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Sarkozy, des démêlés judiciaires qui risquent d'assombrir son horizon politique

Trois jours après le succès de son camp aux élections départementales qui a renforcé son leadership à droite, Nicolas Sarkozy est de nouveau confronté à la justice, au risque de voir s'assombrir son horizon politique dans la perspective de 2017.

L'ex-chef de l’État a été entendu mercredi par les juges du pôle financier pour ses pénalités réglées par l'UMP et placé sous le statut de "témoin assisté".

Cette question, liée au dépassement des frais de sa campagne présidentielle de 2012, est distincte de "l'affaire Bygmalion", laquelle a également rebondi mercredi, avec la garde à vue de trois responsables de cette campagne.

L'UMP avait-elle à payer à la place de M. Sarkozy cette amende de plus de 360.000 euros, qu'il a intégralement remboursée après son élection à la présidence de l'UMP, l'action publique n'étant pas éteinte pour autant? Au-delà des interrogations juridiques, se pose la question du poids des affaires judiciaires sur les ambitions de l'ex-chef de l’État, qui veut le redevenir.

"J'espère de tout cœur qu'il fera prévaloir son bon droit", s'est contenté de réagir Alain Juppé, candidat à la primaire.

Les amis de M. Sarkozy protestent de sa bonne foi. "Il n'y a pas d'intention frauduleuse de la part de Sarkozy puisque, selon deux notes de Bercy, un parti politique est en droit de régler ces pénalités", argumente un élu UMP.

Selon ce "juriste de formation", la décision des juges "fera jurisprudence. En droit, je ne vois pas comment Sarkozy pourrait être condamné".

Ce dossier révèle les dissensions entre ténors de l'UMP dans la perspective de la primaire qui désignera le candidat de leur famille politique à l’Élysée. Les sarkozystes pointent la responsabilité de François Fillon. L'ex-Premier ministre s'en défend avec vigueur.

Catherine Vautrin, ex-trésorière de l'UMP, mise en examen dans ce dossier (ainsi que Jean-François Copé, ex-président du parti), affirmait aux juges en décembre avoir "la très désagréable impression d'être au milieu d'un règlement de comptes politique".

- 'Semer la zizanie à droite' -

Lundi, lors du bureau politique de l'UMP, un échange aigre-doux a eu lieu entre Sarkozy et Copé, mais qui visait "en réalité Fillon", selon des participants.

"Puisqu'on a gagné, pourquoi changer le nom de l'UMP?" a demandé M. Copé, M. Sarkozy s'apprêtant à rebaptiser sa formation. "Mais c'est parce qu'il y a un calendrier judiciaire à gérer que tu connais bien, cher Jean-François", a rétorqué M. Sarkozy.

La suite de ses propos augure davantage d'un probable durcissement entre rivaux pour la pré-présidentielle. "Il n'y a jamais eu un tel niveau de haine dans notre parti, avec des gens qui en dénoncent d'autres au pénal. Tout ça sera mis sur la place publique", a averti M. Sarkozy.

Dans son viseur: François Fillon. Alors que Me Philippe Blanchetier, avocat de Sarkozy, avait justifié, en juillet 2013, le paiement par l'UMP de la sanction infligée à son client (somme incluse, selon lui, dans les 11 M euros rapportés par le "sarkothon" de juillet 2013), celui de Fillon, Me François Sureau, était parvenu fin juin 2014 à la conclusion inverse. Entretemps, Bercy avait encaissé le chèque de l'UMP.

Le 1er juillet, les commissaires aux comptes de l'UMP dénonçaient auprès du parquet la prise en charge des pénalités du candidat par le parti. Les fillonistes nient un quelconque lien entre la note de Me Sureau et la démarche des commissaires.

Les faits se télescopent avec un déjeuner, le 24 juin 2014, entre ce dernier et Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Élysée. Selon Le Monde, le premier aurait demandé au second de "taper" judiciairement sur Sarkozy. L'ancien Premier ministre nie farouchement, accusant "Hollande d'être derrière ce traquenard" et "de chercher à semer la zizanie à droite".

"Une nouvelle affaire contre Sarkozy qui fait pschitt," a tweeté Eric Ciotti mercredi après l'audition de Sarkozy par les juges. Le secrétaire général du parti Laurent Wauquiez a dit ne pas croire que la primaire puisse se jouer sur les affaires et espérer que "personne n'a ce type d'arrière-pensée".

"Je pense qu'à l’Élysée, on suit avec beaucoup d'attention ces affaires, voire on les utilise", a accusé le porte-parole de l'UMP, Sébastien Huyghe, dénonçant une "instrumentalisation de la justice".

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