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Macron cherche à renouer la confiance avec les militaires après avoir changé leur chef

Le président français Emmanuel Macron est arrivé jeudi sur une base aérienne du sud de la France pour chercher à renouer la confiance avec les militaires au lendemain de l'éviction de leur chef pour cause de désaccord budgétaire.

Signe de sa volonté de soigner les armées, ulcérées par les coupes budgétaires annoncées pour cette année, le chef de l'État a renoncé à un autre engagement, anticipant une éventuelle prolongation de son déplacement sur la base aérienne d'Istres.

Sur cette base qui constitue l'un des maillons clefs de la dissuasion nucléaire française, M. Macron est accompagné du nouveau chef d'état-major des Armées, le général François Lecointre, nommé mercredi dans la foulée de la démission du général Pierre de Villiers.

Le moment fort de cette visite présidentielle sera son allocution devant le personnel de la base.

Il "réitèrera son soutien aux armées, rappellera qu'il a beaucoup d'ambitions pour elles dans un contexte international difficile tout comme ses engagements de campagne sur l'augmentation du budget de la défense", explique son entourage.

Le chef de l'État s'est engagé à porter à 2% du PIB l'effort de défense d'ici à 2025 mais, en attendant, 850 millions d'euros d'économies ont été réclamés aux armées cette année, dans un contexte de restrictions budgétaires générales.

"Cet effort obère-t-il la capacité des forces armées à mener l'opération Sentinelle (opération de protection mobilisant 7.000 hommes depuis les attentats de janvier 2015) sur le territoire national ? Absolument pas, il n'y aura pas un soldat en moins d'ici au 31 décembre 2017", assure son entourage.

"Rien ne changera non plus pour les opérations extérieures", poursuit-on, évoquant un impact "sur les crédits d'équipement à long terme".

En désaccord avec M. Macron sur les ressources allouées à la Défense, le général de Villiers a quitté son poste mercredi, une démission inédite, reflet de la première crise d'ampleur du quinquennat.

L'officier, 60 ans, a expliqué "ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel (il) croit" pour défendre la France.

"Ce n'est pas le rôle du chef d'état-major" de défendre le budget des armées "mais celui de la ministre" chargée de ce secteur, a asséné mercredi Emmanuel Macron.

- Haie d'honneur -

Le général François Lecointre, 55 ans et issu comme son prédécesseur de l'armée de Terre, était jusqu'à présent chef du cabinet militaire du Premier ministre.

La démission de Pierre de Villiers est venue clore plusieurs jours de crise entre le président et le haut gradé. Tout avait débuté par des propos tenus par le général lors d'une audition à huis clos devant des députés. Vent debout contre les coupes financières imposées à la Défense, le chef d'état-major, rugueux et apprécié de ses hommes, avait assuré qu'il n'allait pas se "laisser baiser" par le ministère du Budget et que la situation n'était "pas tenable".

La veille du défilé militaire organisé chaque année pour la célébration de la fête nationale française le 14 juillet, le président avait séchement recadré le militaire devant des soldats interloqués.

"Je suis votre chef", a-t-il lancé en reprochant au général de Villiers d'avoir mis de façon "indigne" une polémique budgétaire "sur la place publique". Dimanche, le chef de l'Etat avait enfoncé le clou: "Si quelque chose oppose le chef d'état-major des Armées au président de la République, le chef d'état-major des Armées change".

Dès son entrée en fonctions en mai, Emmanuel Macron "avait réussi à s'attirer la sympathie des militaires. Là, il y a probablement un accroc qui va être un peu difficile à remonter", estime le général à la retraite Dominique Trinquand, ex-conseil de M. Macron.

Dans un tweet intitulé "Merci" et partagé plus de 6.400 fois jeudi, l'état-major des Armées a diffusé le lien d'une vidéo d'une minute sur laquelle on voit le général de Villiers quitter le ministère de la Défense sous les applaudissements de dizaines de militaires lui faisant une haie d'honneur.

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