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Procès Orsoni: les avocats contestent l'enquête policière

Les avocats de plusieurs des accusés de l'assassinat de Thierry Castola en Corse, pour lequel comparaît notamment Guy Orsoni, ont vivement contesté mardi l'enquête qui avait permis, selon l'accusation, d'identifier les quatre membres du commando d'assaillants, assurant qu'il n'y avait "aucune preuve" contre eux.

Au moment du meurtre de Thierry Castola, commis à Bastelicaccia, un village près d'Ajaccio, le 3 janvier 2009 à 20H00, un seul témoin, une femme qui promenait son chien à proximité du bar où a eu lieu le crime, avait fini, après avoir gardé le silence dans un premier temps, par dire qu'elle avait aperçu quatre hommes, des bruns d'environ 30 ans et mesurant près de 1,78 m.

Mais les quatre hommes qui comparaissent notamment pour ce crime devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, Guy Orsoni, Jean-Baptiste Ottavi, David Taddéi et Jérémy Capitta, nient tous avoir été présents.

Mardi, l'un des commissaires chargés de l'enquête, Eric Antonetti, s'est attaché à démonter, sur la base de l'analyse de données téléphoniques, l'alibi de Jean-Baptiste Ottavi, qui soutient être resté ce soir là avec sa compagne à Ajaccio. "C'est un alibi factice", a soutenu le commissaire Antonetti.

L'enquêteur a par ailleurs détaillé le témoignage d'un homme, Michel Roussel, qui disait avoir rencontré Jean-Baptiste Ottavi justement dans un bar de Bastelicaccia, peu de temps après le crime. Michel Roussel, menacé de mort selon sa mère par Jean-Baptiste Ottavi, s'était suicidé au cours de l'enquête.

Mais pour Me Camille Romani, qui défend plusieurs des accusés, le témoin a surtout été victime de pressions émanant des enquêteurs: "Des pressions policières insupportables qui ont pu le conduire à travestir la vérité", a-t-il soutenu.

"Les policiers ont ouvert une brèche, il ne s'agit plus de témoignage mais de soutenir une thèse", a lancé au commissaire Me Luc Febbraro, avocat de Jean-Baptiste Ottavi. "Je n'ai pas de postulat", lui a répondu le commissaire Antonetti.

"Je ne crois pas que vous ayez la moindre preuve, vous êtes nécessairement dans l'interprétation", a rétorqué Me Febbraro finissant par accuser le commissaire de dire "des mensonges".

Au total, 11 hommes, dont l'ex-leader nationaliste Alain Orsoni, poursuivi pour des menaces de mort, sont jugés jusqu'à début juillet pour leur implication à des degrés divers dans deux assassinats, dont celui de Thierry Castola, et une tentative d'assassinat visant son frère, Francis, tous deux proches, selon la police, des malfaiteurs de la bande du "Petit Bar".

Pour tous ces faits, les enquêteurs retiennent plusieurs mobiles: une dette entre les familles Castola et Orsoni, autrefois amies et liées dans une affaire de machines à sous au Nicaragua et les tentatives d'assassinat en 2008 visant Alain Orsoni (déjouée par la police) et Alain Lucchini, un de ses proches, toutes deux attibuées au "Petit Bar".

Guy Orsoni avait été interpellé à Madrid en 2011 après deux ans de cavale. David Taddéi et Jean-Baptiste Ottavi, avaient été interpellés dans les mois suivants le meurtre et incarcérés. Un troisième, Jerémy Capitta, avait quitté discrètement Marseille pour la Corse la veille du meurtre de Thierry Castola pour y revenir aussitôt après. Il comparaît libre.

La cour d'assises doit commencer mercredi l'interrogatoire des accusés du meutre de Thierry Castola, avant d'aborder les autres faits.

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