pronostique Philippe Braud, chercheur associé au Cevipof.

"Tout dépendra de l'offre électorale: s'il y a un candidat En Marche!, un candidat de La France insoumise et un candidat PS dans chaque circonscription, vu la règle nécessitant 12,5% des inscrits pour se maintenir au second tour, la droite a des chances d'avoir des bases plus solides", renchérit Bruno Jeanbart, de l'institut Opinionway.

- La droite croit en une cohabitation -

C'est le pari du parti LR, qui veut croire à l'alternance malgré l'élimination de François Fillon.

"J'ai le sentiment que nos idées restent majoritaires", a déclaré dimanche le chef de file des députés LR Christian Jacob. "Le seul mot d'ordre dans les semaines qui viennent, c'est nous battre pour avoir la majorité à l'Assemblée et imposer une cohabitation à M. Macron", a renchéri lundi le député sarkozyste Daniel Fasquelle.

Président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde a exclu lundi une suspension de l'accord entre son parti et LR, récusant aussi toute négociation avec En Marche!.

La droite risque cependant une éventuelle démobilisation des vaincus. En 2002, éliminée dès le premier tour, la gauche n'avait pas renversé la tendance aux législatives.

D'autant que M. Macron fera de son gouvernement "un produit d'appel pour les législatives", prédit un élu centriste.

"La recomposition se fera après les législatives, pas avant", en déduit un député UDI.

Au PS, l'objectif va être, sous la houlette de Bernard Cazeneuve qui est "l'homme des missions impossibles" selon un ténor socialiste, d'éviter l'effondrement comme en 1993, lorsqu'ils avaient été réduits à une cinquantaine d'élus.

Mais le PS risque d'éclater en deux groupes à l'Assemblée, l'un pro-Macron, l'autre en opposition. "Ceux qui sont en désaccord, notamment sur l'Europe, sur l'économie, sur l'entreprise, sur les questions de sécurité, peuvent-ils encore être dans la même famille politique? Je ne le crois pas", a jugé ainsi lundi Manuel Valls.

Autre inconnue, le bon résultat de Jean-Luc Mélenchon se concrétisera-t-il aux législatives? "Il y a très certainement une attractivité du candidat Jean-Luc Mélenchon très au-delà du courant politique", selon M. Jeanbart. En 2012, le Front de gauche n'avait obtenu que dix députés malgré 11% pour M. Mélenchon.

Le Front national, qui ne croit que modérément à une victoire de Marine Le Pen, espère lui tirer aux législatives les bénéfices de sa présence au second tour en attirant une partie des électeurs de droite.

Malgré un mode de scrutin, majoritaire à deux tours, qui lui a toujours été défavorable, "le FN a l'espoir de former un groupe pour la première fois depuis 1986, pas au niveau de leur poids électoral, mais avec un nombre conséquent de députés qui pourrait s'échelonner entre 20 et 50", selon M. Jeanbart. "Cela peut atteindre 30-40", pense un responsable PS.

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