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Malgré les vents adverses, Maduro bien ancré à la tête du Venezuela

Sept Vénézuéliens sur dix veulent son départ, le blâmant de la crise économique frappant le pays, et l'opposition a promis de tout faire pour y arriver : pourtant le président Nicolas Maduro reste solidement ancré à la tête du pouvoir.

Voici les points forts permettant au dirigeant socialiste, élu en 2013 jusqu'en 2019, de résister malgré l'effondrement économique du pays pétrolier et le projet de référendum pour le révoquer, porté par l'opposition, majoritaire au Parlement :

- Le contrôle militaire et institutionnel

Nicolas Maduro doit une grande partie de sa survie politique au contrôle institutionnel qu'exerce le chavisme (du nom de son prédécesseur et mentor Hugo Chavez, 1999-2013) à travers les militaires actifs ou en retraite qui occupent 10 des 30 ministères, dont ceux de la Défense, de l'Agriculture et du Logement.

Le gouvernement "a le contrôle sur les institutions et conserve une relation très étroite et très forte avec les militaires", explique à l'AFP Luis Vicente Leon, président de l'institut de sondages Datanalisis.

Pour l'opposition, le pouvoir de Nicolas Maduro va au-delà et domine aussi le pouvoir judiciaire et les autorités électorales, deux acteurs cruciaux sur le chemin du référendum révocatoire.

Hormis le Parlement, le chavisme garde la mainmise sur la totalité des pouvoirs publics, soulignent les analystes.

"Malgré la détérioration dramatique de la situation au Venezuela, il existe une possibilité que Maduro reste au pouvoir, au moins jusqu'en 2017, car le chavisme continue de contrôler l'Etat vénézuélien dans sa quasi-totalité", estime Michael Shifter, président de la société d'analyses de Washington Dialogue Interaméricain.

La question du calendrier est cruciale, car si l'opposition ne parvient pas à organiser le référendum d'ici le 10 janvier 2017, alors celui-ci ne pourrait entraîner d'élections anticipées mais uniquement le remplacement de M. Maduro par son vice-président.

- Une opposition en manque d'affection

Après avoir longtemps souffert de divisions et enchaîné les défaites électorales, l'opposition vénézuélienne vit son meilleur moment en 17 ans de chavisme, ayant remporté en décembre dernier une victoire historique aux élections législatives.

Mais les fractures demeurent au sein de la vaste coalition de la Table pour l'unité démocratique (MUD, centre droit), qui n'arrive pas à susciter l'engouement populaire, selon Luis Vicente Leon.

"Il n'y a pas de leadership clair pour conquérir les foules ou leur faire ressentir une passion pour le changement", observe-t-il.

Les membres de la coalition sont "d'accord sur l'importance de destituer (Maduro) et de mener immédiatement des réformes économiques, mais sur toutes les autres questions, les divisions restent importantes", estime aussi M. Shifter.

- Un noyau fidèle -

Nicolas Maduro ne pourra jamais être comme Hugo Chavez, commentent les analystes au Venezuela comme à l'étranger.

"Le président Maduro n'est même pas l'ombre (de Chavez) en termes de popularité ni de crédibilité", estime Luis Vicente Leon, jugeant l'actuel chef de l'Etat "beaucoup plus instable".

Mais malgré cela, il continue d'exploiter la rhétorique et la figure de son prédécesseur, misant sur la fidélité du noyau le plus dur du chavisme.

"Maduro est renforcé par l'héritage de Chavez dans la région (...). Toute critique faite à Maduro entraîne des complications en termes d'idéologie et de diplomatie", juge Michael Shifter.

Le discours du président, pour expliquer la violente crise économique au Venezuela, est d'accuser une "opposition putschiste", aidée de "l'empire" (les Etats-Unis) et de "la droite internationale", de mener la "guerre économique" en créant artificiellement les pénuries d'aliments et de médicaments.

Une grande partie des 30 millions de Vénézuéliens subissent chaque jour ces pénuries, qui concernent 80% des produits basiques, et la pire inflation au monde (180,9% en 2015 selon le gouvernement). Mais 35% des habitants "se considèrent des chavistes purs et durs", note M. Shifter.

Selon lui, "il existe un bloc important, dans le pays, qui continue de soutenir (le chavisme) dans sa totalité et n'est pas disposé à soutenir l'opposition. Ils n'ont pas confiance dans l'alternative" proposée par celle-ci.

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