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Régionales: la campagne en Ile-de-France phagocytée par le duel Bartolone-Pécresse

La campagne des régionales en Ile-de-France a été dominée ces derniers jours par le duel âpre entre Claude Bartolone (PS) et Valérie Pécresse (Les Républicains) au grand dam des autres candidats qui tentent d'échapper à une dynamique nationale.

Depuis l'affaire des tracts de campagne de Mme Pécresse, candidate des Républicains et des centristes, révélée le 1er octobre par l'équipe de M. Bartolone, les deux camps se rendent coup pour coup par médias interposés et par le biais de dépôt de plaintes.

"On assiste à une bataille de cumulards qui nous font des leçons d'éthique. Les voir chercher à régler leur différends par bisbilles judiciaires, c'est mauvais pour tout le monde et en premier pour l'intérêt des Franciliens", déplore auprès de l'AFP Emmanuelle Cosse, candidate EELV.

"Je vais tout faire pour empêcher que les deux majors de cette campagne tuent le débat régional", affirme Mme Cosse, consciente que "cette campagne est aussi malgré tout nationale" de par les têtes d'affiche et la place symbolique de la région capitale qui n'est pour l’instant "ni gagnée ni perdue".

"Glacée par le cynisme de ceux qui jouent la présidentielle et pas l'avenir de cette région", elle souhaite "montrer comment les écologistes peuvent convaincre avec des solutions concrètes" malgré des sondages en berne (6-7,5%).

Pierre Laurent, tête de la liste Front de gauche, se dit "affligé" de ce duel "qui n'intéresse absolument pas les Franciliens qui veulent connaître les politiques publiques qui seront menées dans les transports, le logement, l'éducation et la santé".

"Il y a une exigence très forte de respect des électeurs qui attendent de ceux qui se présentent dignité et pas de se vautrer dans une campagne de caniveau", ajoute le secrétaire national du PCF, qui vise un score supérieur à 10% alors que les sondages donnent sa liste à 8-9,5%.

- "Ils se cannibalisent" -

Pour Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), les deux ténors "se cannibalisent, en s'entraînant l'un vers l'autre vers le bas". "Je crois qu'ils font ça parce qu'ils ont le même projet de fond", avance le candidat de la droite souverainiste, qui "fait campagne en partant des préoccupations des gens" et entend "faire une surprise". Crédité de 7-8% des intentions de vote, ses réserves de voix seront convoitées au second tour et par Mme Pécresse et par Wallerand de Saint-Just (Front national).

Ce dernier renvoie dos à dos droite et gauche et se dit aussi bien "choqué" par les tracts stockés à la mairie de Lizy-sur-Ourcq que par les conclusions de la Chambre régionale de comptes sur la gestion de la Seine-Saint-Denis sous l'ère Bartolone qui ont débouché sur une enquête préliminaire pour soupçon d'emploi fictif.

Pour autant, ce climat chez ces adversaires qui lui seraient opposés dans un second tour de l'élection et sa propre mise en examen comme trésorier du FN pour recel d'abus de biens sociaux dans l'affaire du financement de son parti ne l'inquiètent guère: "Je ne pense pas que cela puisse peser, le FN a le vent en poupe", assure-t-il.

Pour lui, le danger vient bien plus "d'être pris en tenaille et du vote utile: en Ile-de-France, il pourrait amplifier la perspective de faire basculer la région (à gauche depuis 17 ans) mais je ferai tout pour démontrer que s'ils votent Pécresse, ça reviendra au même".

Les deux candidats incriminés se défendent bien d'entretenir une telle polarisation.

"C'est une des régions les plus disputées, ça crée un peu plus de tension qu'ailleurs", relève Claude Bartolone, mais "le problème est qu'on est obligé de réagir aux attaques sous peine d'apparaître coupable". Pour lui "le degré anormal d'attaques est lié au FN élevé dans les sondages et au fait qu'une partie des Républicains a décidé de courir derrière".

De son côté Valérie Pécresse affirme quelle ne "se laissera pas détourner de la campagne de propositions qu'elle mûrit depuis 2012" et qu'elle "continuera à développer dans les prochaines semaines" mais pour autant elle "ne se laissera pas non plus impunément salir car la campagne n'autorise pas tout".

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