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Rassemblement anti-migrants à Calais, une vingtaine d'interpellations dont un général

Vingt personnes, dont un général ancien patron de la légion étrangère, ont été interpellées et dix placées en garde à vue samedi à Calais lors d'un rassemblement hostile aux migrants à l'initiative du mouvement Pegida, interdit par les autorités et marqué par des échauffourées, a indiqué la préfecture.

"Vers 12H30, des groupes ont commencé à circuler en centre ville, essentiellement de l'ultra droite de type néo-nazie. Sept d'entre eux ont été interpellés dès le début, puis un rassemblement s'est fait devant une brasserie de la gare", a indiqué à l'AFP Étienne Desplanques, directeur de cabinet de la préfète du Pas-de-Calais. Les individus interpellés "étaient porteurs d’armes contondantes, d’armes blanches ou de tasers", a précisé la préfecture dans un communiqué samedi soir.

Vers 13h30, quelques échauffourées ont éclaté entre les forces de l'ordre et ces manifestants, qui ont scandé des slogans tels que "on est chez nous!", "Etat dictateur", "migrants dehors" ou "journalistes collabos". Ils ont entonné une Marseillaise et ont agité des drapeaux français, selon un correspondant de l'AFP présent sur place.

Il y a eu plusieurs appels des autorités pour demander la dispersion du rassemblement, puis des charges des gendarmes ainsi que des tirs de gaz lacrymogènes. "Nous avons tout de suite déployé les forces mobiles autour de cette centaine de manifestants. Nous avons procédé à des séries d'interpellations, en tout une vingtaine", a dit M. Desplanques, précisant que les manifestants s'étaient ensuite dispersés dans le calme vers 14h30.

Un photographe de l'AFP présent sur place a constaté l'interpellation du général Christian Piquemal, ancien commandant de la Légion étrangère de 1994 à 1999, et qui n'est plus en service actif.

Joint par l'AFP, le service communication de l'armée de terre "n'a pas souhaité faire de commentaire" sur l'interpellation du général. La préfecture n'était pas en mesure de préciser si le militaire faisait partie des dix gardés à vue.

Samedi soir, de nombreuses réactions à l'arrestation du militaire venues de l'extrême droite agitaient les réseaux sociaux.

"Soutien au général , injustement et brutalement arrêté à !", a écrit sur son compte twitter la députée FN Marion Maréchal-Le Pen. Gilbert Collard, député du Var, exprimait lui aussi son mécontentement sur le même réseau social. "Le général Piquemal, ancien Cdt de la LE, vient d'être arrêté à Calais pour cause de manifestation: une honte !".

Sur Facebook, une page "Soutien au général Piquemal", où l'on pouvait voir les images de l'arrestation du militaire sous les huées des manifestants, affichait plus de 7.000 soutiens vers 20H30.

Interrogé sur sa présence à ce rassemblement interdit, un manifestant, Stéphane Zammattio, a expliqué que Calais était "un grand symbole au niveau de toute la France et de tout ce qu'il se passe en Europe aujourd'hui, c'est-à-dire que la priorité est donnée systématiquement aux personnes de l'extérieur au détriment du peuple de France".

Dans un communiqué, la maire de Calais Natacha Bouchart (Les Républicains) a salué "le remarquable travail" de la police. "Je ne saurais accepter que Calais soit le terrain de jeu des extrémistes, d'un côté ou d'un autre, et force doit rester à la loi", a indiqué Mme Bouchart. Mercredi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé l'interdiction de toutes les manifestations susceptibles de provoquer "des troubles à l'ordre public" à Calais.

Environ 3.700 migrants, venus majoritairement d'Afrique de l'Est, du Moyen-Orient et d'Afghanistan, vivent dans la "Jungle" de Calais, plus grand bidonville de France, dans l'espoir d'atteindre l'Angleterre.

Pegida, "Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident", mouvement d'extrême droite né en Allemagne à l'automne 2014, a appelé le 23 janvier à manifester dans plusieurs pays d'Europe ce samedi.

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