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Présidentielle française: Macron "souhaite devenir le président du peuple de France face à la menace nationaliste"

Applaudis par des milliers de supporters acquis à sa cause, le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron s'est exprimé après s'être qualifié pour le second tour du scrutin, dimanche vers 22h00.

Sous les cris de la foule "Macron président, Macron président", le créateur du groupe politique En Marche! a pris de longues secondes avant de commencer son discours. "Aujourd'hui le peuple de France s'est exprimé", a-t-il débuté. "Alors que notre pays traverse un moment inédit de son histoire, il y a répondu de la plus belle manière en allant voter massivement. Il a décidé de me porter en tête du premier tour de ce scrutin", a-t-il indiqué.

"Je veux ici saluer les autres candidats présents au premier tour", a ensuite déclaré Macron, oubliant soigneusement de citer son adversaire au second tour, Marine Le Pen. "Merci à vous de les avoir applaudis. Cela nous ressemble", a-t-il ajouté avant de préciser: "Je remercie Benoît Hamon et François Fillon d'avoir appelé à voter en mon nom au second tour".

Revenant sur son parcours depuis qu'il a décidé de quitter le gouvernement et de créer son mouvement En Marche !, Emmanuel Macron a estimé que "en une année, nous avons changé le visage de la vie politique française. Le sentiment profond qui a toujours porté notre peuple, l'engagement pour la patrie, l'ont emporté ce soir".

Après les remerciements de rigueur à ses supporters, ses proches, sa famille et sa femme Brigitte, Emmanuel Macron a conclu sous les encouragement "On va gagner, on va gagner" de la foule présente lors de son meeting. "Je souhaite, dans 15 jours, devenir votre Président, et le Président de tout le peuple de France face à la menace des nationalistes".


Macron à deux semaines du pari gagnant

Un peu plus d'un an seulement après avoir lancé son parti, Emmanuel Macron est proche de réussir un audacieux pari, à condition de ne pas manquer l'ultime manoeuvre de rassemblement face à Marine Le Pen pour s'ouvrir les portes de l'Elysée.

Il y est presque: qualifié pour le second tour de la présidentielle dans le costume du favori après être arrivé en tête du premier tour dimanche, Emmanuel Macron, âgé de 39 ans, est virtuellement à deux semaines de succéder à François Hollande.

Le président-fondateur d'En Marche! - son mouvement lancé le 6 avril 2016 - va désormais oeuvrer au "rassemblement" avec dans le viseur la barre des 50% des voix dimanche prochain.

"Les Français ont exprimé leur désir de renouvellement. Notre logique est désormais celle du rassemblement que nous poursuivrons jusqu'aux élections législatives", a-t-il déclaré à l'AFP avant de prendre la parole plus tard dans la soirée pour appeler à "réconcilier notre France".

Dans cette perspective, l'ancien ministre de l'Economie va dédier les 48 prochaines heures "à des échanges politiques", dixit son entourage.

Pas de meeting donc mais des négociations avec une partie de la droite et la gauche pour s'assurer les conditions de soutien et préparer sans doute un gouvernement d'ouverture.

"Je veux dès à présent construire une majorité de gouvernement et de transformation nouvelle", a affirmé M. Macron dimanche soir. "Elle sera faite de nouveaux visages, de nouveaux talents. Chacune et chacun peut y avoir sa place. Je ne demanderai pas à ceux qui me rejoignent d'où ils viennent mais s'ils sont d'accord" avec le projet, a-t-il ajouté.

Dans les messages délivrés ces deux prochaines semaines, M. Macron devait se tourner "vers une stratégie projet contre projet en parlant de l'Europe par exemple", souligne un conseiller.

"L'idée c'est de ne pas stigmatiser un potentiel de 40% des électeurs (FN, ndlr) sinon la réconciliation sera difficile après le second tour", relève-t-il.

Dimanche soir, M. Macron s'est ainsi affiché comme un "président qui protège, transforme, construit. (...) Un président qui aide ceux qui ont moins", mais aussi comme le "président des patriotes face à la menace des nationalistes".


Législatives en tête

Si un meeting "symbolique" à Amiens, ville natale du candidat, devrait se glisser au programme, selon son entourage, aucune autre réunion publique n'était encore calée dimanche soir. Seulement une "courte sortie" liée à la commémoration du génocide arménien lundi était envisagée.

Mais la semaine devrait surtout être marquée par une "vague d'investitures" aux législatives, selon un haut cadre du parti. Pour l'heure, seulement 14 candidats ont été intronisés, mais En Marche! "va dérouler maintenant", ajoute cette même source.

La commission d'investiture présidée par Jean-Paul Delevoye va d'ailleurs intensifier ses séances de travail dans les prochains jours, a-t-on appris de sources concordantes.

Cela devrait donc permettre de préciser davantage les contours de ce qui pourrait être la majorité présidentielle dans un peu moins de deux mois, à l'issue des législatives. Un scrutin crucial pour sa survie car conditionnant aux résultats le montant de subventions publiques.

Dévoiler de nouveaux profils de députés donnera aussi des gages supplémentaires de solidité d'En Marche!, dont la croissance exponentielle en très peu de temps l'apparente à une start-up florissante, avec 80 salariés et environ 150 bénévoles qui défilent dans ses vastes bureaux du XVe arrondissement de Paris.

Une belle réussite entrepreneuriale, pourrait se vanter l'ancien banquier d'affaires, qui, pour parvenir au seuil de l'Elysée, a bénéficié d'un cocktail détonant: des intuitions gagnantes, comme l'admettent supporters et détracteurs, mais aussi une drôle de conjonction des astres. D'une part, un président sortant contraint de jeter l'éponge, de l'autre des primaires à droite et à gauche lui dégageant un boulevard au centre et enfin, une affaire Fillon qui a tout dynamité.

"Dans la nuit du 5 au 6 avril (2016), avant de lancer En Marche!, on discutait avec Emmanuel", se souvient Richard Ferrand, secrétaire général du parti et soutien de la première heure.

"Je lui ai dit: +où ça nous mènera tout ça?+ Il m'a répondu: +on verra, si ça répond à un besoin...+", poursuit-il. Plus d'un an plus tard, après avoir "pris (s)on risque" comme il aime à le souligner, la réponse est là.

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