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Scènes de dévastation à Nantes: la ville saccagée lors d'une manifestation contre la construction d'un aéroport (PHOTOS)

Huit policiers ont été blessés samedi lors d'affrontements à l'issue d'une manifestation à Nantes (ouest) contre un projet de nouvel aéroport pour cette ville dont le centre a été saccagé par des casseurs, selon les autorités françaises.

Vitrines brisées, agences des transports nantais ou poste de police saccagés, pavés du tram descellés: Nantes affiche samedi des scènes de vandalisme après que la manifestation contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes a dégénéré en raison de l'affrontement entre un millier d'opposants radicaux et les forces de l'ordre.

Une "guérilla urbaine"

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien député-maire de Nantes et fervent défenseur du projet, a "condamné avec la plus grande fermeté les actes violents". "En démocratie, le droit de contester et de manifester contre un projet est légitime. Mais de telles violences sont inacceptables, et rien ne pourrait les justifier", a-t-il ajouté.
 
Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a de son côté qualifié d'"inadmissible" la "violence venant de cette ultra-gauche, de ces Black Bloc, qui sont originaires de notre pays mais aussi de pays étrangers", évoquant une "véritable guérilla urbaine".

La plus grosse mobilisation du mouvement

La manifestation a rassemblé entre 50 et 60.000 personnes, et plus de 500 tracteurs, selon les organisateurs pour lesquels "il s'agit de la plus grosse mobilisation du mouvement". Pour la préfecture de Loire-Atlantique, 20.000 personnes ont participé au défilé, dont "1.000 manifestants radicaux prêts pour le combat (qui) n'ont pu être contrôlés par les organisateurs".
 
Ces casseurs ont tiré des projectiles --bouteilles, canettes, billes d'acier, fusées de détresse, pavés -- en direction des forces de l'ordre qui ont chargé à plusieurs reprises et ont répondu à grand renfort de gomme cogne, grenades lacrymogènes ou encore lances à eau. Ils ont notamment saccagé un poste de police, une agence du groupe Vinci (concessionnaire du projet d'aéroport), mais ont aussi brisé plusieurs vitrines de magasins et du mobilier urbain.
 
Au moins deux engins de chantier mais aussi une barricade et une voiture ont également été incendiés. Des manifestants "non belligérants" ont tenté de s'interposer plusieurs fois pour empêcher les casseurs d'agir.


8 policiers blessés

Le calme était revenu en fin de soirée. La préfecture a dénombré huit blessés du côté des forces de l'ordre, tous hospitalisés, et plusieurs dizaines d'hommes contusionnés, ainsi que quatorze interpellations. Des journalistes et véhicules de presse ont aussi été violemment pris à partie par des manifestants.
 
Aucun bilan sur le nombre de manifestants blessés n'était disponible samedi soir, les journalistes ont vu à plusieurs reprises des véhicules de pompiers porter secours. Pour les organisateurs, la journée est toutefois un "succès", compte tenu de l'ampleur de la mobilisation.
 
"Il existe différentes manières de s'exprimer dans ce mouvement", soulignent dans un communiqué commun les représentants de la "Coordination" de toutes les associations opposées au projet, du "Copain", les agriculteurs proches de la Confédération paysanne opposés au projet et des anti-capitalistes habitant la zone du projet.
 
"Le gouvernement est sourd à la contestation anti-aéroport, il n'est pas étonnant qu'une certaine colère s'exprime. Que pourrait-il se passer en cas de nouvelle intervention sur la zad (zone d'aménagement différée dédiée à l'aéroport, ndlr) ?", s'interrogent-ils. "Le gouvernement n'a pas d'autre choix que d'abandonner le projet d'aéroport!", concluent-ils.
 
Dans l'après-midi Françoise Verchère, présidente du Cedpa (élus opposés à l'aéroport), avait regretté l'attitude de "certains manifestants qui vont plutôt discréditer notre manifestation que nous aider à remporter une victoire".

Le maire porte plainte

Le maire de Nantes Patrick Rimbert (PS) a indiqué dimanche qu'il allait porter plainte "contre X" pour tous les dégâts causés par la manifestation anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui a dégénéré samedi dans les rues de sa ville, a-t-il déclaré à la presse. "J'en veux à tous ceux qui ont une certaine complaisance par rapport à ces faits parce qu'on les avait prévenus, on leur avait demandé de suivre des circuits, d'encadrer les manifestants", a déclaré M. Rimbert, alors qu'autour de lui, au coeur de la ville, sur le parcours de la manifestation, une soixantaine d'agents municipaux s'activaient pour tenter de nettoyer.
 

Une majorité de Français se disent opposés au futur aéroport

L'inauguration de l'aéroport, prévue initialement en 2017, est désormais envisagée "en 2019 ou avant 2020" par les partisans du transfert de l'actuel aéroport nantais à Notre-Dame-des-Landes. Une majorité de Français (56%) se disent opposés au futur aéroport (24% y étant favorables) selon un sondage Ifop réalisé pour le compte d'Agir pour l'environnement, d'Attac et de l'Acipa, la principale association d'opposants.
 
Le projet, reconnu d'utilité publique en 2008, est justifié par ses partisans, du PS comme de l'UMP, notamment par le risque de saturation de l'actuel aéroport de Nantes Atlantique.

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