Accueil Actu

Procès Carlton: la relaxe "pure et simple" requise pour DSK, moins de clémence pour Dodo la Saumure

Le procureur de la République a demandé la relaxe de Dominique Strauss-Kahn pour la prévention de proxénétisme aggravé en association qui l'a conduit devant le tribunal correctionnel de Lille. Deux ans de prison ferme dont un avec sursis ont été requis à l'encontre de Dodo la Saumure.

"En mettant dans la balance tous les éléments à charge et à décharge, je considère que ni l'information judiciaire, ni l'audience n'ont permis d'établir la preuve de la culpabilité de M. Strauss-Kahn", a déclaré le procureur de Lille Frédéric Fèvre.

Lors des réquisitions à son endroit, l'ancien patron du FMI s'était redressé sur son siège, bras croisés, écoutant attentivement les propos du procureur.

S'adressant au tribunal, le magistrat a estimé que la "notoriété" de l'ancien favori socialiste pour la présidentielle de 2012 "ne doit en aucun cas être une présomption de culpabilité". Et de s'interroger : "Un homme puissant serait-il nécessairement coupable ?"


"Condamner sur des preuves et non des convictions"

"Il appartient au tribunal correctionnel de ne condamner que sur des preuves et non des convictions. Notre système judiciaire doit pouvoir s'enorgueillir de ne jamais condamner quelqu'un au bénéfice du doute. Je requiers donc sa relaxe pure et simple", a conclu M. Fèvre, au terme d'une journée entièrement consacrée aux réquisitions du parquet contre les 14 prévenus.



DSK "crédible"

Le procureur de la République admet que la présence de Dominique Strauss-Kahn dans cette affaire lui a donné une dimension politique et médiatique "hors norme" et que sans la présence de l'ancien directeur du FMI, ce dossier aurait été traité dans l'indifférence totale.

M. Fevre estime par ailleurs que DSK est crédible quand il affirme qu'il ne savait pas que les filles étaient des prostituées car "ses amis ne lui ont jamais révélé le statut des filles et celles-ci avaient pour consigne de se faire passer pour des secrétaires lors des voyages à Washington".


DSK n'avait pas le temps d'organiser des soirées coquines

Pour le magistrat, DSK n'a jamais organisé de soirées coquines et il n'en avait d'ailleurs pas le temps vu son emploi du temps à la tête du FMI. Il n'en a obtenu aucun avantage financier, n'a jamais payé de prostituées lui-même et n'en a pas procurées à autrui. Quant à son appartement loué à la rue de Iena à Paris, loué sous une autre identité, il s'agissait d'un lieu de rendez-vous, pas forcément galant, pour un homme en vue qui avait besoin de se protéger des médias "comme de nombreux hommes politiques ou chefs d'entreprises".


"J'ai été troublé par l'évocation récurrente de ses pratiques sexuelles"

Le procureur note qu'aucune prévention de viol ni de violence n'a été retenue contre DSK lors de la procédure.

"J'ai été troublé par l'évocation récurrente de ses pratiques sexuelles car il est le seul prévenu chez qui on a poussé le souci du détail si loin", a aussi admis le procureur.


DSK a toujours nié

Tout au long du procès entamé le 2 février, Dominique Strauss-Kahn aura persisté à nier non seulement avoir été l'organisateur des parties fines, mais aussi d'avoir été au courant de la qualité de prostituées de ses partenaires. Reconnaissant que les débats n'avaient pas été concluants sur ces points, les avocats des parties civiles n'ont pas réclamé de condamnation à l'encontre de DSK, lundi, lors de l'audience consacrée à leurs plaidoiries.

Le parquet a ensuite commencé à énumérer ses réquisitions avec une sévérité proportionnelle à ce qu'il estime avoir été le rôle de chacun des 14 prévenus.

Dodo la Saumure ne s'en tire pas aussi bien

Plus tôt dans la journée, le procureur a requis de la prison ferme à l'égard de Dominique Alderweireld, alias Dodo la Saumure: deux ans de prison dont un avec sursis et 10.000 euros d'amende pour celui qui compte déjà 13 condamnations à son casier, dont deux pour proxénétisme en France.

"Le tableau qu'il nous dresse de ses établissements est idyllique, mais du Déjeuner sur l'herbe de Manet on passe rapidement à Guernica de Picasso", quand Jade explique que les filles y étaient présentées comme "de la viande sur des esses de boucher", assène Frédéric Fèvre.


"Le boss c'est lui"

"Le boss c'est lui", dit-il encore, à l'appui de l'idée que Dominique Alderweireld était parfaitement au courant que les prostituées de ses établissements belges allaient en France, voire plus loin encore, à Paris et Washington, à l'occasion des fameuses parties fines qui ont valu à DSK de comparaître.


Des réquisitions clémentes pour les autres prévenus

Contre la compagne de Dodo, Béatrice Legrain, "coacheuse" des jeunes femmes, il a requis 3 mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende.

A l'encontre de Fabrice Paszkowski et David Roquet, entrepreneurs amis de DSK qui recrutaient les prostituées et organisaient les soirées, faisant payer leurs factures par leurs sociétés, le parquet a requis à chaque fois deux ans de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende.

L'ami de longue date de Dodo, René Kojfer, ancien chargé des relations publiques de l'hôtel Carlton, celui par lequel toute l'affaire a commencé, s'attire également les foudres du ministère public, qui ne demande cependant pas de peine de prison ferme à son encontre.

Qualifié de "sergent-recruteur de la prostitution lilloise" au sens des affaires aiguisé -il exigeait des prostituées qu'il mettait en relation avec des clients soit une prestation gratuite, soit un pourcentage sur la location de la chambre, explique le procureur-, René Kojfer voit requérir à son encontre 15 mois avec sursis et 2.500 euros d'amende.

Le policier Jean-Christophe Lagarde voit le parquet requérir contre lui trois mois avec sursis et 5.000 euros d'amende, pour recel d'escroquerie.

L'avocat Emmanuel Riglaire semble quant à lui bénéficier des contradictions des témoignages sur sa relation avec Mounia, dont il était à la fois l'amant et le client occasionnel. Mais pour lui avoir fait rencontrer David Roquet, avec lequel elle a eu une relation tarifée, le parquet demande 3 mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende.

Du côté du proxénétisme "hôtelier", huit mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende ont été requis contre Hervé Franchois, ancien propriétaire de l'hôtel Carlton, et Francis Henrion, pour avoir profité du réseau de prostituées de différentes façons.

À la une

Sélectionné pour vous