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Policiers: le gouvernement débloque une enveloppe de 250 millions

Le gouvernement a annoncé le déblocage d'une enveloppe de 250 millions d'euros et des mesures répondant à la plupart des revendications des policiers, espérant calmer le mouvement de grogne entamé il y a 10 jours et qui a conduit mercredi à de nouvelles manifestations.

Ce "effort supplémentaire" sera fait "dans le dialogue et l'exacte conscience de l'urgence", a affirmé Bernard Cazeneuve à l'issue d'une réunion entre François Hollande et les syndicats de police à l'Elysée.

Il s'agit selon lui d'un "plan qui se donne les moyens de ses ambitions puisqu'il représente une enveloppe globale de 250 millions", dont une partie figure déjà dans le budget 2017.

Elle comprend la livraison de nouveaux matériels, notamment de 21.700 gilets pare-balles capables d'arrêter les balles de Kalachnikov, de 8.000 casques, de 4.700 boucliers balistiques ou 440 fusils G36, dont ont déjà été dotés les unités dites "primo-intervenantes" en cas d'attentat.

Une partie de l'enveloppe est prévue pour le renouvellement du parc automobile (3.080 nouveaux véhicules en 2017) ou la réfection des commissariats et casernes de gendarmerie.

L'Intérieur et la Justice vont également faire d'ici la fin novembre des propositions au Parlement sur "les conditions d'évolution de la légitime défense", dont les policiers réclament l'assouplissement des règles. Mercredi matin, le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas avait dit ne pas y être favorable.

Le gouvernement a aussi entendu la revendication d'un alignement des sanctions pour "outrages" à l'encontre des forces de l'ordre avec celles des magistrats, qui passera donc de six mois à un an d'emprisonnement.

Les mesures pour protéger l'anonymat des policiers vont être renforcées, "dans le cadre des procédures qui le justifient" mais aussi pour "certaines interventions", lors desquelles les policiers pourront revêtir une cagoule. Le gouvernement promet enfin de "débarrasser" les policiers des "tâches indues" comme les gardes statiques devant les bâtiments.

Mais sur la question de la réponse pénale le gouvernement n'a rien annoncé. Dans les cortèges, de nombreux policiers dénoncent un "laxisme de la justice" à l'encontre des délinquants. Les syndicats demandaient notamment la "mise en place de peines plancher pour les agresseurs de membres des forces de l'ordre et services de secours", disposition abrogée sous François Hollande.

- Mobilisation dans tout la France -

Les annonces de Bernard Cazeneuve ont toutefois satisfait les syndicats, qui ont salué des mesures "très importantes".

"Nous attendons bien évidement que, très rapidement, elles soient mises en œuvre", a réagi Jean-Claude Delage, secrétaire général d'Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix, saluant "une avancée importante".

Toutefois, certains n'ont pas été convaincus par ces annonces: une centaine de policiers ont sillonné les artères du Mans. A Marseille, un cortège de voitures, sirènes hurlantes, a parcouru le centre ville, de la mairie à la place Castellane et à Lyon, une centaine d'autres ont manifesté vers 22H30, rapidement rejoints par une trentaine de pompiers, venus exprimer leur soutien, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Débordés par la base, les organisations représentatives ont échoué jusque-là à reprendre la main sur le mouvement. Mais mercredi, de nombreux policiers ont répondu à l'appel à manifester lancé par Unité-SGP police FO (deuxième syndicat de gardiens de la paix).

En régions, 500 à 600 personnes ont défilé à Nancy, 400 à Strasbourg, 350 personnes à Nantes et Nice, 300 à 400 à Marseille et dans de nombreuses villes de France.

A Paris, quelques centaines de manifestants - un millier, selon SGP-FO - ont défilé jusqu'à l'hôpital Saint-Louis, où un de leurs collègues grièvement brûlé par un cocktail Molotov à Viry-Châtillon (Essonne) le 8 octobre est soigné.

Hors de tout cadre syndical, plusieurs centaines de policiers se sont de leur côté rassemblés devant l'Assemblée nationale. Plusieurs responsables politiques Les Républicains ou FN comme les députés Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard sont venus manifester leur "soutien", dont se sont défiés une partie des manifestants.

Depuis le 17 octobre, le mouvement, animé par des collectifs sur les réseaux sociaux ou par SMS, s'est surtout manifesté lors de rassemblements nocturnes quasi quotidiens.

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