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Musique, théâtre, cinéma: Kery James, rappeur engagé sur tous les fronts

S'il ne croit plus aux "politiciens", le rappeur Kery James clame son espoir d'un "réveil citoyen" au moment de reprendre le "combat" avec son nouvel album, qui sort ce vendredi, avant d'autres projets à venir: une pièce, une autobiographie, un film.

A quelques mois de l'élection présidentielle, l'artiste de 38 ans, adepte d'un rap puissant mais aussi "conscient", veut "recentrer le débat et rappeler de vrais problèmes, comme le cumul des mandats, la délinquance dans les plus hautes sphères, au gouvernement, l'impunité pénale dont ils peuvent jouir parfois", affirme-t-il dans un entretien a l'AFP.

Après plusieurs disques d'or, Kery James, de son vrai nom Alix Mathurin, cultive toujours plus une image de "sage" du rap francais.

Dans son nouvel album "Mouhammad Alix", il emprunte les basses profondes et les voix transformées du rap américain pour faire passer son message "engagé", poussant à la "responsabilisation des individus".

Dans "Racailles", le premier titre issu de l'album, il a commencé par retourner la phrase prononcée en 2005 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, qui avait promis aux habitants d'Argenteuil de les en "débarrasser".

"Comme toute la France d'en bas, je ne crois plus aux politiciens. Je continue le combat, je crois au réveil citoyen", lâche Kery James dans ce titre où toute la classe politique en prend pour son grade.

Il explique avoir voulu faire, "avant les élections", un album "à l'ancienne, avec des revendications", comme l'ont fait NTM et IAM en France, ou Public Enemy a la fin des années 1980 aux Etats-Unis.

Dans le titre de son album, "Mouhammad Alix", il accole le prénom du prophète de l'islam, religion à laquelle il s'est converti, à son prénom de naissance: une façon pour le natif de Guadeloupe de souligner les tourments de l'identité française "à une époque ou il est difficile d'être musulman en France, et encore plus musulman, noir, issu des banlieues et rappeur".

- Bientôt au théâtre et au cinéma -

"Pas calibrés pour la FM, on fait de la musique nègre", clame-t-il aussi sur le titre "Musique nègre", répondant autant aux radios qui ne passent pas sa musique qu'au candidat a la présidentielle Henry de Lesquen, qui annone sur son site internet vouloir la "bannir" des "médias publics".

Une chanson coup de poing où Key James s'est entouré d'autres figures du rap français, Lino et Youssoupha.

Avec sa "Lettre à la République" en 2012, le rappeur avait déjà suscité la colère des milieux d’extrême-droite en évoquant le passé colonial de la France.

Après une tournée qui passera par le Zénith de Paris (30 novembre), Kery James va décliner son message engagé sous d'autres formes que le rap, comme ont pu le faire d'autres comme Abd Al Malik.

En janvier 2017, il va monter sur la scène du Théâtre du Rond-Point pour la pièce "A vif", un concours d'éloquence qu'il a composé et qui devrait aussi devenir un film.

Deux avocats s'y affrontent autour d'une question essentielle pour le rappeur: "L'Etat est-il le seul responsable de la situation actuelle des banlieues en France?" Kery James y prêche le "non", et affirme vouloir combattre les attitudes "victimaires".

"Il y a un plafond de verre psychologique" pour les jeunes de banlieue, mais "celui qui en a la volonté peut aujourd'hui aller jusqu'au bout", affirme Kery James, qui peaufine aussi une autobiographie pour le printemps 2017.

Un message combatif et optimiste qu'il porte jusqu'en dehors de la scène: il a fondé une association de soutien scolaire, à qui il reverse une partie de ses cachets, et qui finance des bourses d’étude pour des jeunes en difficulté.

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