Accueil Actu

Survols de drones: la France narguée, jusqu'à présent sans parade

Après des centrales nucléaires et la présidence, la base nucléaire stratégique de l'Ile Longue : des inconnus jouent depuis l'automne avec les nerfs des autorités françaises en faisant voler des drones à proximité de sites sensibles, sans que l'on sache le mobile de ces actions ni si elles sont coordonnées.

Dans la nuit de lundi à mardi, puis dans la journée de mardi, de petits drones ont été détectés près du site censé être le plus protégé de France : la rade de Brest (extrême ouest), abritant les quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, coeur de la dissuasion nucléaire française.

Si "ces vols n'ont pas présenté de menace caractérisée sur la sûreté des installations", selon la préfecture maritime, ils ont provoqué une importante mobilisation des soldats et gendarmes chargés de la protection de ce site, l'un des plus secrets et surveillés de France.

Mais aucun appareil n'a pu être intercepté.

"Nous prenons cette menace au sérieux, pas tellement pour le niveau des drones que l'on voit aujourd'hui mais parce que c'est une menace qui grandira", a souligné jeudi le chef d'état-major de l'armée de l'Air française, le général Denis Mercier.

"Le type de drones que l'on constate aujourd'hui ne présente pas de menace très directe", a-t-il poursuivi dans un point de presse, ajoutant sans autre détails : "Nous travaillons à de nouvelles mesures, des idées nouvelles pour pouvoir nous protéger".

Des radars mobiles, montés sur camions et capables de détecter de petits engins volants, ont été récemment déployés aux abords de certains sites, dont des centrales nucléaires. Par endroits, les gendarmes ont été dotés de simples fusils de chasse et de cartouches de plomb, pour l'instant la meilleure parade face aux petits drones, à condition de les voir et d'avoir le temps de les viser.

Depuis le mois d'octobre, une vingtaine de survols au total ont été détectés au-dessus de sites sensibles, dont des centrales nucléaires et le palais de l’Elysée à Paris, siège de la présidence de la République. Certains étaient simultanés, à plusieurs endroits distants de centaines de kilomètres au même moment, laissant penser qu'il pourrait s'agir d'opérations concertées.

- Le mystère s'épaissit -

Pourtant aucune organisation ne les a revendiqués. Greenpeace, qui a déjà organisé notamment le survol d'une centrale nucléaire en ULM, affirme ne pas être à l'origine de ces vols de drones, même si l'ONG écologiste en a profité pour mettre en cause la sécurité, à son avis déficiente, des sites nucléaires français.

Pour l'instant seuls deux hommes passionnés de modélisme ont été interpellés début novembre dans le Cher (centre) par des gendarmes avec de petits appareils près d'une centrale nucléaire. Mais ils ont expliqué que leur intention était de filmer depuis les airs leur bateau télécommandé qui se trouvait sur un lac situé à proximité de la centrale. Mis en examen (inculpés) pour "survol volontaire d'une zone interdite par un aéronef", ils ont été laissés en liberté.

Les autorités françaises, comme celles de nombreux autres pays, cherchent à évaluer la menace que peuvent représenter ces appareils. Si certains drones, les plus rudimentaires, sont radiocommandés et doivent être pilotés à distance par un opérateur caché à proximité - qui peut donc être repéré et arrêté - d'autres modèles, à peine plus chers, sont programmables. Pour 350 à 400 euros, on trouve désormais dans le commerce des engins virtuellement indétectables, dont les performances sont sans cesse améliorées.

"Face à ce phénomène nouveau, les forces de l'ordre tâtonnent, cherchent la parade", confiait récemment à l'AFP le criminologue et spécialiste de la sûreté aérienne, Christophe Naudin.

Après la chute, le 26 janvier, d'un petit drone inoffensif sur une pelouse de la Maison Blanche, le président américain Barak Obama a annoncé la mise en place prochaine d'une instance de régulation des drones civils aux Etats-Unis. Au même moment, un fabricant chinois assurait qu'il allait doter ses drones d'un système qui les empêcherait de voler au-dessus de Washington grâce à un lien satellitaire.

À la une

Sélectionné pour vous