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Pas de retour en prison pour deux frères jugés pour la mort de leur beau-père

Deux frères qui en 2009 avaient battu à mort leur beau-père en réponse à des violences sur leur mère ont été condamnés jeudi à cinq ans de prison dont trois avec sursis par la cour d'assises de l'Oise mais ils ne retourneront pas en prison.

Les deux années de la partie ferme de la peine sont en effet composées de l'année de détention provisoire effectuée par les deux frères pendant l'instruction et d'une année de port d'un bracelet électronique.

Le 30 juin 2009, Julien et Jérémy, alors âgés d'une vingtaine d'années, avaient, à la suite d'un appel des gendarmes les alertant sur des violences commises contre leur mère à Orgeval (Yvelines), emmené leur beau-père dans un utilitaire jusque dans l'Oise. En rase campagne, ils l'avaient roué de coups avant de prendre la fuite.

La cour n'a pas suivi l'avocat général qui avait requis en début de soirée six ans de prison ferme. Les deux frères, poursuivis pour "coups suivis de mort sans intention de la donner", encouraient 20 ans de réclusion criminelle.

"Ils s'attendaient, ou craignaient de retourner en prison, ils ont été extrêmement heureux du verdict et très conscients de la nouvelle chance qui leur est donnée", a souligné auprès de l'AFP l'avocat de Jérémy Tissier, Me Patrick Klugman.

Selon ce dernier, "les gendarmes, qui ont généré la situation infractionnelle au lieu de la faire cesser, ont pesé davantage par leur absence que leur présence dans la mesure où il est apparu inique à tout le monde de laisser deux gamins assumer seuls cette histoire qui les dépassait complètement".

Le procès, qui a lieu depuis mardi à Beauvais, a en effet été l'occasion de revenir sur le moment lors duquel les deux frères disent avoir été conseillés par les deux gendarmes qui ont extrait leur mère de son domicile, d'"infliger une correction" au beau-père, en le tapant au ventre pour ne pas laisser de traces.

Ces gendarmes, que l'instruction avait initialement mis en examen pour "complicité de séquestration", n'avaient finalement pas été renvoyés devant les assises.

Mercredi à la barre des témoins, ils ont catégoriquement nié avoir prodigué de telles recommandations. Mais les avocats de la défense les ont poussés à reconnaître leur erreur d'avoir laissé les frères se charger de l'évacuation du beau-père du domicile de la mère, sans le placer en garde à vue.

La famille de la victime, constituée partie civile, "est anéantie par le verdict qu'elle estime pas du tout en rapport avec la mort d'un homme", a rapporté son avocat, Me Maxime Cessieux.

"Ils avaient choisi, eux, de s'en remettre à la justice et tuer un homme, quelles que soient les circonstances, on ne peut pas considérer que ça mérite un an de prison (la détention provisoire d'un an déjà effectuée, ndlr)", a ajouté Me Cessieux.

Au cours du procès, des témoins ont raconté comment le plus jeune des deux frères, Julien, s'était retrouvé dès l'âge de 12 ans seul chez sa mère, alcoolique chronique et encline à se trouver des compagnons violents.

Julien lui-même a reconnu que le soir des faits, il était excédé de devoir s'occuper une fois encore des problèmes de sa mère, alors qu'il avait tourné la page en s'installant avec sa compagne.

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