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Malaisie: le Premier ministre limoge son adjoint et le procureur général

Le Premier ministre malaisien, Najib Razak, a limogé mardi son adjoint et le procureur général sur fond d'un énorme scandale financier qui prend de l'ampleur et menace le maintien du chef du gouvernement à son poste dans ce pays d'Asie du Sud-Est.

La pression monte depuis plusieurs mois contre Najib, pressé de s'expliquer sur des soupçons de détournements de fonds massifs concernant la société publique 1Malaysia Development Berhad (1MDB) créée à son initiative peu après son arrivée au pouvoir en 2009.

Les appels à la démission du Premier ministre se sont multipliés plus tôt dans le mois, après des informations publiées par le Wall Street Journal, selon lesquelles que enquêteurs malaisiens ont découvert que près de 700 millions de dollars (640 millions d'euros) avaient transité par des agences publiques, des banques et sociétés liées à 1MDB, avant de se retrouver sur des comptes personnels de Najib.

Le chef du gouvernement et la société 1MDB, endettée à hauteur de 11 milliards de dollars (10 milliards d'euros), ont vigoureusement démenti avoir commis des actes répréhensibles.

Najib avait accusé le quotidien de référence américain de "sabotage politique", tandis que 1MDB a affirmé n'avoir transféré aucune somme d'argent à Najib.

Dans une allocation télévisée mardi, Najib a annoncé que le vice-Premier ministre Muhyiddin Yassin avait été remplacé par le ministre de l'Intérieur, Zahid Hamidi.

Muhyiddin avait critiqué Najib pour la gestion de cette affaire et appelé à davantage de transparence. Il avait ajouté sa voix à celle des critiques publiques qui s'amplifient pour demander à Najib de répondre des affirmations selon lesquelles des centaines de millions de dollars de 1MDB ont été détournés via des transactions complexes à l'étranger, et jamais expliquées.

- "Actes de désespoir" -

En faisant clairement référence à Muhyiddin et à d'autres ministres s'interrogeant sur l'affaire 1MBD, Najib a déclaré que les membres du gouvernement "ne devraient pas faire part ouvertement de leurs divergences qui peuvent influencer l'opinion publique contre le gouvernement et la Malaisie".

Au total, neuf ministres ont été remplacés dans un remaniement visant à mettre sur pied une équipe "plus homogène" dans la perspective des prochaines élections prévues en 2018, selon les explications de Najib.

Le procureur général Abdul Gani Patail, engagé dans l'enquête sur des faits de corruption présumés de cette société à laquelle Najib est lié, a été remplacé également "pour raisons de santé", selon un communiqué du gouvernement.

Le fonds d'investissement 1MDB, qui a pour but de financer des projets économiques, fait l'objet d'une controverse pratiquement depuis sa naissance en 2009, quelques mois après la prise de fonctions de Najib.

Les craintes de banqueroute de cette société ou de la nécessité d'un sauvetage financier très coûteux ont contribué à la chute de la devise nationale, le ringgit, qui a touché récemment son niveau le plus bas depuis 17 ans.

Les changements annoncés mardi par Najib nourrissent les spéculations selon lesquelles le Premier ministre cherche à éviter de nouveaux appels à la transparence dans cette affaire et d'éventuelles poursuites judiciaires.

"Les renvois du procureur général et du vice-Premier ministre vont être considérés comme des actes de désespoir de la part de Najib", a déclaré un analyste politique de l'Université de Malaya, Terence Gomez, ajoutant que les preuves devaient être "suffisantes pour inculper les principaux acteurs de la société qui pourraient inclure le Premier ministre".

La semaine dernière, les autorités malaisiennes ont interdit la publication pendant trois mois d'un quotidien de langue anglaise très offensif dans ses articles sur ce scandale financier, provoquant les vives critiques de médias dénonçant une grave attaque contre la liberté de la presse

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