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Présidentielle en Mongolie: un 2e tour inédit et un "sabotage"

La Mongolie organisera le 9 juillet un inédit deuxième tour de la présidentielle, après qu'aucun des trois candidats n'a obtenu la majorité absolue lors de cette élection victime d'un "sabotage" technique, ont annoncé mardi les autorités.

La proclamation des résultats du scrutin avait été reportée de plusieurs heures, provoquant mardi la colère des partisans du candidat éliminé, qui considéraient ce retard avec suspicion.

Les trois prétendants -- un éleveur de chevaux, un ancien athlète et un maître de géomancie chinoise --, étaient tous visés par des accusations de corruption dans cet immense pays peu peuplé coincé entre la Russie et la Chine.

Le magnat de l'immobilier et ex-lutteur Khaltmaa Battulga, du Parti démocrate (PD), actuellement dans l'opposition, a recueilli 38% des voix, a indiqué le Comité électoral général. Le candidat appartient à la même formation que le président sortant.

Son score est bien en-deçà des 51% nécessaires à une élection directe dès le premier tour. C'est donc la première fois qu'un second tour d'une élection présidentielle sera organisé en Mongolie depuis l'accession de ce pays à la démocratie.

Mieygombo Enkhbold, dont le Parti du peuple mongol (PPM) est majoritaire au Parlement, a lui engrangé un peu plus de 30% des suffrages. Ex-Premier ministre et maire d'Oulan-Bator, il est considéré comme le candidat de "l'establishment".

- 'Manipuler les chiffres' -

Derrière lui, un troisième homme a failli bousculer l'échiquier politique traditionnel mongol: Sainkhuu Ganbaatar, ex-responsable syndical et candidat du Parti révolutionnaire du peuple mongol (PRPM), a terminé à seulement ...0,1 point du deuxième.

Des membres du PRPM ont manifesté mardi matin au siège du Comité électoral général, a déclaré le directeur de l'institution électorale Choizon Sodnomtseren.

Sodnomtseren a justifié le délai dans l'annonce des résultats par la dégradation volontaire d'un câble haut-débit dans la province de Gobi-Altai. Le responsable a dénoncé un acte de "sabotage délibéré" qui a empêché les résultats de nombreux bureaux de vote d'être comptabilisés avant mardi matin.

Le report de l'annonce avait provoqué la colère du PRPM arrivé troisième. "Le Comité a délibérément orchestré des retards dans la publication (...) Nous pensons qu'ils sont en train de manipuler les chiffres", avait tonné Erdenebileg Erdenejamiyan, un haut responsable du parti, avant la proclamation des résultats.

Des steppes éloignées jusqu'aux faubourgs de la capitale, les électeurs de Mongolie, vaste pays de trois millions d'habitants -- dont un gros tiers d'éleveurs nomades -- avaient voté lundi, souvent dans des yourtes transformées en bureaux de vote.

La campagne s'est déroulée dans un climat particulier, les trois candidats étant mis en cause dans des scandales de corruption.

- Chevaux et secte -

Enkhbold (arrivé 2e), qui se dépeignait en humble éleveur de chevaux, a ainsi été accusé d'avoir monnayé des emplois publics contre l'équivalent de 20 millions d'euros, tandis que Battulga (1er) était soupçonné de détenir des comptes à l'étranger.

Ganbaatar (3e), ex-maître de feng shui (géomancie chinoise), a tenu un discours volontiers populiste face aux scandales où s'empêtraient ses adversaires. Il n'a cependant pas échappé aux controverses: il lui est reproché d'avoir touché un don illégal de 40.000 euros de la secte sud-coréenne Moon.

Ces affaires ont étouffé tout débat sur la conjoncture économique, à l'heure où la Mongolie reste enfoncée dans la pauvreté malgré la richesse de ses ressources minières.

Victime de la chute des cours du cuivre et de l'essoufflement économique de son grand voisin chinois, le pays a vu sa croissance s'effondrer à 1% l'an dernier, contre 17% en 2011.

Le chômage touche 9% de la population active et Oulan-Bator a accepté début 2017 un prêt de 5,5 milliards de dollars (5,2 milliards d'euros) élaboré par le Fonds monétaire international (FMI).

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