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Régionales: la "gauche radicale" refuse l'appel à l'unité du PS

L'"opposition de gauche" part aux élections régionales en refusant l'appel à l'unité du PS au premier tour, au risque de se trouver face à des "cas de conscience" dans certaines régions où la gauche pourrait se désister pour éviter la victoire du FN.

Dans aucune des 13 régions, la gauche radicale n'a répondu aux appels à l'unité face au FN martelés par l'Elysée, le Premier ministre et le Parti socialiste (en Pays-de-Loire, les 2.500 militants PCF votent jusqu'au 5 octobre pour choisir entre un rassemblement large Front de gauche/EELV, ou l'union avec le PS).

Co-gestionnaires avec le PS des régions gagnées en 2010 (21 sur 22), EELV et le PCF misent comme il y a cinq ans sur une fusion avec le PS entre les deux tours, dans l'espoir d'instaurer un rapport de force favorable au premier tour le 6 décembre. Enjeu: reconduire le plus de conseillers régionaux possibles (quelque 250 sortants pour EELV, 101 pour le PCF).

Mais sera-t-il encore temps de parler d'alliance le 6 décembre au soir en Nord-Pas-de-Calais-Picardie ou PACA, où les sondages placent dans l'ordre le FN, les Républicains et le PS?

Dans ce cas de figure, le Premier ministre Manuel Valls défend implicitement le désistement, en déclarant que "tout sera fait" pour battre le FN. La maire PS de Paris Anne Hidalgo se montre encore plus claire: "Je préfère aucun socialiste dans un exécutif plutôt que le Front national à la tête de ces exécutifs".

Ces éventuels cas de conscience ne font pas reculer EELV, le Parti de gauche, le PCF, Ensemble, Nouvelle donne, Nouvelle gauche socialiste..., qui rejettent le référendum sur l'unité de la gauche lancé par le PS.

Dopée par les succès de Syriza (première période), Podemos en Espagne, Jeremy Corbyn en Grande-Bretagne, l'"autre gauche" affirme que ce n'est pas la division des progressistes qui nourrit le FN, mais les orientations libérales du gouvernement, symbolisées par Emmanuel Macron. Elle prétend donc capter les déçus du quinquennat de François Hollande tentés par l'abstention.

- L'union 'à tout prix' -

"Dans ma région, la gauche unie ferait 26% au premier tour, contre 28% pour Xavier Bertrand et 31% pour Marine Le Pen. Si nous présentons des listes autonomes, cela donne plus de voix pour la gauche au premier tour: 17-19% pour le PS, 7-9% pour EELV, 5-7% pour le Front de gauche", se justifie Sandrine Rousseau, tête de liste d'EELV qui fait alliance avec le Parti de gauche en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

Ces choix ont fait exploser EELV, dont les trois présidents de groupes parlementaires (Barbara Pompili, François de Rugy et Jean-Vincent Placé) ont claqué la porte pour rejoindre l'UDE (Union des écologistes) et ses alliances avec le PS (en tous cas pour MM. de Rugy et Placé).

Soudés par leur rejet du PS au premier tour, le Front de gauche (7% d'intentions de vote dans toute la France) et EELV (3%) ne partent pour l'instant ensemble que dans deux régions (Provence-Alpes Côte d'Azur et Languedoc-Roussilllon-Midi-Pyrénées).

Ailleurs, EELV a passé un accord avec le seul Parti de gauche dans deux régions (Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Rhône-Alpes-Auvergne), deux régions où le PCF présente ses propres listes.

Inversement, en Ile-de-France, en Bretagne et en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, le PCF et le PG partent ensemble sous la bannière du Front de gauche, face à EELV qui joue la carte de l'autonomie, comme dans d'autres régions (Centre, Normandie, Alsace-Champagne-Ardenne, Bourgogne-Franche Comté).

"L'autre gauche est aussi médiocre que le PS", se désole l'ex-candidat du Front de gauche en 2012, Jean-Luc Mélenchon, qui se tient au-dessus de la mêlée des régionales, proclamant: "Je suis pour l'union de l'opposition de gauche. A tout prix!". "Pour affronter le FN, qui a une stratégie nationale, il faut avoir soi-même une stratégie nationale", ajoute-t-il dans un entretien mardi à la Voix du Nord.

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