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Les attentats, un déclic pour des jeunes prêts à s'engager dans l'armée

Elan patriotique, envie de servir le pays face à la menace: les attentats du 13 novembre se traduisent par un regain d'intérêt de nombreux jeunes envers les carrières militaires, mais l'armée n'est pas prête pour autant à recruter tous ceux qui frappent à sa porte.

Dix jours après les tueries parisiennes, la sonnette retentit souvent au Centre d'information et de recrutement des forces armées (Cirfa) de Rennes. Le nombre de visiteurs est pratiquement passé du simple au double certains jours de la semaine dernière, témoigne le capitaine Gaël Briand, qui dirige le site où l'on informe les candidats sur les possibilités de carrière dans la défense nationale.

"Le même phénomène s'est produit au mois de janvier (après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher), il y a eu affluence dans les Cirfa", observe le capitaine Briand, selon qui les attentats ont pu provoquer un déclic chez des jeunes, déjà attirés par l'armée, en les confortant dans leur décision.

"J'ai pas envie de rester sans rien faire", explique ainsi à l'AFP Alexandre Frapard, prêt à abandonner la fac pour servir sous les drapeaux. "Depuis l'âge de 12/13 ans, j'avais envie de devenir fusilier marin. Avec les attentats, j'y ai repensé, ça m'a remis l'idée en tête", avoue ce Rennais de 18 ans, qui attend à l'accueil du Cirfa de passer un premier entretien avec un conseiller en recrutement.

"Il y a une menace", ajoute-t-il, tout en assurant que ça ne lui fait pas peur. "J'ai un esprit assez patriotique", explique-t-il.

Les attentats, c'est plus une coïncidence pour Baptiste Girard, qui a abandonné ses études en administration économique et sociale quelques jours avant le carnage parisien et se verrait bien maintenant pilote de chasse. Lui veut "être au service du pays", c'est-à-dire "défendre ses valeurs: liberté, égalité, fraternité (...) un peu menacées vu ce qui s'est passé".

- "Pas sous le coup de l'émotion" -

Pour Dylan Barthélémy, un garçon de 21 ans d'origine africaine, l'armée c'est avant tout l'assurance d'un encadrement, un moyen d'engager sa vie sur le droit chemin, mais les événements jouent aussi un rôle. "Vu les attentats, j'aimerais m'engager pour défendre le peuple français", dit-il, rapportant le dossier d'inscription qu'il avait déjà rempli lors d'une précédente visite. "Des gens viennent comme ça, posent des bombes, ça donne envie d'aider les victimes", confie-t-il.

Malgré l'affluence, les militaires ne changent rien à leurs habitudes de recrutement. "On continue à travailler exactement de la même façon dans la constitution des dossiers", assure le capitaine Briand. "Il faut que chacun murisse sa décision, et ça ne se fait pas sous le coup de l'émotion".

Témoin, une jeune femme qui aimerait entrer dans l'Armée de l'air mais n'a aucun diplôme à part le brevet et est tout près de la limite d'âge de 25 ans. "Je ne peux pas vous proposer grand-chose", lui explique sa conseillère en recrutement, lors d'un entretien de près d'une heure.

La porte est étroite pour les candidats: à titre d'exemple, depuis le début de l'année, sur 325 personnes qui se sont présentées au Cirfa de Rennes pour une carrière dans l'Armée de l'air, seules 129 ont déposé un dossier et sur ce total 26 ont été retenues, selon le capitaine Briand, qui n'hésite pas à rappeler à la réalité les candidats un peu trop influencés par la télévision. "L'armée, ce n'est pas Call of Duty", résume-t-il.

"Il faut s'assurer que les gens sont suffisamment motivés, qu'ils adhèrent aux valeurs militaires dès le départ, sinon ils ne passeront pas les sélections. Faire du forcing avec le recrutement, ça ne rapporterait rien", assure-t-il.

Au niveau national, depuis les attentats, plus de 1.400 internautes se manifestent chaque jour sur le site de recrutement de l'Armée de terre sengager.fr, contre 200 à 300 en moyenne ces derniers mois, a précisé jeudi le Bureau du recrutement.

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