Accueil Actu

Loi travail: une manifestation parisienne courte et sans débordements

Plusieurs dizaines de milliers d'opposants à la loi travail ont manifesté sous haute surveillance et dans une ambiance exceptionnellement bon enfant jeudi à Paris, sur un trajet court, obtenu de haute lutte par les syndicats, qui en appellent à François Hollande pour sortir de la crise.

En revanche, dans la soirée, une centaine de personnes parties en manifestation non autorisée dans le nord de Paris ont attaqué et dégradé la façade du siège du syndicat réformiste CFDT, a constaté un journaliste de l'AFP.

Soleil radieux, roses distribuées aux forces de l'ordre, CRS sans casques ni bouclier... Le défilé ultra-sécurisé s'est déroulé dans un calme inhabituel depuis le début de la mobilisation en mars. Bien loin des images des violences du 14 juin dans la capitale, à l'origine d'un bras de fer entre gouvernement et syndicats sur la manifestation de ce jeudi.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'est d'ailleurs félicité des "conditions optimales" dans lesquelles s'est déroulée la manifestation.

Le cortège de 20.000 personnes selon la police, 60.000 selon les syndicats, s'est ébranlé vers 14H15 de la Bastille, pour un parcours restreint de 1,6 km autour du bassin de l'Arsenal. Une heure à peine après le départ, le carré de tête syndical avait bouclé le parcours.

Ces chiffres sont comparables à la précédente manifestation parisienne du 26 mai, qui avait aussi rassemblé à Paris 19.000 personnes selon la police, 100.000 selon les syndicats. Celle du 14 juin, d'ampleur nationale - des centaines de cars étaient venus de toute la France - en avait réuni 75.000 à 80.000 selon la police, un million selon les organisateurs.

Une nouvelle journée de mobilisation est prévue le 28 juin, jour du vote au Sénat, avec remise à l'Elysée des résultats de la votation citoyenne contre la loi travail.

Cent personnes ont été interpellées en amont du défilé parisien, 113 dans toute la France, et plus de 2.000 policiers étaient mobilisés à Paris.

La sécurité avait été drastiquement renforcée avec des opérations de pré-filtrage et des contrôles d'identité.

Seul écart signalé, une tentative de manifestation sauvage près de la Bastille une heure et demie après la fin de la manifestation officielle, rapidement contenue par les CRS.

Depuis début mars, des casseurs s'étaient systématiquement immiscés dans les manifestations, et syndicats et gouvernement s'étaient renvoyé la balle sur leurs responsabilités respectives concernant la sécurité des défilés.

- 70.000 à 200.000 manifestants en France -

Initialement, la mobilisation de jeudi n'était pas censée être une date-clé. Mais les menaces d'interdiction de l'exécutif, au nom de la sécurité, ont changé la donne. "Si Manuel Valls n'avait pas fait ses déclarations intempestives publiques, il n'y aurait pas eu de manifestation aujourd'hui", a souligné le leader de FO Jean-Claude Mailly.

Certains manifestants, à Paris mais aussi en régions, ont dit défiler pour la première fois parce qu'ils avaient à coeur de défendre la liberté de manifester.

Concentrant leurs critiques sur Manuel Valls, CGT et FO ont à nouveau insisté jeudi pour être reçues par François Hollande, qui a affirmé qu'il irait "jusqu'au bout" sur la loi travail.

Le président "peut aller jusqu'au bout en passant en force, en utilisant le 49-3, mais il peut aussi aller jusqu'au bout en discutant et en faisant des changements", a commenté M. Mailly.

Lors de cette journée, environ 70.000 manifestants selon les autorités, plus de 200.000 selon la CGT, ont défilé dans toute la France (Paris compris), pour cette 10e journée d'actions à l'initiative de l'intersyndicale CGT, FO, Solidaires, FSU, UNL, Unef, Fidl. Celle-ci compte "ne rien lâcher" pour obtenir le retrait du projet de loi, qui est examiné au Sénat jusqu'à vendredi avant un vote le 28 juin.

Les manifestations ont eu lieu dans le calme, sauf à Rennes où des jeunes encagoulés ont commis de nombreuses dégradations.

Les actes de vandalisme contre le siège de la CFDT , dans le quartier de Belleville à Paris ont provoqué des réactions immédiates du secrétaire général de la CFDT et du Premier ministre Manuel Valls.

"Les actes de dégradations du siège de la CFDT sont une attaque intolérable contre la démocratie sociale", a réagi sur Twitter Manuel Valls. Myriam El Khomri lui a rapidement emboîté le pas, condamnant sur le réseau social une "atteinte intolérable".

Sur Twitter également, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a écrit: "Nos locaux à Paris viennent d'être saccagés par des individus cagoulés. Cette attaque violente est un coup direct porté à la démocratie".

À la une

Sélectionné pour vous