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Macron en quête de majorité dans une Assemblée profondément renouvelée

Les élections législatives des 11 et 18 juin devraient profondément remodeler l'Assemblée nationale et s'annoncent décisives pour Emmanuel Macron, en quête d’une majorité solide pour mener sa politique de réformes.

"Sans une majorité aux législatives, Emmanuel Macron ne peut rien faire", constate Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à Paris 1.

L'enjeu du scrutin est renouvelé par rapport aux législatives précédentes qui permettaient surtout de confirmer le résultat de la présidentielle.

L'émiettement des forces après le premier tour de la présidentielle, avec quatre candidats presque à égalité, l'élimination des deux partis de gouvernement traditionnels et la montée du Front national ont redistribué les cartes. Ce sont les législatives qui devront cette fois définir les équilibres du début de quinquennat.

- Quelle majorité ? -

Emmanuel Macron pourra-t-il aller au bout de son projet de recomposition politique?

Elu en partie grâce au rejet du FN, le président doit pouvoir s'appuyer sur une solide majorité parlementaire pour transformer sa victoire. Si En Marche!, né il y a guère plus d'un an, n'atteint pas la majorité absolue de 289 députés sur 577, Emmanuel Macron devra nouer des alliances à droite et/ou à gauche qui limiteront sa marge de manoeuvre.

"Toute la question est de savoir si cette nouvelle machine électorale qu'a construit En Marche!, cette construction ex-nihilo avec des modes d'engagement, de mobilisation complètement nouveaux, se décline bien au niveau local aussi", s'interroge Emmanuel Rivière, directeur général France de Kantar Public (Sofres).

Le mouvement d'Emmanuel Macron a investi des candidats dans environ 530 circonscriptions. Les récents sondages lui donnent l'avantage avec environ 30% d'intentions de vote, voire plus, au premier tour, devant le tandem LR/UDI et le FN autour de 20%, La France insoumise de 12 à 15% et le PS avec seulement 6% à 11%.

- Un paysage éclaté -

Arrivé en tête dès le premier tour de la présidentielle avec 24% des voix pour Emmanuel Macron, En Marche! aura face à lui des forces politiques éclatées: une droite fracturée après la nomination comme Premier ministre de l'ex-LR Edouard Philippe, un FN en proie à des tensions internes après le score moins bon que prévu (33,9%) de Marine Le Pen au second tour, La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui tentera de confirmer son score de la présidentielle (19,5% au premier tour).

Quant au Parti socialiste, éliminé au premier tour (6,3% pour Benoît Hamon), il tentera d'éviter la déroute.

- Un profond renouvellement -

Le renouvellement attendu de l'Assemblée devrait donner un nouvel élan à la vie parlementaire. Selon le sociologue Etienne Ollion, "on peut s'attendre à plus de 250, voire 300 nouveaux députés".

"C'est un élément déterminant pour le quinquennat, ça peut être le moment de réinventer la fonction parlementaire", souligne Dominique Rousseau. Avec l'entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul des mandats, les nouveaux députés pourront aussi se consacrer entièrement à leur fonction.

Plus de 200 députés sortants sur 577 ne se représentent pas. C'est près du double de 2012, quand 107 sortants n'étaient pas candidats.

Le bouleversement pourrait être d'une ampleur comparable à celui de 1958, lors des premières législatives de la cinquième République. 310 nouveaux députés avaient été élus.

- Le poids de l'enracinement -

Les candidats d'En Marche! notamment sont souvent des novices en politique. Ce manque d'expérience est-il un obstacle?

"L'étiquette compte beaucoup dans une élection législative, le fait d'être un inconnu n'est pas totalement rédhibitoire", nuance Emmanuel Rivière. Certains de ces candidats se retrouveront néanmoins face à des élus locaux parfois bien implantés, notamment en zone rurale.

"Est-ce qu'on se mobilise de la même manière pour les candidats aux législatives qu'on se mobilisait pour Emmanuel Macron", s'interroge le politologue.

D'autant que traditionnellement, dans le camp du vainqueur de la présidentielle, les candidats aux législatives sont soutenus par "un réseau d'élus, une implantation locale gagnée aux municipales et aux régionales". "Là, c'est ça qui manque à En Marche!"

- L'inconnue de la participation -

Partagés entre leur désir de renouvellement et l'attachement à des candidats plus traditionnels, les Français seront-ils tentés d'aller voter?

On assiste habituellement à une forte diminution de la participation entre le second tour de la présidentielle et le premier des législatives. L'électorat des perdants est traditionnellement celui qui se démobilise plus facilement.

Mais LFI et LR considèrent qu'il peuvent obtenir une majorité ou au moins peser sur le quinquennat en élisant un grand nombre de députés. Et le FN, qui a battu son record de voix à la présidentielle, entend également mobiliser ses électeurs.

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