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Réserve opérationnelle: des pompes au tir au pistolet, 15 jours de formation

"Vous sortez vos armes, position de contact! D'abord vous visez, ensuite vous tirez. Arme!" Pas toujours très à l'aise, une dizaine de jeunes gens manient pour la première fois un pistolet semi-automatique. Après dix heures de tir, leur examen réussi, ils seront réservistes de gendarmerie.

Depuis le 16 juillet, 262 candidats - dont 85 femmes -, âgés de 17 à 30 ans, suivent quinze jours de formation intensive à Beynes, dans les Yvelines à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Paris: deux fois plus que lors de la dernière session, l'année dernière.

"Un effet +13 novembre+ évident", estime le commandant Laurent Chatillon, chargé de la communication de la gendarmerie d'Ile-de-France, au sujet des attentats les plus meurtriers jamais commis en France.

Ceux-là sont en effet inscrits depuis plusieurs semaines. Au surlendemain de l'attentat du 14 juillet à Nice, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a en outre appelé "tous les Français patriotes qui le souhaitent" à rejoindre la réserve opérationnelle, un vivier de volontaires et anciens militaires, au service des armées et de la gendarmerie. Cette dernière en compte 25.000, dont 70% de civils.

Les prérequis chez les aspirants réservistes? "Une bonne motivation, le sens des valeurs républicaines et de l'institution, un minimum de résistance et de capacité à se gérer", énumère un colonel chargé d'encadrer les candidats, qui ne donne que son prénom, Christophe.

Les raisons de sauter le pas sont multiples. "Repousser mes limites" pour Amélie, 25 ans, policière municipale; "vouloir davantage aider, avoir une activité pour donner un peu de mon temps", selon Alexis, 29 ans, chargé d'études techniques; "l'envie de s'engager, d'être utile", pour Pauline, 24 ans, fraîchement diplômée d'un Master 2 de droit et qui entend faire de la réserve un tremplin avant de devenir militaire professionnelle.

Tout en présentant des profils socioprofessionnels, niveaux d'étude ou situations de famille variés, tous évoquent les attentats, "la défense du pays et des libertés, menacées", ou la volonté d'"être utile à la population".

- Bientôt en patrouille -

Les quinze jours d'immersion signent parfois la confrontation à leurs limites ou à une image sublimée de la gendarmerie: "C'est clair que leurs espérances sont comblées", sourit le colonel, qui leur a préparé un programme quotidien de 05H30 à 22H00, du lever de drapeau aux pompes, "dans le respect et la rigueur".

Théorie sur les missions, savoirs, valeurs et culture de la gendarmerie pour un quart du temps, le reste consacré à la pratique, de la "maîtrise sans arme de l'adversaire" au tir, épreuve aussi attendue que redoutée. "Pour une toute petite minorité, moins d'un pour cent, ils abandonneront avant la fin du stage en se rendant compte que ça n'est pas fait pour eux", observe le colonel.

Devant les cibles de carton, les bras tendus trahissent parfois une certaine appréhension ou, au contraire, une précipitation. Il s'agit aussi de repérer les profils indésirables, malveillants infiltrés ou ceux qui pourraient se révéler dangereux une fois armés.

"On les observe, on les écoute pendant le stage et pendant leur temps libre. On discute avec eux. On a l'habitude des délinquants", tranche le haut gradé, qui rappelle par ailleurs que 10% des inscrits seront recalés aux tests à l'issue de la formation.

Pour les reçus, "ils sont censés pouvoir être projetés dès la fin de cette formation accélérée", rappelle le commandant Chatillon. D'abord en patrouille: "On les laisse tourner un petit peu sur les unités de base pour voir leur personnalité", explique le colonel; ensuite, des missions élargies et davantage autonomes, grâce à des contrats annuels renouvelables et des formations complémentaires.

A raison d'une moyenne de 25 jours d'intervention annuels et d'environ 89 euros par jour, certains demeurent dans les effectifs de la réserve passé l'âge de 60 ans.

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