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Scandale en France: le viol du jeune Théo provoque des émeutes en banlieue et l’inculpation de 4 policiers

Un policier a été mis en examen pour viol et ses trois collègues pour violences volontaires en réunion après une interpellation au cours de laquelle un jeune homme de 22 ans a été gravement blessé à coups de matraque jeudi, laissant "sous le choc" la cité des 3.000, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Cinq jeunes y ont été interpellés cette nuit après des tirs de mortier artisanal et plusieurs voitures incendiées, a-t-on appris ce lundi de source policière.

Jeudi dernier, quatre policiers initialement soupçonnés de "viol en réunion" avaient été placés en garde à vue dans les locaux de la "police des polices". Dimanche matin, le parquet de Bobigny avait ouvert une information judiciaire pour "violences" mais le juge d'instruction chargé de l'enquête a, in fine, décidé de poursuivre l'auteur présumé des coups de matraque télescopique pour "viol". Les quatre hommes ont par ailleurs été placés sous contrôle judiciaire et quatre d'entre eux se sont vus interdire par le juge d'exercer l'activité de fonctionnaire de police.


2 mois de convalescence pour le jeune blessé à l’anus

Gravement blessé au niveau de la zone rectale, le jeune homme, qui a dû être opéré, était toujours hospitalisé dimanche. Après son transport à l'hôpital d'Aulnay, un médecin avait diagnostiqué à la victime, par ailleurs blessée au visage et au crâne, "une plaie longitudinale du canal anal" et une "section du muscle sphinctérien", et lui avait prescrit 60 jours d'incapacité totale de travail (ITT).

"C'est un vrai choc, comme on n'en a jamais connu à Aulnay. Théo (le jeune homme blessé) est un citoyen français engagé dans la vie de son quartier, c'est une famille exemplaire", a dit à l'AFP Hadama Traoré, qui a grandi aux "3.000" et vient de fonder un mouvement citoyen, "La révolution est en marche".


Suite à un contrôle d’identité

Dans un communiqué, le parquet est revenu sur les circonstances de cette interpellation jeudi vers 17H00 à Aulnay : les policiers "procédaient au contrôle de l'identité d'une dizaine de personnes après avoir entendu les cris caractéristiques des guetteurs de points de vente de stupéfiants", explique-t-il. Au cours de cette opération, ils "tentaient de procéder à l'interpellation d'un homme de 22 ans" et, "au regard de la résistance de ce dernier", ont fait "usage de gaz lacrymogène et, pour l'un d'entre eux, d'une matraque télescopique".


Vague de violence dans la cité contre la police

Samedi soir, vers 21h00, de brefs incidents ont éclaté dans la vaste cité des 3.000, où une voiture a été brûlée et une tentative d'incendie constatée sur un bus. Des abribus ont également été cassés, et le quartier plongé dans l'obscurité après le sabotage de l'éclairage public.

Dimanche soir, un important dispositif policier était déployé, comprenant une compagnie de CRS appelée en renfort, selon une source policière. Tard dans la nuit, les nombreux policiers déployés ont été la cible de tirs de mortier artisanal et 5 personnes ont été interpellées, a relaté à l'AFP une source policière. Plusieurs voitures ont été incendiées et de nombreux feux de poubelles recensés, a ajouté une seconde source policière.


"Les bavures continuent" après une affaire similaire à Drancy

Dimanche matin, le maire LR de la commune, Bruno Beschizza, avait dénoncé la requalification des accusations de "viol" en "violences", "vécue comme un détournement de vérité", selon lui.

Pour le président PS de la Seine-Saint-Denis, "les conditions de cette interpellation, ses motifs posent de très nombreuses questions". "S'il y a des milliers de policiers qui font correctement leur travail (...), encore trop d'interpellations tournent au cauchemar pour certains jeunes. C'est l'image de la République qui est mise à mal, il est urgent d'y remédier", estime Stéphane Troussel dans un communiqué.

Dans un communiqué, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a souligné que "les bavures continuent" et a estimé que "les habitants des quartiers populaires ne sont pas des sous-citoyens et la République, dans toutes ses composantes, leur doit le respect."

Début janvier, six mois de prison avec sursis avaient été requis dans une autre affaire contre un policier municipal de Drancy (Seine-Saint-Denis), accusé d'avoir violenté avec sa matraque un homme de 27 ans lors d'une interpellation mouvementée en 2015. Le certificat médical établi cette nuit-là avait attesté d'une "pénétration". Le tribunal doit rendre sa décision le 20 février.

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