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Négociations médecins/Assurance maladie: plusieurs syndicats claquent la porte

"Un gâteau" de 750 millions d'euros mangé par les généralistes, au grand dam des spécialistes. Trois syndicats de médecins libéraux sur cinq ont quitté jeudi les négociations avec l'Assurance maladie, les deux tiers de l'enveloppe sur la table concernant l'augmentation de la consultation à 25 euros chez le généraliste.

A peine une heure après le début de la séance de jeudi, le principal syndicat de la profession, la CSMF, représentant à la fois généralistes et spécialistes, a claqué la porte.

Une mauvaise nouvelle pour la suite, la CSMF étant l'organisation la plus représentative et la plus à même, avec MG France (médecins généralistes), de signer un accord.

"Les propositions de l'Assurance maladie sont inacceptables. Il n'y a quasiment rien pour les spécialités libérales", a déploré son président, Jean-Paul Ortiz.

Il a été rejoint par le SML (généralistes et spécialistes) et a emboité le pas au Bloc (chirurgiens), qui ne s'est tout bonnement pas présenté au rendez-vous. Si des représentants de la FMF (généralistes et spécialistes) sont restés, son président, Jean-Paul Hamon, est parti lui aussi.

En revanche, MG France, principale organisation de médecins généralistes, a décidé de poursuivre les discussions. "On a besoin d'une convention", a plaidé son président, Claude Leicher. Ce texte, discuté depuis fin février, doit régir pour cinq ans les relations entre médecins et sécu et fixer leurs honoraires.

"On essayera jusqu'au bout de trouver un accord", a-t-il ajouté, en reconnaissant que "80% des mesures visent" sa profession et les médecins ne pratiquant pas de dépassements d'honoraires.

Mercredi, l'Assurance maladie a dévoilé une trame chiffrée à environ 750 millions d'euros pour l'ensemble des mesures proposées. "Un niveau d'engagement extrêmement important", a redit son directeur général, Nicolas Revel, à l'issue de la réunion.

Proche du "milliard", selon lui, si l'on tient compte du financement des mutuelles, mais encore loin des 1,2 à 5 milliards réclamés par les syndicats.

Sur ce total, quelque 450 millions doivent financer l'augmentation en deux temps de la consultation de base chez les généralistes à 25 euros, contre 23 actuellement, comme le demandaient tous les syndicats.

Problème, le calendrier proposé, qui prévoit une revalorisation d'un euro en avril 2017, puis une seconde un an plus tard, ne satisfait personne.

Or "le principe du phasage est absolument incontournable au regard de ce que coûte cette mesure", a affirmé M.Revel, précisant que la première augmentation interviendrait "dès l'entrée en vigueur de la convention".

"Cela veut dire qu'il n'y aura pas de convention", a rétorqué Claude Leicher. "25 euros, c'est maintenant".

Alors que cette consultation pourrait enfin s'aligner sur celle des spécialistes, réparant "l'inégalité" dénoncée depuis longtemps par MG France, les spécialistes se sentent lésés.

- "Un signal fort pour les spécialistes" -

"La CSMF n'acceptera pas d'accompagner la disparition de spécialités entières en médecine libérale", a ainsi prévenu Jean-Paul Ortiz, tiraillé en interne entre généralistes et spécialistes.

Pour ces derniers, des revalorisations sont prévues, notamment grâce à la création de consultations "complexes" à 46 euros, et "très complexes" à 60 euros, pour un total de 52 millions d'euros. Pas assez, selon Jean-Paul Ortiz. "La consultation à 60 euros, c'est seulement 10 consultations par an et par spécialiste", soulève-t-il.

"Il faut un signal fort pour les spécialistes", a abondé Eric Henry (SML).

Tous s'impatientent par ailleurs de l'absence d'engagement chiffré pour la mise en place d'un forfait destiné notamment à l'embauche de secrétaire.

Une question que M. Revel "ne peut pas trancher à ce stade", mais pour laquelle MG France a réclamé 500 millions d'euros à François Hollande, dans une lettre pour l'heure restée sans réponse.

Entendant les "souhaits de rééquilibrage" des spécialistes, M. Revel promet de faire de "nouvelles propositions" pour la prochaine réunion, le 13 juillet.

Mais il continue de rappeler que ses marges de manoeuvre sont très limitées, avec un plan de plus de 3 milliards d'euros d'économies à respecter rien qu'en 2016.

Les négociateurs ont jusqu'au 26 août pour trouver un accord, sans quoi un règlement arbitral sera confié à une personnalité indépendante.

Et il sera "très en deçà des propositions soumises à signature", a prévenu M.Revel.

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