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Retraites complémentaires: le patronat va revoir sa copie d'ici au 22 juin

Face à l'opposition unanime des syndicats, le patronat proposera un nouveau projet de sauvetage des retraites complémentaires d'ici au 22 juin, après une nouvelle série de bilatérales, mais il n'exclut pas une prolongation des négociations.

"Inadmissible", "inacceptable", "colère"... Les négociateurs syndicaux abordaient la quatrième séance de négociation très remontés contre le traitement de choc proposé par la partie patronale, à base d'abattements incitant au départ à 67 ans, de fusion des caisses Agirc (cadres) et Arrco (tous les salariés), et de modification des pensions de réversion.

Mais malgré des "échanges virils mais corrects", personne n'a claqué la porte: "il y a une volonté de la part de la délégation patronale d'avancer", s'est réjoui Philippe Pihet (Force ouvrière) à l'issue de la séance de mercredi.

"Nous pouvons nous satisfaire de la séance d'aujourd'hui, même si on ressort avec l'impression de repartir de zéro. Un document de travail va être réécrit à partir des propositions des uns et des autres", a renchéri Eric Aubin (CGT).

Mais malgré la promesse de modifier son texte, le négociateur du Medef Claude Tendil a peu infléchi son discours. Sur une éventuelle hausse des cotisations réclamée par les syndicats, "ma position n'a pas changé, ce n'est pas un sujet d'actualité".

MM. Aubin et Pihet ont pourtant entendu un autre son de cloche durant la séance. Selon eux, le Medef a assuré que le sujet n'était "pas tabou".

Le représentant des employeurs a ouvert la porte à d'autres concessions, comme sur les pensions de réversion que le document de travail prévoyait de réduire. "La réversion, aujourd'hui, on peut envisager de ne pas y toucher", a-t-il estimé.

En revanche, il a campé sur sa mesure phare: un abattement dégressif et temporaire sur les pensions complémentaires perçues avant 67 ans. Pour un départ à la retraite à 62 ans, la décote serait de 40%, puis de 30% à 63 ans, 18% à 64 ans, pour tomber à 2% à 65 ans et 1% à 66 ans. Cela doit rapporter 3,1 milliards d'euros en cinq ans.

"Je ne renoncerai pas" à "inciter" les salariés "à travailler à 63 ans ou 64 ans", a-t-il prévenu. Ce "n'est pas une mesure punitive" mais une "dissuasion à partir trop tôt" à la retraite, s'est-il défendu, assurant que 30% des nouveaux retraités y échapperaient (notamment la population exonérée de CSG).

Cette question est décisive en vue d'un accord, puisqu'elle cristallise l'opposition syndicale.

"On n'acceptera pas d'abattement de plus de 10%", a tranché Jean-Louis Malys (CFDT), qui n'est pas opposé au principe d'une décote.

- Aboutir en juin ou en octobre ? -

Autre sujet sensible: la fusion des régimes de retraites complémentaires Agirc et Arrco voulue par le Medef d'ici à 2019. Soutenue par la CFDT et FO, elle est rejetée par la CGT et la CFE-CGC qui craignent la fin du statut des cadres.

Mais, évolution notable, le syndicat de l'encadrement n'est plus formellement contre toute fusion des régimes. S'il refuse que la question soit traitée dans cette négociation, il est ouvert à une discussion plus large englobant les conséquences d'une fusion sur tous les aspects du statut des cadres, selon son négociateur Serge Lavagna.

Qu'elle aboutisse à une fusion ou non, l'enjeu de la négociation est de taille pour les partenaires sociaux, gestionnaires des deux régimes. Avec la crise économique, l'arrivée des papy boomers à la retraite et le chômage de masse, l'Agirc et l'Arrco ont vu leurs déficits respectifs se creuser à 1,985 milliard et 1,153 milliard l'année dernière.

Faute de mesures, leurs réserves, utilisées pour payer les pensions de 12 millions de bénéficiaires, seront épuisées d'ici à 2018 pour l'Agirc, à 2027 pour l'Arrco. Or les pensions complémentaires représentent en moyenne la moitié de la pension des cadres, un quart pour les autres salariés.

Les partenaires sociaux ont convenu de se revoir, comme prévu, le 22 juin, mais pas forcément pour conclure.

"Je souhaite aboutir (à un accord) le 22 juin, mais je préfère aboutir en octobre qu'échouer en juin", a déclaré le négociateur du Medef.

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