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Scène de furie à Corbeil-Essonnes: la mère et le fils replongent dans l'horreur

Les coups de bâton clouté, les menaces au hachoir, puis l'explosion volontaire de leur maison de Corbeil-Essonnes: la femme et le fils d'un homme jugé aux assises d'Evry pour avoir tenté de les tuer lors d'une soirée de furie, en novembre 2013, ont replongé jeudi dans l'horreur.

Chaque jour la même image: les appels à l'aide de son fils de 13 ans. "Il criait: +Au secours! Aidez-nous! Maman, je ne veux pas mourir!+ Mon cœur s'est cassé", raconte, en larmes, cette petite femme en noir, à quelques mètres de son ex-mari, 55 ans, jugé pour double tentative de meurtre.

A ce moment-là, elle est réfugiée avec son garçon dans une chambre à l'étage, derrière une porte close, que le père fracasse à coups de hachoir en hurlant qu'il va les tuer. "Il a mis son visage dans le trou", détaille le fils.

L'homme, alcoolisé, refuse le divorce, demandé la veille.

Les policiers sonnent à l'entrée: "Police! Ouvrez-nous!" Fin des coups de hachoir. Une voix reprend derrière la porte: "Maintenant, je descends ouvrir le gaz pour vous tuer."

L'odeur se répand dans la maison. "Je pensais que j'allais mourir", raconte la mère. "Mais je n'ai rien dit à mon fils."

Le mari allume son briquet. "Le plafond a décollé", raconte le fils. A l'extérieur, les policiers sont projetés au sol. "Comme dans les films: on voit tout au ralenti", témoigne l'un d'eux. "Quand on voit ça, pour nous, tout le monde est mort dedans."

Au milieu de la fumée pourtant, rien que des blessés légers. La mère et le fils sont tirés hors de la chambre par un pompier.

Le père sort des décombres "dans une épaisse fumée, totalement désorienté", raconte un policier, qui se précipite avec des collègues pour le menotter et le transporter, à l'horizontale, dans un véhicule, tandis que son beau-frère, également sur place, lui assène des coups de pied.

- 'Je t'aime' -

Ce jour-là, l'accusé avait enchaîné les whisky, dans le noir. Il s'était disputé la veille avec son fils et sa femme, qu'il avait prise à la gorge, selon elle, après une demande de séparation.

"Mais il m'avait envoyé un texto pour dire qu'il acceptait le divorce et qu'il fallait rentrer", explique-t-elle.

Lorsqu'elle arrive le soir, accompagnée de son fils et d'un neveu, il la frappe avec un bâton à vis. "Sauvez-vous les garçons!"

"Le sang coulait (...) mais je voulais le coincer pour qu'ils s'enfuient", explique-t-elle.

Les deux garçons le désarment. Il disparaît dans la cuisine et ressurgit avec un hachoir de boucher, dont il se sert ensuite pour fracasser la porte de la chambre, le neveu ayant réussi à prendre la fuite.

Voilà plus de vingt ans que cette femme, qui a épousé l'accusé au Vietnam, leur pays natal, en 1992, se disait victime de violences. "Il buvait beaucoup d'alcool. Moi, j'étais l'esclave de la maison", assure-t-elle.

Après un premier divorce en 2003 et malgré une hostilité d'origine inconnue entre les deux familles, elle reprend pourtant contact, allant même jusqu'à l'épouser à nouveau en 2010, pensant "qu'il allait changer". "Je voulais une famille..."

Le fils, lui, n'a "pas de souvenirs" de son enfance. "Tout ce qui m'a marqué, c'est juste les faits (...) Je ne sais pas si vous avez conscience de ce que c'est d'être confronté à la mort alors qu'on a seulement 13 ans."

"Je t'aime", lui lancera plus tard l'accusé. "Peut-être, un jour, si tu veux revoir ton papa, je pourrai te serrer dans mes bras." Pas de réaction.

Cet ex-employé à aéroport d'Orly a reconnu jeudi avoir voulu tuer sa femme et son fils lors de ce "jour tragique". Il n'explique pas ses actes, mais insiste longuement sur les insultes dont il se dit victime la veille: "connard" par son fils, "fils de chien" par sa femme.

"Chez nous, c'est dix fois pire --excusez-moi l'expression-- que fils de pute."

Verdict vendredi.

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