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Mélenchon et sa gauche radicale veulent s'imposer comme "opposants en chef" à Macron

Le héraut de la gauche radicale française, Jean-Luc Mélenchon, organise samedi sa propre manifestation contre la réforme du droit du travail d'Emmanuel Macron, dans l'espoir de s'imposer comme leader de l'opposition au président centriste. Un pari ambitieux.

Appelant à battre le pavé contre ce qu'il décrit comme un "coup d'État social et antidémocratique", le chef de file de la gauche contestataire suit un mantra révolutionnaire qui lui avait valu son spectaculaire sursaut de popularité à l'élection présidentielle, où il avait recueilli près de 20% au premier tour en avril.

Alors que la deuxième journée d'action organisée jeudi par les syndicats a moins mobilisé que la précédente, le 12 septembre, Jean-Luc Mélenchon et son mouvement politique La France Insoumise (LFI) misent sur une "déferlante" dans les rues de Paris samedi contre la réforme du Code du travail.

La colère se focalise sur le projet emblématique du président Macron qui vise à accroître la "flexibilité" du travail pour réduire le chômage (9,6% en France contre une moyenne européenne de 7,8%).

Mais pour rassembler le plus grand nombre, M. Mélenchon veut capitaliser sur le mécontentement suscité par d'autres réformes à venir, notamment celle des retraites et de l'assurance chômage.

Emmanuel Macron, lui, n'entend pas reculer. "Je crois en la démocratie, mais la démocratie, ce n'est pas la rue", a-t-il répondu mardi. Les premières mesures de la réforme du droit du travail entreront en vigueur dès lundi.

- "Démonstration de force" -

"Samedi, il va y avoir la masse... on ne fait que commencer", a prévenu Jean-Luc Mélenchon, qui joue sa légitimité.

"Il s'agit de faire une démonstration de force, presque physique", décrypte Clémentine Autain, député LFI. "Le 23 septembre, c'est pour redonner dignité aux gens", alors qu'"Emmanuel Macron a une vision autoritaire du pouvoir", réagit David Guiraud, un des porte-paroles de LFI.

"L'enjeu pour Mélenchon est de s'imposer comme le principal opposant à Macron", souligne Frédéric Sawicki, professeur de sciences politiques à l'université Panthéon-Sorbonne, soulignant la portée symbolique de "l'image d'un leader entouré de milliers de gens" place de la Bastille, à Paris, là où a grondé la Révolution française en 1789.

"Il s'agit de voir si la capacité de mobilisation de Jean-Luc Mélenchon reste à un bon niveau", ajoute le politologue. En mars dernier, le tribun de la gauche radicale avait réuni à Paris 130.000 personnes. Mais c'était avant les élections présidentielle et législatives qui ont vu triompher le camp Macron.

"C'est le moment où La France insoumise a une chance de valider sa prétention de représenter la principale force d'opposition", renchérit Philippe Raynaud, professeur de sciences politiques à Panthéon-Assas.

"Réussir une mobilisation massive pourrait accréditer cette idée. C'est la principale raison pour laquelle LFI n'a pas voulu s'allier aux autres opposants", souligne-t-il.

- Personnalité controversée -

Tandis que M. Macron a vu sa cote de popularité chuter cet été, LFI arrive en tête des formations citées comme la première opposition au gouvernement, selon un récent sondage, avec 32% contre 14% pour le parti d'extrême droite Front national de Marine Le Pen, rivale malheureuse d'Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle.

Mais ce statut de favori, LFI le doit avant tout au fait que les autres partis ont été laminés par la vague Macron. Le FN en particulier, principal rival de LFI sur le terrain de la contestation anti-establishment, est en pleine crise avec le départ tout récent de son numéro deux.

"Tout le monde est par terre donc La France insoumise est la seule debout", résume M. Raynaud.

Le pari de Mélenchon est cependant "un peu ambitieux", juge le politologue, qui ne croit pas que la manifestation "insoumise" dépassera celle du 12 septembre, quand 223.000 personnes avaient manifesté en France à l'appel de syndicats, selon la police. Jeudi, ils n'étaient plus que 132.000, selon les chiffres officiels.

En outre, le côté trublion de Jean-Luc Mélenchon a du mal à passer auprès de la population. Près de six Français sur dix (58%) ont une mauvaise opinion de lui, selon un sondage Odoxa publié jeudi.

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