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Macron sifflé lors de sa visite dans une usine délocalisée: Le Pen était sur place quelques heures plus tôt...

La campagne de second tour de l'élection présidentielle s'est accélérée ce mercredi matin avec la visite surprise de Marine Le Pen sur le site Whirlpool d'Amiens, au moment où Emmanuel Macron rencontrait, non loin de là, les représentants de l'intersyndicale de l'entreprise. La venue de Macron était prévue depuis plusieurs jours, au contraire de celle de Mme Le Pen. L'usine Whirlppol d'Amiens doit être délocalisée en Pologne.


Marine Le Pen s'affiche aux côtés des salariés
 
La candidate du FN s'est rendue mercredi à la mi-journée sur ce site d'Amiens, pendant que, à quelques kilomètres de là, Emmanuel Macron s'entretenait en ville avec des délégués syndicaux de l'entreprise. "Je suis là au côté de salariés, sur le parking, pas dans des restaurants amiénois", a déclaré à la presse la candidate, qui s'est défendue de "faire un coup médiatique". Elle s'est faite photographier aux côtés de salariés faisant des selfies.

"À Amiens où je suis allée rencontrer et soutenir les salariés de Whirlpool. Avec moi, leur usine ne fermera pas !", a publié la candidate sur son profil Facebook.


Macron: "Si vous faites de la démagogie, vous ne réglez aucun problème du pays"

Le candidat d'En Marche! a répliqué du tac au tac, annonçant sa visite mercredi après-midi auprès des salariés de l'entreprise, en compagnie des représentants de l'intersyndicale. "Mme Le Pen fait de l'utilisation politique, puisqu'elle va haranguer des militants politiques sur un parking", a-t-il cinglé. Dans la soirée, il tiendra un meeting à Arras. "Mme Le Pen est donc venue à Amiens parce que j'y venais. Bienvenue à elle. Mais Mme Le Pen n'a pas compris comment fonctionnait le pays et nous n'avons définitivement pas la même ambition, ni le même projet", a cinglé M. Macron. 

"Avec l'intersyndicale, nous sommes convenus que je me rendrai cet après-midi pour rencontrer les salariés, avec l'intersyndicale", a déclaré M. Macron. "Si vous ne parlez pas aux représentants des salariés mais que vous allez faire de la démagogie, de l'invective ou des fausses promesses, vous ne réglez aucun problème du pays". Or "l'intersyndicale a été exemplaire dans le cadre du conflit Whirlpool à Amiens", a poursuivi le candidat d'En Marche!.

"Je voudrais que toutes et tous dans cette région qui m'est chère (...) se rendent compte de ce qu'est le projet de Mme Le Pen. Le projet de Mme Le Pen ne règle rien de la situation de Whirlpool. Rien", a poursuivi M. Macron.


Un accueil houleux pour Emmanuel Macron

Dans l'après-midi, Emmanuel Macron s'est également rendu auprès des salariés, accompagné d'une délégation syndicale. D'après plusieurs témoins, des militants du Front national, venus dans la matinée, sont restés sur place pour attendre l'arrivée de l'ancien ministre de l'Economie. Eric Richermoz, secrétaire départemental du FN, était présent. Emmanuel Macron a eu droit à un accueil houleux, entre quelques sifflets et des "Marine présidente".  Il a tenté d'aller à la rencontre de salariés mais a reçu un accueil agité, d'autant que la forêt de caméras empêchait un contact direct.

Le candidat s'est ensuite arrêté un long moment dans la foule pour discuter et répondre aux questions des salariés (voir la vidéo ci-dessus).


Une nouvelle phase de la campagne s'ouvre

Ce chassé-croisé surprise fait monter d'un cran l'intensité autour de cette campagne de second tour. Les équipes des deux candidats ont présenté mercredi matin les affiches et slogans de cette fin de campagne: "Ensemble, la France!" pour M. Macron, "Choisir la France" pour Mme Le Pen, avec les deux concurrents en tenue bleue.

Mme Le Pen avait continué mardi soir de pilonner son adversaire et son projet "fratricide". "Nous ne voulons pas d'une France totalement soumise", a renchéri mercredi David Rachline en référence aux électeurs "insoumis" de Jean-Luc Mélenchon.

M. Macron, quant à lui, s'était défendu mardi après les avertissements lancés par François Hollande sur l'absence de "prise de conscience" du résultat du premier tour. "Je n'ai jamais considéré que quoi que ce soit était gagné", a-t-il assuré. M. Macron, qui a aussi assuré n'avoir "aucun regret" d'avoir célébré son résultat dimanche à la brasserie parisienne La Rotonde, a essuyé une nouvelle salve de critiques mercredi pour son début de campagne d'entre-deux-tours.

"Je crois qu'il a pensé qu'il était déjà élu. (...) Ce n'est pas si simple que cela", a dit le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, qui a également déploré l'attitude de M. Macron dans la perspective des législatives (11 et 18 juin). François Hollande a lui demandé aux membres du gouvernement de "s'engager pleinement dans la campagne".


Les Républicains divisés pour le second tour, mais sûrs d'eux pour les législatives

A droite, François Baroin s'est dit "absolument convaincu" de pouvoir remporter les législatives et d'imposer une cohabitation à M. Macron si celui-ci accède à l'Elysée. M. Baroin a mis en garde contre ceux qui, chez Les Républicains (LR), iraient "à la soupe pour un petit poste" dans un gouvernement Macron.

Les Républicains continuent par ailleurs de se diviser sur l'attitude à adopter avant le 7 mai. "Assez de finasserie ! Pour battre (Marine Le Pen), il n'y a qu'une seule solution: voter Macron", a tweeté mardi soir Alain Juppé.

L'ancien Premier ministre a été rejoint par Nicolas Sarkozy, qui a appelé mercredi à voter pour M. Macron car l'élection et le projet de Mme Le Pen "entraîneraient des conséquences très graves pour notre pays et pour les Français".

M. Sarkozy a par ailleurs confirmé qu'il n'avait "pas l'intention de revenir sur son choix" de retrait de la vie politique et appelé "tous les responsables de la droite et du centre au rassemblement".


Et du côté socialiste?

A gauche, les tractations continuent au sein du PS, après la déroute historique de Benoît Hamon dimanche. "Il serait étonnant que ceux qui ont amené le candidat du PS à un tel niveau nous disent qui est au PS ou pas", a lancé mardi soir Manuel Valls, qui plaide pour une participation à la majorité présidentielle de son ancien rival réformiste Emmanuel Macron.


Mélenchon ne dira pas pour qui voter

De son côté, Jean-Luc Mélenchon a fait savoir qu'il ne révélerait pas son choix de vote au second tour, quel que soit le résultat de la consultation engagée auprès des militants de la France insoumise. Son porte-parole Alexis Corbière avait cependant appelé les électeurs à ne pas apporter "une voix" au FN. "Il est important qu'on sache ce qu'il pense", avait pourtant insisté le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent.

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