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Présidentielle: les noms des "parrains" dévoilés pour la 1ère fois

Le Conseil constitutionnel dévoile mercredi la liste des premiers élus à avoir parrainé un candidat à la présidentielle, un maillon du nouveau dispositif visant à rendre plus transparente la vie publique, sur fond de campagne minée par les affaires.

Depuis le 24 février et jusqu'au 17 mars, les prétendants à l'Elysée sont officiellement lancés dans la course aux parrainages. Objectif: recueillir les 500 précieuses signatures indispensables pour valider leur candidature.

Pour les uns, les principales têtes d'affiche qui peuvent compter sur de puissants réseaux de soutien, l'exercice est presque de pure forme. Pour d'autres, parfois inconnus du grand public, contraints d'aller frapper à la porte de petits élus ruraux pour les convaincre d'ajouter leur nom à la liste, l'opération est beaucoup plus hasardeuse.

Pour la première fois cette année, en vertu d'une loi d'avril 2016, les noms de tous ces "parrains" seront connus: après cette première liste, ils seront publiés en continu sur le site du Conseil, les mardi et vendredi, durant trois semaines.

- 'Un acte important' -

"L'idée qui a inspiré cette loi est que parrainer un candidat est un acte important, qui doit faire l'objet de transparence", expliquait le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, dans une interview mercredi au Parisien.

Jusqu'à présent, les noms de ces élus - maires, députés, sénateurs, conseillers départementaux ou régionaux... - étaient tenus secrets, à l'exception de 500 d'entre eux qui étaient tirés au sort après l'établissement de la liste définitive des candidats.

En 2012, 15.047 signatures étaient parvenues au Conseil constitutionnel, soit environ 36% du nombre d'élus habilités à parrainer.

La même loi prévoit qu'il est désormais interdit de déposer physiquement un parrainage au Conseil constitutionnel, les élus devant envoyer leur formulaire par voie postale uniquement.

Certains "petits candidats" en difficulté s'estiment pénalisés par la transparence imposée sur les signatures, notamment le fait que le nom des élus soit publié.

Six d'entre eux ont ainsi dénoncé ce qu'ils appellent le "verrou anti-démocratique des grands partis", craignant en particulier "la pression" exercée sur les maires, qui, disent-ils, hésitent à se dévoiler de peur de retombées négatives.

"La plupart des candidats qu'on voit à la télévision ont déjà mille, deux mille signatures. Est-ce qu'il est normal qu'ils continuent à engranger des signatures et à faire pression sur les élus pour qu'ils ne donnent pas leurs signatures à des nouvelles têtes et des nouveaux projets?", a fustigé le candidat Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne).

- Des élus 'distants' -

"En 28 ans de mandat, je n'ai jamais vu des réticences de cette ampleur" ni autant de "désapprobation de la vie politique" venant des élus ruraux, confie Vanik Berberian, président de l'Association des maires ruraux de France et maire de Gargilesse-Dampierre (Indre).

"Aux précédentes élections, on pouvait dire que les maires ruraux étaient plutôt fiers de participer à cette construction démocratique. Maintenant, c'est l'inverse: ils se recroquevillent et prennent de la distance par rapport à ce jeu", regrette-t-il.

Dans cette campagne parasitée par les affaires visant le candidat de la droite François Fillon et la présidente du Front national Marine Le Pen, tous les prétendants à l'Elysée devront en outre publier leur déclaration de patrimoine.

Celle-ci sera affichée sur le site de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique au plus tard le 9 avril, soit 15 jours avant le premier tour. Auparavant, seule la déclaration du vainqueur était publiée à l'issue de l'élection.

Depuis lundi, la Haute Autorité a ainsi mis en ligne des formulaires, accompagnés d'un guide pratique expliquant aux candidats comment déclarer biens immobiliers, mobiliers, véhicules à moteur, fonds de commerce, biens à l'étranger et autres assurances vie...

Deux prétendants à l'Elysée ont toutefois devancé ce calendrier en rendant public leur patrimoine: le socialiste Benoît Hamon ainsi que François Fillon, affaibli par le scandale d'emplois présumés fictifs attribués à sa famille, pour tenter de plaider sa cause.

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