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Procès de Fabienne Kabou: criminelle froide ou femme malade, la cour d'assises doit trancher

Fabienne Kabou est-elle folle ou est-ce une criminelle froide ? La question sera au centre des délibérations de la cour d'assises de Saint-Omer qui doit fixer vendredi la peine de Fabienne Kabou, cette mère qui a assassiné son bébé à Berck, et contre qui 18 ans de prison ferme ont été requis.

"Pourquoi Adélaïde est-elle morte ? Parce que sa mère est folle", a déclaré devant la cour l'avocate de la défense, Me Fabienne Roy-Nansion lors de sa plaidoirie, comme une conclusion à une semaine de procès hantée par une question: "Pourquoi Fabienne Kabou a-t-elle tué sa fille ?".

Les "meilleurs experts de France" ont conclu à une "altération du discernement", mais "on voudrait soutenir que cette femme est un monstre froid qui a tout organisé, une machine de guerre, une machine à tuer", a-t-elle encore dit.

"A un cheveu près, cette femme dépendait définitivement de la médecine et non de la justice", a-t-elle encore insisté, avant de s'adresser aux jurés: "Vous devez tenir compte de cette pathologie mentale, cette femme n'a pas sciemment tué un enfant".

Quelques minutes plus tôt, l'avocat général, Luc Frémiot, avait balayé les expertises psychiatriques, en estimant que Fabienne Kabou, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, était responsable de son acte.

"Les histoires tragiques se ressemblent, on nous a dit que c'était un cas historique, mais c'est faux", a-t-il dit, dans un réquisitoire prononcé durant près de deux heures.

Trois psychiatres ont conclu que Fabienne Kabou présentait une "pathologie psychiatrique de type paranoïa délirante", mais d'autres experts ont contesté cette thèse, parlant simplement d'"un trouble psychique". Tous ont toutefois retenu l'altération du discernement au moment des faits.

Selon ses aveux, Fabienne Kabou s'était rendue le 19 novembre 2013 de son domicile à Saint-Mandé, en région parisienne, à Berck dans le but de noyer Adélaïde, qui, durant sa courte vie, n'aura pas eu d'existence légale, faute d'avoir été inscrite à l'état civil.

Le corps de la fillette avait été retrouvé le lendemain au petit matin par des pêcheurs.

Pour M. Frémiot "pire que de la préméditation, c'est de la planification froide".

- "le masque de l'indifférence" -

A l'audience, "vous aviez le masque de l'indifférence et de l'ironie et je ne peux pas le supporter", a-t-il lancé, en regardant l'accusée, impassible dans son box, tête haute et bras croisés.

Dès le premier jour, Fabienne Kabou, d'origine sénégalaise, avait dit à la Cour n'avoir "pas d'autre explication que la sorcellerie" à son geste criminel. Mais, peu de preuves accréditant cette thèse, la sorcellerie avait été écartée par son avocate et des psychiatres. Pour eux, les explications mystiques de Fabienne Kabou étaient une façon pour l'accusée de ne pas admettre sa maladie.

"Ca arrange tout le monde que ce soient des malades qui font ça", mais l'assassinat d'Adelaïde est "un infanticide comme un autre", avait plaidé jeudi Me Jean-Christophe Boyer, avocat de l'association L'enfant Bleu.

Fabienne Kabou partageait la vie de Michel Lafon, un sculpteur, père de l'enfant et âgé de 70 ans. "Ma responsabilité est totale, j'ai protégé Fabienne, mais je n'ai pas pu protéger Ada", avait-il déclaré à la barre. Son avocat, Me Christian Saint-Palais, avait exprimé une forme de mansuétude pour Fabienne Kabou, "une femme malade".

Adelaïde "ne fut pas malheureuse" et Michel Lafon veut "que nous retenions de ce procès, que pendant ces 15 mois, cette petite fille n’a pas été maltraitée, mais a été heureuse d'être aimée", avait-il affirmé.

Personnalité souvent déroutante et contradictoire, Fabienne Kabou avait glacé la salle d'audience mardi en parlant de son forfait. "Quand je rentre à Paris, j'ai l'attitude de quelqu'un qui est allé faire une course...", avait-elle déclaré.

Mais, parlant d'Adelaïde, elle s'était aussi dite "émerveillée de la voir courir, de l'entendre dire +maman+, de la voir montrer le chocolat noir parce qu'elle adore ça".

L'accusée n'a pas voulu prendre la parole avant que le jury ne se retire pour délibérer.

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