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Pour comprendre les grèves en France contre la loi Travail

La réforme du droit du travail divise depuis trois mois classe politique et opinion publique françaises, mobilisant une partie des syndicats au point de menacer aujourd'hui le pays de paralysie.

- Ce que prévoit la réforme -

Présenté le 17 février, ce projet porté par la ministre du Travail Myriam El Khomri vise à introduire une plus grande souplesse dans le marché du travail dans un pays qui compte 10% de chômeurs.

Il a été adouci par le gouvernement de Manuel Valls pour tenter de se concilier l'aile gauche du PS et satisfaire des syndicats inquiets de voir s'effilocher les droits de salariés.

Son article 2 qui cristallise la colère des syndicats donne la primauté aux accords internes aux entreprises sur ceux passés à l'échelon des branches d'activité, en matière d'aménagement du temps de travail.

La durée légale du travail reste fixée à 35 heures, mais les accords d'entreprise pour aménager le temps de travail primeront désormais. Les heures supplémentaires continueront d'être mieux payées mais la majoration pourra n'être que de 10% au lieu de 25% en cas d'accord interne à l'entreprise.

Le projet permettra aux entreprises d'ajuster leur organisation, notamment en matière de rémunération et durée du travail, pour "préserver ou développer l'emploi".

Les syndicats opposés à la réforme craignent que le texte ne conduise à instaurer "un code du travail par entreprise" et aboutisse à une forme de dumping social.

Le texte clarifie aussi les critères pour qu'une entreprise puisse procéder à des licenciements économiques. Il pourra y avoir licenciement économique en cas de "baisse significative des commandes ou du chiffre d’affaires".

- Affrontement de deux stratégies -

- Fermeté du Premier ministre.

"La loi sur le travail portée par Myriam El Khomri ira jusqu'au bout, personne ne peut en douter". Depuis le début du conflit, le Premier ministre de François Hollande, Manuel Valls, joue la carte de la fermeté.

Jeudi il est allé jusqu'à recadrer son ministre des Finances Michel Sapin qui avait évoqué une modification de la partie la plus polémique du texte, l'article 2.

Le 10 mai, il n'a pas hésité à utiliser l'article 49-3 de la Constitution qui permet de faire adopter sans vote le texte à l'Assemblée pour éviter le risque d'un rejet ou d'une modification en profondeur du projet, face à la fronde d'une partie des députés socialistes. Le projet doit maintenant être examiné par la seconde chambre, le Sénat, à la mi-juin, puis revenir devant les députés.

- Radicalisation pour les leaders syndicaux.

Philippe Martinez, leader du premier syndicat français, la CGT, joue lui la carte de l'extension et du durcissement du conflit, appelant à une "généralisation de la grève".

C'est la CGT qui a lancé le 20 mai un appel au blocage des dépôts de carburants et raffineries pétrolières, "étape supplémentaire" en vue d'obtenir le retrait de la loi travail.

Le dirigeant de FO, troisième force syndicale, Jean-Claude Mailly est lui aussi engagé dans une partie de bras de fer avec le gouvernement contre un "projet rétrograde".

Un autre syndicat, la CFDT, qui talonne la CGT en influence, soutient le texte.

- Les grandes dates de la contestation -

9 mars : première journée de mobilisation avec plus de 220.000 manifestants à Paris et en province (chiffre du ministère de l'Intérieur).

31 mars: entre 390.000 personnes (autorités) et 1,2 million (syndicats) manifestent dans toute la France.

A Paris, une cinquantaine de manifestants engagent dans la nuit l'opération "Nuit Debout", occupation symbolique de la place de la République.

28 avril: violents affrontements en marge des défilés.

19 mai: blocages, manifestations et grèves dans les transports routier, ferroviaire et aérien.

25 mai: plusieurs raffineries sont bloquées. Le gouvernement envoie les forces de l'ordre débloquer le dépôt de carburants de Douchy-les-Mines (nord), après avoir fait de même mardi à Fos-sur-Mer (sud).

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