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Les habitants d'un village français sont coupés du monde à cause de la menace d'effondrement d'un pan de montagne

Les habitants et commerçants du petit village de La Grave dans les Hautes-Alpes sont désespérés. Un pan de montagne menace de s'effondrer et la principale voie d'accès au village est fermée depuis trois mois. Résultat : plus aucun touriste et même l'itinéraire du Tour de France a été changé.

Rues désertes, terrasses de cafés vides, chiffres d'affaires des commerces en chute libre. Le petit village de La Grave, dans les Hautes-Alpes, craint pour son avenir après trois mois de fermeture de sa principale voie d'accès, coupée par l'effondrement d'une montagne. Attablés à la terrasse de l'hôtel-bar-restaurant Le Castillan, Marc et ses trois employés scrutent désespérément les rares passages de voitures, en quête d'un éventuel client. "Le midi, on fait 70% de perte sur le restaurant", dit-il, résigné.


Des milliers de touristes passent habituellement par le village

Face aux magnifiques glaciers de La Meije, le petit bourg de 500 âmes, classé parmi les plus beaux villages de France, affiche une tranquillité exceptionnelle pour la saison. D'ordinaire, la route qui le traverse, reliant Grenoble à Briançon, voit passer plusieurs milliers de touristes par jour: vacanciers en partance pour l'Italie, cyclistes venus s'attaquer aux cols de la région ou encore Grenoblois en quête d'air frais. C'est elle qui fait vivre la plupart des commerçants du village. "Mais aujourd'hui, pas une glace, pas un café, pas une bière. Il n'y a personne", se lamente Brigitte Pelletier, au comptoir du Café des glaciers.


Le tunnel du Chambon est fermé à cause de la menace d'effondrement d'un pan de montagne

Depuis la fermeture du tunnel du Chambon (Isère), menacé par l'effondrement d'un pan de montagne, cette route ressemble plus à une rue piétonne qu'à une artère économique. Percé en 1935, ce tunnel, qui longe le lac du même nom, est fermé à la circulation depuis le 10 avril. Sa voute est broyée par un glissement de terrain qui s'accélère et risque de précipiter des centaines de milliers de tonnes de rochers dans la retenue d'eau d'EDF.


Seul moyen de quitter le village: l'hélicoptère

Un système de navettes fluviales, mis en place pour aider la population à se rendre à son travail, a dû être interrompu au vu de l'imminence de l'éboulement. Même le sentier qui longe le lac et permettait aux habitants de rejoindre l'autre rive en 40 minutes de marche a été interdit. Il ne restait donc plus que la voie des airs: des hélicoptères transportent depuis lundi quelques dizaines d'ouvriers du bâtiment employés dans les stations iséroises des Deux Alpes et de l'Alpe d'Huez.


Coupés du monde

Mais cela n'a allégé en rien le désarroi du reste de la population, qui dépend en grande partie de Grenoble pour la vie quotidienne. Depuis trois mois, les journaux ne sont plus livrés, les commerçants ambulants ont déserté le marché et le pain, qui était confectionné aux Deux Alpes, doit être acheminé de Briançon, à 40 kilomètres de là.


"On nous a coupé une artère; on est en train de suffoquer"

Les épreuves cyclistes de l'été (La Marmotte, le Brevet du randonneur des Alpes) ont déserté la région. Jusqu'au Tour de France, qui a dû modifier son étape Modane-L'Alpe d'Huez, faisant perdre des milliers d'euros aux hôteliers de la vallée. "Une semaine de réservations sont parties en fumée", se désole Sabine Bonnabel, qui tient l'hôtel des Glaciers au col du Lautaret. "On nous a coupé une artère; on est en train de suffoquer. On demande un pontage mais on nous le refuse", commente Frédéric Jullliard, qui craint de ne pas passer l'hiver avec son magasin de sports.


"On en a ras-la-patate"

Pour la saison d'été, "on s'est fait une raison: on a fait une croix dessus. Ce qui nous inquiète, c'est cet hiver", abonde Brigitte Pelletier. Station prisée par les skieurs grenoblois, amateurs d'espaces vierges, La Grave sera en effet à plus de 4 heures de Grenoble, après la fermeture hivernale du col du Galibier. De quoi dissuader même les plus grands amateurs de poudreuse. "On en a ras-la-patate", s'énerve Roland Jacob, adjoint au maire de La Grave. "Il n'y a pas de plan B si on ne peut pas réparer ce tunnel".

Dépités, certains suggèrent même de vider le lac pour retrouver la route qui existait avant la construction du barrage, il y a 80 ans.

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