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Les Français face à leur destin (9/12): marqués par l'affaire Théo, que pensent les jeunes d'AULNAY-SOUS-BOIS des candidats?

Jusqu'au premier tour des Présidentielles françaises, nous donnons la parole aux Français dans les 4 coins du pays. Cette fois, nos journalistes Emmanuel Dupond et Regjep Ahmetaj se sont rendus dans une cité d'Aulnay-sous-Bois, dans la banlieue nord de Paris. Une commune marquée par l'affaire Théo. Un lieu où la population se sent abandonnée par les politiques.

Notre équipe a rencontré Hadama Traoré dans la cité Rose-des-Vents, plus connue sous le nom de Cité des 3000. "C'est comme les Champs-Elysées des 3000, c'est là où tout se passe", confie-t-il à notre équipe dans la voiture. La population de cette banlieue sensible se dit abandonnée par les autorités politiques. "Il n'y a plus de commissariat, il a été fermé, on ne sait pas pourquoi. La poste est fermée depuis plus de cinq mois, on ne sait pas pourquoi...", précise le jeune homme.


"C'est là qu'il s'est fait agresser par quatre fonctionnaires qui ne méritent pas l'uniforme bleu"

À 32 ans, Hadama veut réveiller les consciences. Il emmène notre équipe à l'endroit où Théo a été victime de violences policières en février dernier. "C'est ici qu'il y a eu l'affaire Théo", dit-il. "C'est là qu'il s'est fait agresser par quatre fonctionnaires qui ne méritent pas l'uniforme bleu", explique Hadama.

L'affaire avait mis le feu aux poudres entre certains habitants du quartier et la police. Des tensions moins visibles aujourd’hui, mais toujours présentes, selon ce père de famille qui tient un discours d'apaisement. "Ça fait plus de deux mois qu'on fait un gros travail sur la relation population-policier. À un moment donné, on ne peut pas faire croire aux jeunes, et même à la population, que tous les policiers sont les mêmes, que tous les policiers sont mauvais, que tous les policiers sont des violeurs. C'est juste incroyable", dit Hadama.


"On déteste les journalistes. C'est clair?"

Hadama est animateur au service jeunesse de ville. Il a créé un mouvement citoyen: La révolution est en marche. "Nous c'est pas une révolution avec des armes, c'est une révolution de pensée. Et on va y arriver", lance-t-il.

Objectif: éviter la stigmatisation des quartiers populaires, entretenue selon lui par les politiques et les médias, avec lesquels il n'est pas tendre. "On déteste les journalistes, c'est clair ou c'est pas clair? Je peux pas être plus clair que ça. On déteste les journalistes. On déteste comment ils manipulent les dires. Comment ils manipulent les vidéos. Comment à chaque fois ils sont dans la stigmatisation", explique l'activiste.


"On a voté Chirac, Sarkozy, Hollande... je ne vois pas de changement"

Il y a cinq ans, le candidat François Hollande avait promis de faire des banlieues une priorité. Aujourd'hui, comme beaucoup d'habitants d'Aulnay-sous-Bois , Hadama Traoré ne croit plus aux discours des hommes politiques. "Les politiques aujourd'hui, au lieu de rassembler avec un discours rassembleur, ils divisent. À des fins électorales pour du pouvoir et de l'argent. C'est triste. Mais regardez alentour de vous, c'est la réalité", estime-t-il.

Dans cette ville de 80.000 habitants, encore marqués par l'affaire Théo, 31% de la population a moins de 20 ans. Des jeunes qui pourraient bien s'abstenir de voter à la Présidentielle. "On a voté auparavant. On a voté pour Chirac, on a voté pour Sarkozy, pour Hollande. Et je ne vois toujours pas le changement aujourd'hui. Donc je trouve que ça ne sert strictement à rien de voter", confie un jeune homme.

Le mouvement citoyen d'Hadama Traoré compte une cinquantaine de personnes et ferait des émules dans d'autres banlieues françaises. Le trentenaire se sent d'ailleurs pousser des ailes, et envisage de proposer une liste aux municipales de 2020.

Des cités comme la Rose-des-vents, il y a en 1500 en France, soit près de 5 millions d'habitants, et parmi eux, de nombreux électeurs...

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