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Après son échec historique, requiem pour le PS d'Épinay

Après la débâcle du PS et de son candidat au premier tour de la présidentielle, une "refondation" du parti né à Épinay en 1971 semble inéluctable s'il veut continuer à peser dans la vie politique française.

"C'est la fin d'une histoire": l'ancien Premier ministre Manuel Valls a été le premier à prononcer l'oraison funèbre du PS dans sa forme actuelle, lundi matin sur France Inter.

Constatant les "divisions" du parti, celui qui a de longue date théorisé l'existence de "positions irréconciliables" à gauche a appelé à une nécessaire "clarification".

"Ceux qui sont en désaccord, notamment sur l'Europe, sur l'économie, sur l'entreprise, sur les questions de sécurité, peuvent-ils encore être dans la même famille politique? Personnellement je ne le crois pas", a-t-il affirmé.

Dimanche soir, au QG du candidat Benoît Hamon, qui n'a rassemblé que 6,36% des suffrages, les commentaires étaient aussi à l'enterrement du parti presque cinquantenaire.

"Il faut un nouvel Épinay, oui, au minimum. Le PS c'est devenu le Pasok (en référence au Parti socialiste grec, relégué au second plan par Syriza, NDLR), il ne représente plus rien", déplorait le directeur de campagne de M. Hamon, Mathieu Hanotin. Son département, la Seine-Saint-Denis, a placé Jean-Luc Mélenchon en tête dimanche soir (34,03% des voix).

Dans son allocution, le candidat du Parti socialiste en a appelé à une "renaissance" de la gauche. "Ce soir elle est douloureuse, demain elle sera féconde", a-t-il dit en se vantant d'avoir semé des "graines (...) pour l'avenir".

- "Temps de l'action" -

L'affrontement entre les deux lignes incarnées par MM. Valls et Hamon pourrait-il éclater à la faveur des législatives des 11 et 18 juin?

C'est ce qu'estimait avant l'élection une ministre proche de Manuel Valls: "La clarification sur la ligne se fera juste après la présidentielle autour de la question: qui va participer à la majorité présidentielle ou non? Il y a un vrai risque de scission du parti là-dessus."

Lundi matin, M. Valls s'est ainsi dit "prêt à soutenir (Emmanuel Macron), à l'aider, à participer à (sa) majorité".

Alors que dimanche soir, M. Hamon avait plutôt semblé se projeter dans une future opposition à M. Macron, "qui n'appartient pas à la gauche et n'a pas vocation à la représenter demain".

Mais le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a eu à coeur lundi de mettre très vite sous le boisseau ces divisions.

"Ces résultats marquent la fin d'une époque et appellent un profond renouvellement (...) L'introspection viendra (...) Mais pas maintenant. Car le temps de l'explication n'est pas venu", a affirmé M. Cambadélis dans une déclaration solennelle à la presse, à l'issue d'une réunion extraordinaire du Bureau national du parti.

"Aujourd'hui, il faut se situer dans le temps de l'action. Et la séquence politique va jusqu'au 18 juin et la fin des élections législatives", a-t-il complété.

M. Cambadélis, comme Stéphane Le Foll qui l'a dit publiquement lundi, souhaite que Bernard Cazeneuve conduise les opérations pour les prochaines législatives, même s'il n'entend pas lui-même se présenter.

Le Premier ministre, fidèle de François Hollande et soutien discret de Benoît Hamon pendant sa campagne, semble le plus à même de maintenir toutes les troupes socialistes dans le même bateau jusqu'à l'élection de la prochaine assemblée.

Au-delà, le Premier secrétaire espère que tous les députés élus sous l'étiquette PS siègeront dans le même groupe. A charge ensuite pour ce dernier et le PS de déterminer la ligne de conduite à adopter vis-à-vis d'un futur gouvernement Macron.

"Moi, j'ai fait signer un papier à tous les candidats aux élections législatives qui dit qu'ils siègeront dans le groupe socialiste. Le groupe socialiste et le Parti socialiste décideront de ce qu'ils ont à faire", a-t-il expliqué mercredi sur France 5.

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