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Primaire à gauche: les parcours enchevêtrés de Montebourg et Hamon

Arriveront-ils à s'entendre? Les trajectoires d'Arnaud Montebourg et Benoît Hamon s'enchevêtrent depuis 20 ans, entre mains dans le dos et coups d'épaules, et les voilà opposés au premier tour de la primaire de la gauche tout en réfléchissant à une hypothétique alliance au second.

Il y a deux ans encore, ils s'affichaient côte à côte à la Fête de la Rose de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire). Dans son fief, Arnaud Montebourg, alors ministre de l'Economie, entraînait hors du gouvernement Benoît Hamon, son homologue à l'Education, par une série de déclarations tapageuses contre la politique de François Hollande.

Depuis, chacun a tracé sa voie pour incarner à sa façon l'aile gauche du PS, animé par "le rejet de la politique libéralo-autoritaire du gouvernement Valls", dixit Mathieu Hanotin, le directeur de campagne de Benoît Hamon pour la primaire des 22-29 janvier.

Ce "point de convergence" essentiel entre les deux hommes est le dernier avatar d'une longue histoire commune, essentiellement parallèle mais qui s'est parfois confondue.

En 2003 par exemple, lors de la création du "Nouveau parti socialiste" avec Vincent Peillon notamment, et deux ans durant au sein de ce courant jusqu'au départ de M. Montebourg. Ou en 2008, au sein du PS dirigé par Martine Aubry qui les fait cohabiter à Solférino.

Mais ces deux ambitieux ont la plupart du temps préféré marquer leurs différences. A la primaire socialiste de 2011, Arnaud Montebourg s'était rallié à François Hollande au second tour quand Benoît Hamon restait fidèle à Martine Aubry, qui l'avait fait entrer dans son cabinet ministériel en 1997.

Et s'ils ont été pressés de s'unir par les "frondeurs" du PS, les deux hommes, qui voient aussi au-delà de l'échéance présidentielle, ont privilégié la carte personnelle, au risque de brouiller le message auprès des militants.

"Chacun est légitime", estime Arnaud Montebourg. "D'ailleurs, c'est un enrichissement. Benoît Hamon ne défend pas du tout les mêmes positions que les miennes."

- Ne pas hypothéquer le rassemblement -

"J'ai entendu parler de décroissance et de dépénalisation du cannabis (en fait, légalisation, ndlr): sur ces deux sujets, je suis orthogonal par rapport à ça. Donc il touchera forcément des gens que moi je n'atteindrai pas", souligne l'ancien avocat.

"Il ne s'agit pas de jouer sur le rejet d'untel ou untel. Benoît Hamon ne souhaite pas se positionner par rapport à Arnaud Montebourg mais proposer des nouvelles solutions", abonde Mathieu Hanotin. Parmi elles, le revenu universel ou encore la réduction du temps de travail.

En principe, une forme de gentleman's agreement entre les deux hommes doit donc prévaloir au cours des 100 prochains jours jusqu'au premier tour de la primaire. "Le mot d'ordre sera de ne rien faire ou dire qui empêche à terme le rassemblement", explique Christian Paul, chef de file des frondeurs, en "contact permanent" avec les deux postulants.

"A ce stade, je n'ai pas relevé de problème, pas seulement en raison de la vertu de chacun mais plus parce qu'ils savent qu'en cas de divisions, il y a de bonnes chances de perdre" contre François Hollande, précise le député de la Nièvre.

Car il faut en même temps penser aux modalités d'un front commun au second tour pour barrer la route au président de la République, dont les contours de la candidature se dessinent de plus en plus nettement.

Selon un sondage BVA paru lundi, François Hollande (43% des intentions de vote) devancerait Arnaud Montebourg (33%) et Benoît Hamon (14%) au premier tour de la primaire. Dans cette configuration, la question du report de voix des soutiens de Benoît Hamon sera cruciale.

Mais cette alliance va-t-elle de soi?

"Si jamais au soir de la primaire, Montebourg est en position de challenger, je ne suis pas sûr que Hamon mettra beaucoup d'ardeur à le soutenir", confie ainsi un influent député socialiste.

Des rumeurs évoquent même un possible ralliement de Hamon à Hollande, afin de prendre la tête du parti après la présidentielle. Des bruits balayés avec dédain dans l'entourage du député des Yvelines: "La question ne se pose même pas", rétorque-t-on.

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