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Les journées sur les réformes dans l'Education: point d'étape ou coup de com?

Les trois ministres de l'Education de la mandature Hollande ont fait lundi "un point d'étape" sur les réformes entreprises depuis 2012 dans l'Education nationale: un "coup de com" dénonce la droite, tandis que les syndicats divergent dans leur appréciation de l'action du gouvernement.

"Quand je dis +ça va mieux+, je peux dire aussi +ça va mieux pour l'école+", a lancé François Hollande, intervenu en fin de journée. A l'adresse des enseignants, électorat longtemps considéré comme acquis à la gauche et au Parti socialiste, il a dit: "Ayez confiance dans le soutien que les pouvoirs publics vous apportent". Et à celle des parents: "Ayez confiance dans votre école".

Le Premier ministre Manuel Valls devrait annoncer mardi, en clôture de ce "point d'étape", une hausse de 800 euros de l'indemnité annuelle des professeurs des écoles, à 1.200 euros, un montant identique à celle perçue par leurs collègues du second degré.

Des pratiques "clientélistes", a estimé sur RTL François Bayrou, président du MoDem et ancien ministre de l'Education, qui reconnaît toutefois que les enseignants français sont "mal payés". Pour Annie Genevard, déléguée générale à l'éducation du parti Les Républicains, la gauche "cherche ainsi à ramener dans (son) giron un électorat qui est vital pour elle".

Le Snes, premier syndicat dans le secondaire et vivement opposé à la réforme du collège prévue pour la rentrée 2016, dénonce "une grande opération de satisfecit". "C'est la méthode Coué", estime sa secrétaire générale Frédérique Rolet.

"Personne ne va remettre en cause les grands objectifs de cette loi de refondation", mise en oeuvre par Vincent Peillon en 2013 et poursuivie par ses deux successeurs, Benoît Hamon (mars-août 2014) et Najat Vallaud-Belkacem (depuis août 2014), "mais que met-on derrière les mots?", a ajouté la syndicaliste. "Tout reste à construire."

Cette loi vise à une école plus juste, alors que les études internationales Pisa pointent en France un accroissement du fossé entre les bons élèves et les plus faibles, et le poids de l'origine sociale sur le destin scolaire d'un élève, plus lourd que chez nombre de ses voisins européens.

- Quid des réformes si la droite revient? -

Plus nuancé, Christian Chevalier, du SE-Unsa, syndicat qui a soutenu plusieurs réformes du quinquennat, regrette la teneur "institutionnelle" de ces deux journées, dont les principaux intervenants sont des ministres, des hauts cadres de l'Education nationale et des responsables politiques de gauche pour la plupart.

Il aurait préféré quelque chose "de plus proche du terrain, avec des témoignages d'enseignants ou de chefs d'établissement". Les réformes ont été votées, rappelle-t-il. "Nous sommes aujourd'hui dans la phase de mise en oeuvre, et ceux qui sont aux avant-postes sont les acteurs du terrain."

Parmi les grandes réformes du quinquennat figurent celle des rythmes scolaires dans le primaire, appliquée depuis la rentrée 2013 et généralisée en 2014, et celles du collège et des programmes (école primaire et collège), prévues pour la rentrée 2016.

L'éducation prioritaire, pour les établissements accueillant les élèves les moins favorisés, a subi un sérieux toilettage, avec une actualisation de la carte des écoles figurant dans les réseaux REP ou REP+ (anciennement ZEP).

La loi de refondation de l'école a par ailleurs réintroduit les instituts de formation pour les professeurs, appelés désormais Espé (Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation), et promis la création nette de 60.000 postes, dont 47.000 auront été créés à la rentrée 2016, le reste étant attendu pour la rentrée 2017.

Et justement, qu'arrivera-t-il à ces réformes si la droite revient au pouvoir? Vincent Peillon a dit ne pas croire "qu'il y aura un homme ou une femme raisonnable qui reviendra sur la refondation, les Espé, les rythmes scolaires ou l'éducation prioritaire".

Pour Christian Chevalier, cela dépendra "de quelle droite". "Si c'est Juppé, on peut s'attendre à des arrangements raisonnables, sur la réforme du collège par exemple. Avec Sarkozy, ce sera différent, mais pas forcément un retour à la situation antérieure, contrairement à ce qu'espèrent certains."

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