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Les facs innovent pour réduire l'échec des étudiants

Des étudiants qui collaborent à la conception de leur cursus, d'autres qui font du tutorat entre eux, un sas d'un an pour des bacheliers pro avant l'IUT : plusieurs innovations pédagogiques pour réduire l'échec dans le supérieur ont été présentées jeudi.

Il existe sur le terrain des réponses "extrêmement efficaces, très peu connues" à l'échec en premier cycle (licence), qui est l'un des principaux problèmes des universités, a souligné le secrétaire d’État à l'Enseignement supérieur Thierry Mandon, lors d'une conférence, en présence de responsables et étudiants d'établissements qui innovent.

Selon lui, "on n'entre pas à l'université comme une masse indifférenciée", certains ont "besoin" de se préparer "avant d'y être".

Les titulaires du bac professionnel, conçu pour intégrer directement le marché du travail, s'engagent ainsi de plus en plus dans des études supérieures, mais leur taux de réussite est faible. L'université de Saint-Etienne a créé pour eux une formation d'un an en petit groupe, afin de développer leur culture générale et leur méthodologie avant l'IUT.

L'IEP de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) aide des lycéens franciliens, dont 75% de boursiers, à préparer le concours des IEP, dans leur établissement et pendant une semaine intensive dans ses locaux. Il s'agit de leur donner des méthodes de travail qui leur permettront de mieux engager leurs études, qu'ils réussissent le concours (20% des élèves du programme) ou pas.

"Je n'ai jamais eu le profil type de l'élève qui entre à Sciences Po", a raconté Benjamin, qui a intégré l'IEP de Saint-Germain après cette préparation. "J'ai failli redoubler toutes mes classes de collège, j'ai failli aller en pro, en technologique et je savais que pour un concours, j'étais en sacré retard face à des élèves de bons lycées". Mais cet enseignement "m'a permis de me remettre au niveau" et "je me suis donné à fond".

- des modules d'appui aux jeunes -

L'université de Lyon 3 a constaté qu'on peut échouer pour des raisons indépendantes de l'aisance dans la discipline étudiée, comme des difficultés à s'organiser, ou la timidité. Elle propose aux volontaires des modules de trois heures pour les épauler, par exemple "prise de parole en public", "gestion du stress", "savoir rebondir après l'échec".

Les centaines d'étudiants qui suivent au moins un module réussissent mieux que la moyenne, pour un coût de 150 euros par jeune par an.

A Lyon 1, ce sont les étudiants de médecine qui développent des "initiatives pédagogiques étudiantes" en collaboration avec leurs enseignants. Une vingtaine ont été mises en oeuvre.

Ils rédigent ainsi des polycopiés à partir de leurs notes, relus et validés par les enseignants, mis à jour chaque année. Ces documents "combinent la pensée étudiante et l'expertise de l'enseignant", explique Alexandre Mader, un étudiant. "Cela a permis aux enseignants de ne plus tout dire en cours, les étudiants lisaient avant le polycopié, et ils pouvaient réfléchir à de nouvelles formes d'apprentissage, comme la classe inversée."

Ces étudiants doivent apprendre de nombreux gestes, comme la prise de sang. Les enseignants y ont formé des troisièmes années, qui ont formé à leur tour des deuxièmes années.

Le concours de médecine, en fin de première année, conduit beaucoup d'étudiants à travailler d'arrache-pied pendant une, voire deux années, un effort récompensé pour peu, en raison du numerus clausus.

Mais l'université d'Angers expérimente depuis 2015 une autre organisation des études de santé (Paces), avec un parcours pluridisciplinaire de quatre semestres, qui a permis à 70% des étudiants de valider une première année et continuer sans redoubler. Tous ne deviendront pas médecins, certains pourront rejoindre par exemple des écoles d'ingénieur.

Observant que beaucoup d'étudiants de santé suivaient en plus des cours privés, que tous ne peuvent pas s'offrir, l'université de Saint-Etienne a développé un tutorat entre étudiants, qui a amélioré leur taux de réussite au concours.

Le coût de l'échec en licence est estimé à 200 millions d'euros, une somme qui "pourrait être utilisée autrement", a relevé M. Mandon.

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