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Londres débute la privatisation de la banque RBS en vendant une part à perte

L'État britannique a donné mardi le coup d’envoi de la privatisation de Royal Bank of Scotland (RBS) en vendant à perte 5,4% de la banque, sept ans après son sauvetage par des fonds publics durant la crise financière.

Les 2,1 milliards de livres (près de 3 milliards d'euros) tirés de cette vente au prix de 330 pence par action seront utilisés pour réduire la dette publique, a indiqué le Trésor. La part de l'Etat est ainsi ramenée à 72,9%.

"C'est une première étape importante pour renvoyer la banque au privé, ce qui est la bonne chose à faire pour le contribuable et pour les entreprises britanniques: cela encouragera la stabilité financière, conduira à un secteur bancaire plus compétitif et soutiendra les intérêts de l'économie dans son ensemble", a commenté le chancelier de l'Échiquier, le conservateur George Osborne.

Il avait annoncé le principe de cette privatisation en juin lors de son discours annuel de Mansion House devant la communauté financière londonienne. Les autorités avaient ensuite indiqué lundi soir qu'elles allaient lancer la vente incessamment, auprès d'investisseurs institutionnels.

La banque avait été sauvée par l'État britannique pour 45,5 milliards de livres (près de 65 milliards d'euros au taux de change actuel) pendant la crise financière de 2008/09, le gouvernement travailliste de l'époque ordonnant l'acquisition d'environ 80% du capital.

Revenus au pouvoir en 2010, les conservateurs souhaitaient par principe ramener RBS dans le giron privé, mais avaient repoussé cette privatisation jusqu'à présent car le cours de l'action RBS reste loin du niveau payé par les pouvoirs publics il y a sept ans (502 pence par action), la restructuration de la banque prenant du temps.

George Osborne a toutefois fini par accepter de vendre une première tranche à perte, espérant que le cours se reprendra par la suite.

A la Bourse de Londres, l'action RBS perdait 0,41% à 336,2 pence mardi matin vers 08H20 GMT.

- Cure d'amaigrissement -

"La solution de facilité serait de contourner cette décision difficile et de laisser RBS dans les mains de l'Etat. Mais la bonne chose à faire pour l'économie et le contribuable est de commencer à vendre notre part, et c'est ce que nous faisons", a insisté George Osborne mardi.

L'opposition travailliste a cependant aussitôt critiqué cette vente jugée précipitée, soulignant que le contribuable perdait près d'un milliard de livres dans l'opération par rapport à l'investissement de départ.

"On pourrait faire tellement de choses avec un milliard. C'est un peu cavalier de perdre cette somme comme ça, du jour au lendemain", a réagi Barbara Keeley, la responsable des Finances dans le cabinet fantôme d'opposition.

Ian Gordon, analyste spécialiste du secteur bancaire chez Investec, s'est aussi dit "perplexe quant au choix du moment". Il s'attend en effet à une hausse de l'action RBS ces prochains 6 à 12 mois, avec le règlement prévu de différents avec les autorités américaines, dont l'attente pèse aujourd'hui sur les cours. La banque risque notamment une amende de plusieurs milliards de dollars dans une affaire de produits financiers adossés à des prêts immobiliers toxiques élaborés juste avant la crise financière.

Reste que l'établissement a déjà beaucoup avancé sur la voie de sa restructuration ces dernières années, sous la houlette de son directeur général, le Néo-Zélandais Ross McEwan. Au prix de milliers de suppressions d'emplois, il a recentré RBS sur le Royaume-Uni et l'activité de banque de détail, le groupe délaissant ses grandes ambitions mondiales d'avant la crise pour épouser une taille plus modeste.

Du point de vue de l'État, cette vente entre dans le cadre d'un vaste plan de privatisations menées pour réduire la dette publique. Londres est notamment en train de céder progressivement ses parts dans l'autre grande banque sauvée pendant la crise, Lloyds Banking Group, dont il ne possède désormais plus que 14%. Le gouvernement a aussi vendu la moitié des 30% qui lui restaient dans le groupe postal Royal Mail.

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