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Sarkozy et Juppé se livrent un duel à distance avant une primaire indécise

Nicolas Sarkozy à la Fête de la Violette en Sologne, Alain Juppé à Suresnes pour un barbecue militant: les deux rivaux à droite ont bravé chaleur et orage samedi et continué leur duel à distance en vue de la primaire de 2016, toujours indécise.

Certes, la guerre n'est pas (encore) ouvertement déclarée entre le maire de Bordeaux, candidat officiel à cette primaire de novembre 2016, et l'ex-chef de l'Etat, qui devrait attendre la dernière limite, en septembre 2016, pour déclarer sa propre candidature, après quoi il devra renoncer à la présidence des Républicains.

Il n'empêche, les petites phrases ont fusé de part et d'autre, chacun, devant son public, cherchant à marquer son terrain.


Des petites phrases... d'un côté comme de l'autre

Visiblement décontracté, l'ancien Premier ministre Alain Juppé, chemise rayée bleue, les manches retroussées, a fait le tour des tables, où trônent saucisses et salade de pâtes, pour saluer les quelques centaines de personnes venues l'écouter délivrer un message de "vérité", d'"espérance" et de "volonté".

"Ou bien nous continuons sur la pente du déclin, ou bien nous rebondissons comme nous avons la capacité de le faire, et pour cela, il nous faudra mettre en oeuvre des réformes profondes, des réformes courageuses", a lancé M. Juppé, devant un sage public. Des "jeunes avec Juppé" l'avaient toutefois acclamé à son arrivée.

"Il faudra éviter ce qui divise inutilement (...) nous avons parfois le talent de faire repartir des débats qui ne sont pas dans les préoccupations prioritaires des Français", a-t-il dit, sans nommer son rival. M. Juppé s'était notamment offusqué que M. Sarkozy ait déclaré qu'il refusait le principe de repas de substitution dans les cantines (sans porc), contraire selon lui à la laïcité. "Cela n'emmerde personne", avait rétorqué le maire de Bordeaux.


Sarkozy vise d'abord Hollande...

A peu près au même moment, M. Sarkozy était applaudi à tout rompre par environ 3.500 militants totalement acquis. Les applaudissements ont interrompu à plusieurs reprises le discours de plus de quarante minutes, dont une grande partie a été consacrée à la Grèce, à la veille du référendum sur le plan d'aide européen. Avec, au passage, quelques piques contre "Monsieur Hollande", déclenchant sifflets et huées dans l'assistance, à qui Nicolas Sarkozy a reproché de n'avoir "ni plan A ni plan B" sur la question.

L'ancien président a aussi abordé les rivalités à droite, qui s'aiguisent. "J'ai choisi de ne pas tout entendre, ne pas tout voir" des critiques parfois émises dans son camp à son encontre, a glissé M. Sarkozy. "Quand je n'entends pas, c'est que je fais semblant d'être sourd. Quand je ne vois pas, c'est que je fais semblant d'être aveugle. Mais ça n'aura qu'un temps", a-t-il prévenu.


Et met en garde Juppé

En attendant, l'ancien président a continué de jouer la carte du "rassemblement" en vue de la primaire, notamment avec les centristes de l'UDI mais pas avec ceux qui sont tantôt avec l'opposition, tantôt avec François Hollande. "La vie politique française n'a pas besoin de girouettes", a-t-il dit, en allusion à François Bayrou, président du MoDem et favorable à M. Juppé pour la primaire.

"Il va nous falloir mettre de côté les concurrences, les divergences, parce que mon ambition, c'est qu'il n'y ait qu'un seul candidat à la présidentielle, au nom de la droite républicaine et du centre. Pas deux", a-t-il insisté, dans une mise en garde au maire de Bordeaux qui avait menacé, si la primaire était "bidouillée", de se présenter à la présidentielle.

Qu'en a pensé l'intéressé? "C'est la diversité", a répondu M. Juppé aux journalistes qui l'interrogeaient. "Vous pensez qu'il y a qu'une seule voix à droite et au centre?".

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