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Blocages en cascade, pénurie de carburants, perturbations sur les routes, les ports et les centrales nucléaires, nouveaux défilés: la contestation au projet de loi travail (en particulier d’un point concernant la flexibilité du travail proche du projet de loi du ministre Kris Peeters chez nous) a pris ce jeudi une nouvelle ampleur. 60% des Français soutiennent les grévistes alors que Manuel Valls a redit qu’il ne ferait pas machine arrière. A deux semaines de l’Euro de football en France, il va pourtant devoir trouver une solution.
La mobilisation entamée il y a deux mois et demi est montée d'un cran. La France est entrée ce jeudi dans son 8ème jour d'action nationale à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU-Unef-Fidl-UNL. Barrages filtrants à Caen, blocage d'un dépôt de bus à Rennes, la raffinerie Total de Donges à l'arrêt complet, l'usine de sous-marins nucléaires du groupe DCNS à Cherbourg totalement bloquée, blocage des dépôts de carburants d'Ajaccio et de Bastia, etc. Les blocages étaient de plus en plus nombreux, et d’autres secteurs d’activités sont désormais touchés.
Attention si vous devez prendre l'avion en France ou vers la France
En premier lieu, les aéroports. Avec le blocage de la zone aéroportuaire de Nantes, c’est un mouvement de blocage des aéroports régionaux qui a commencé. Additionné à la grève des contrôleurs aériens (appelés aiguilleurs du ciel) qui touche le pays, de nombreux vols au départ ou à destination des aéroports belges ont donc été annulés, parmi lesquels des vols à destination de Nice et de Lyon. Si ce sont surtout les aéroports hors de Paris qui sont touchés, Orly l’est aussi. Mais dans les aéroports parisiens, les compagnies avaient anticipé les conséquences de la grève, notamment, en annulant 15% des vols dans cet aéroport. A Roissy-Charles de Gaulle en revanche, tout fonctionne. Le rail n’était pas perturbé, les seuls voyageurs belges à ne pas devoir se tracasser sont ceux rejoignant cet aéroport international par Thalys ou TGV et devant prendre un vol vers l’étranger. Les autres, si vous partez pour la France, consultez les sites internet des aéroports et des compagnies aériennes pour savoir si votre vol n’est pas annulé.
Pas (encore) de pénurie d'électricité
On trouve ensuite les centrales nucléaires. Les salariés du nucléaire ont rejoint le mouvement ce jeudi avec une grève votée dans les 19 centrales de France. Si l’approvisionnement électrique n'était pour l'heure pas compromis, selon RTE, gestionnaire du réseau national à haute tension, il pourrait en être autrement dans les prochains jours. Ce matin, on enregistrait déjà 5000 MW de baisse de charge, soit l’équivalent de 5 à 6 réacteurs fermés.
Un seul journal parait: celui qui donne une tribune au secrétaire général de la CGT
Enfin, aucun quotidien à part celui d’extrême-gauche "L’Humanité" n’est paru ce matin. La CGT du Livre a empêché leur parution après qu’ils aient tous refusé de publier une tribune de Philippe Martinez, le tout puissant patron de la CGT, plus puissant syndicat du pays. Une exigence "scandaleuse" selon les patrons de presse.
Un peu plus de carburant disponible
Il faut signaler que du côté de la pénurie de carburant, elle se résorbait doucement ce jeudi. En effet, le déblocage des dépôts par la police a permis la livraison de 950 stations-services ce matin et la situation devait revenir progressivement à la normale. Mais plus de 3.000 stations étaient toujours en pénurie dans le nord et l’ouest de la France ce jeudi, et avec 6 raffineries sur 8 à l'arrêt ou au ralenti, rien n’est encore totalement résolu.
6 Français sur 10 soutiennent les actions
Tous ces blocages, "ça permet de paralyser l’économie parce qu’aujourd’hui il n’y a que ça qu’ils entendent. Les manifestations n’ont pas suffi, les sondages n’ont pas suffi, donc malheureusement on en est là", a expliqué Mathieu Pinault, syndicaliste à la CGT, dans le RTLINFO 13H. En effet, selon un sondage Ifop pour RTL publié aujourd’hui, six Français sur dix estiment le mouvement contre la loi travail "justifié". Et la base des manifestants est plus que jamais là, avec au moins 3.500 personnes qui ont défilé à Rennes, et plus d'un millier à Marseille et Montpellier.
"Ce n'est pas la CGT qui peut bloquer le pays"
Du côté du Premier ministre Manuel Valls, on ne veut pourtant rien entendre. Il poursuit son bras de fer avec la CGT. "Je suis respectueux de la CGT, dont je connais l’histoire, sa participation pleine et entière à l’histoire de notre pays, à la résistance, sa volonté de donner des droits aux salariés. Mais ça n’est pas la CGT qui peut bloquer le pays, ce n’est pas la CGT qui peut bloquer un texte de loi", a-t-il déclaré à la télévision française. Et pourtant, la CGT est en train de le faire, n’en déplaise au chef du gouvernement français soutenu par son président François Hollande.
Le gouvernement et la gauche divisés
Il faut dire qu’une telle contestation sociale est inédite sous un gouvernement socialiste ! Résultat, depuis mardi, des discours contradictoires dans la majorité et le gouvernement sèment la confusion, exacerbées jeudi après que le Premier ministre Manuel Valls a recadré du tac au tac son ministre des Finances Michel Sapin, réaffirmant qu'il "ne toucherait pas" à l'article 2 du projet de loi El Khomri, le plus contesté. Cet article donne la primauté aux accords d'entreprises dans l'aménagement du temps de travail, une ligne rouge pour les syndicats qui jugent le texte destructeur pour les droits des salariés.
Une solution est obligatoire avant l'Euro
A un peu plus de deux semaines de l'Euro de foot et pour éviter la paralysie du pays, certains au gouvernement cherchent une issue face à la combativité de la CGT et de son secrétaire général Philippe Martinez. Mais celui qui a les cartes en main n’a pas décidé de plier. On devrait voir rapidement qui gagnera le bras de fer, personne n’osant imaginer qu’une telle pagaille subsiste encore à l’entame de l’Euro, avec tous ces touristes et personnalités étrangères, ce qui donnerait une image déplorable de la France à travers le monde.
