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Pénurie de carburant en France: c'est la ruée vers les pompes dans plusieurs villes du Nord

De longues files d'attente devant les stations encore ouvertes, parfois jusqu'à la route: les automobilistes traquaient les carburants samedi dans la plupart des villes du Nord et de l'ouest de la France, alors que plusieurs départements ont pris des arrêtés limitant la distribution. Ces arrêtés sont destinés à éviter la pénurie, en raison du blocage de raffineries par des opposants à la loi travail.

La levée des blocages vendredi de plusieurs importants dépôts de carburants et les arrêtés permettant aux camions-citerne de circuler le week-end ont toutefois permis de réalimenter certaines stations dès samedi matin. Selon la préfecture de Seine-Maritime, on notait ainsi une nette amélioration de l'approvisionnement, avec quelque 200 camions attendus au dépôt de Grand-Quevilly. Mais de nombreuses stations restaient à sec, comme dans la Manche où la préfecture faisait état de 38 stations en rupture totale.

L'Union française des industries pétrolières (Ufip) estimait entre "15% à 20% le nombre de stations en rupture totale ou partielle dans le Grand Ouest" tandis que Total en avait recensé 317 dans son réseau à la mi-journée, dont 54% de ses stations en Bretagne, 46% en Normandie, 43% en Pays-de-la-Loire, 34% en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

Celles qui étaient encore approvisionnées ont littéralement été prises d'assaut dès les premières heures de la matinée samedi avec des files d'attente impressionnantes. A Saint-Brieuc comme à Brest, Rennes ou Nantes, il fallait parfois plus d'une demi-heure, voire une heure, pour accéder aux pompes.

Cette ruée vers les pompes pour des achats, souvent de précaution, n'a pas été freinée, au contraire, par les mesures de rationnement prises vendredi dans plusieurs départements et encore en vigueur samedi. En Ille-et-Vilaine, Côtes-d'Armor, Finistère, Orne, Loire-Atlantique, Vendée, Mayenne, Eure et Cher, le volume maximal d'essence est ainsi limité à 20 ou 30 litres pour les véhicules, et à 40 ou 150 litres pour les poids lourds.


Raffineries à l'arrêt

Dans le grand ouest (Bretagne, Normandie, Pays-de-la Loire, Centre), les autorités comptent sur une reprise du fonctionnement normal des dépôts de carburant, soulignant que seuls deux d'entre eux sur 9 au total restent bloqués.

Les forces de l'ordre étaient intervenues vendredi pour lever les barrages sur trois importants lieux de stockage à Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine), au port de Lorient (Morbihan) et au terminal Rubis du Grand-Quevilly. Samedi, les accès à la 3e raffinerie de France, celle d'Exxon Mobil à Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime) ont également été libérés par les syndicalistes CGT et FO qui les bloquaient.

Plusieurs dépôts restaient toutefois perturbés samedi, notamment dans le Nord où quatre centres de stockage du Dunkerquois et du Valenciennois ont de nouveau été bloqués, après l'évacuation de trois d'entre eux la veille, ou à Cournon d'Auvergne (Puy-de-Dôme). Et les salariés de la raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique), qui ont voté à 55% vendredi l'arrêt complet des installations, ont bloqué le dépôt attenant.

La grève dans les raffineries représente d'ailleurs le principal risque de pénurie pour les jours à venir, sachant qu'il faut environ 3 jours pour arrêter les installations et au moins autant pour les relancer. Or, comme à Donges, les salariés de Gonfreville-l'Orcher, près du Havre, et de Feyzin, près de Lyon, ont voté vendredi l'arrêt des installations. La raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne) tourne, elle, au ralenti.

Alors que les quatre autres raffineries françaises continuent à fonctionner normalement, le n°1 de la CGT, Philippe Martinez, a laissé planer samedi la menace d'un durcissement dans ce secteur: "il y aura une réaction à la hauteur de ce que le gouvernement fait", a-t-il dit lors d'un déplacement dans le Nord.

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