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Loi travail: grande échelle et nacelle volante pour déloger des opposants à Rennes

Des gendarmes mobiles qui escaladent une grande échelle et des policiers du RAID suspendus au bout d'une grue: les autorités ont déployé les grands moyens vendredi à l'aube pour déloger les opposants à la loi travail qui occupaient depuis près de deux semaines une salle municipale à Rennes.

Réveillant les habitants du cœur historique de la capitale bretonne, environ 170 CRS et gendarmes mobiles fondent aux alentours de 06H00 sur la salle de la Cité, occupée par une centaine de jeunes militants depuis une manifestation le 1er mai.

"On nous a signalé la présence de plusieurs cars de police et de gendarmerie mobile. Dans les minutes qui ont suivi, une armée de gendarmes mobiles a commencé à faire sauter les portes à la meuleuse et au bélier", a raconté à l'AFP Hugo Poidevin, militant communiste et l'un des animateurs de l'occupation.

Les forces de l'ordre évacuent rapidement une petite moitié des occupants mais le reste se réfugie sur le toit. "Rennes, debout, soulève-toi!", crient les manifestants au-dessus des rues encore désertes du centre-ville.

Comme venus du ciel, des policiers armés du RAID survolent le toit, juchés dans une nacelle suspendue à la grue d'un chantier tout proche. Dans le même temps, des manifestants affluent de part et d'autre des cordons des forces de l'ordre qui bloquent les deux rues donnant accès à la salle.

Peu après 07h00, un camion de pompiers entre en marche arrière dans la cour devant l'entrée principale de la salle, dont la mairie a demandé mercredi l'évacuation.

La grande échelle se déploie: les gendarmes l'escaladent pour gagner le toit du bâtiment, d'où ils délogent, un par un, les manifestants qui forment une chaîne humaine.

"Ils ont fini par évacuer manu militari et sans délicatesse les manifestants qui étaient sur le toit", témoigne Hugo Poidevin, accusant les forces de l'ordre d'avoir effectué des "clés de bras" et des pressions sur les tempes pour obliger les jeunes opposants à lâcher prise.

- "On continuera le combat" -

Vers 09H00, les tout derniers manifestants, de très jeunes filles, sont délogés de la bordure du toit après un face-à-face avec les gendarmes mobiles, sous les vivats de leurs camarades en bas dans la rue.

La préfecture d'Ille-et-Vilaine a signalé une seule interpellation "pour rébellion", justifiant l'évacuation pour des raisons de sécurité.

Après une première convention de mise à disposition passée le 4 mai par la mairie PS avec les occupants, pour une semaine et sous certaines conditions, la Ville avait demandé mercredi à ses occupants de l'évacuer. Un huissier avait signifié cette injonction aux occupants jeudi après-midi, après une nouvelle manifestation contre la loi travail.

"On continuera le combat contre la loi travail, Valls bloque la démocratie, on bloquera le pays", promet Hugo Poidevin. Sud appelle d'ores et déjà à une manifestation à 20H00 vendredi aux abords de la place Sainte-Anne, à quelques mètres de la salle, à laquelle les manifestants avaient redonné son ancien nom de "Maison du peuple".

Une autre manifestation, contre "les violences policières", était déjà prévue samedi midi dans le centre-ville.

Depuis deux mois, Rennes a été le théâtre de manifestations parfois violentes contre la loi travail, un jeune manifestant ayant perdu l'usage d'un œil le 28 avril suite à un jet de projectile.

Lors des manifestations, les forces de l'ordre bloquaient systématiquement le centre historique pour protéger les commerces. L'occupation de la salle de la Cité, au cœur de la vieille ville, avait été perçue ainsi comme un camouflet pour les autorités.

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