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Ministère du travail: des syndicats demandent "l'arrêt immédiat" d'une procédure disciplinaire

Plusieurs syndicats du ministère du Travail ont demandé mercredi "l'arrêt immédiat" d'une procédure disciplinaire visant une représentante de SUD Travail, suspendue de ses fonctions pour "faute grave" pour s'être exprimée devant la presse mi-octobre dans le cadre d'une manifestation.

"On demande à la ministre du Travail de mettre fin à cette situation inacceptable, l'abandon immédiat de la procédure disciplinaire et de rétablir dans ses fonctions notre collègue", a déclaré Eric Beynel, porte-parole de Solidaires lors d'une conférence de presse commune des syndicats SNTEFP-CGT, Solidaires, SUD Travail et SNU TEFE (FSU).

Il a dénoncé "une chasse aux sorcières syndicale", évoquant d'autres cas d'agents, selon lui "menacés" et "sanctionnés" pour "s'être exprimés en tant que représentants syndicaux" notamment sur les ordonnances réformant le code du travail.

Les syndicats appellent également les agents du ministère "à la grève" et à un "rassemblement national" le 14 décembre devant les locaux de l'administration où la militante de SUD Travail, par ailleurs inspectrice du travail, est convoquée en conseil de discipline, a ajouté Astrid Toussaint de SUD Travail.

Les syndicats accusent la ministre Muriel Pénicaud de n'avoir "jamais répondu" aux demandes de rendez-vous et revendications de ses propres agents soucieux de parler de leurs "conditions de travail" dans un contexte de "réduction de 20% des effectifs" alors qu'environ seulement 2.500 inspecteurs du travail sont chargés de veiller au respect du code du travail pour 18 millions de salariés.

Cette procédure disciplinaire est "du jamais vu en 40 ans", a estimé Marie Corneloup (SNTEFP-CGT), Dominique Rols (SNU TEFE, FSU) dénonçant de son côté une volonté de "corseter l'action syndicale".

L'agente incriminée a été suspendue de ses fonctions à titre conservatoire pour "faute grave" jusqu'à la tenue de ce conseil de discipline, pour avoir notamment critiqué Mme Pénicaud devant la presse lors d'une manifestation en région parisienne le 12 octobre, à laquelle elle participait en tant que représentante syndicale.

Cette manifestation, organisée à l'appel d'un collectif opposé à la réforme du code du travail, s'était tenue au Bois de Boulogne en marge d'un congrès de directeurs de ressources humaines où la ministre avait annulé sa venue. Sept véhicules en stationnement avaient été dégradés, dont trois incendiés, et 41 personnes interpellées lors d'incidents en marge du rassemblement.

Le ministère reproche à l'agente d'avoir manqué à son devoir de réserve et de neutralité en s'étant "prévalue de (son) appartenance au corps de l'inspection du travail" devant la presse, selon un courrier administratif consulté par l'AFP.

Interrogé par l'AFP la semaine dernière, le ministère s'était défendu de toute "répression et certainement pas syndicale" à l'encontre de ses agents.

Son directeur des ressources humaines, Joël Blondel, avait dénoncé "la violence" des propos tenus par la militante SUD, "identifiée comme inspectrice du travail" dans la vidéo, ce qui "viole son devoir de neutralité et met gravement en cause son impartialité".

Dans cette vidéo diffusée sur le site web de l'Humanité ainsi que sur Youtube, l'agente en question est interviewée et identifiée comme "inspectrice du travail et militante à SUD".

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