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Thomas Piketty: le Japon a besoin d'un rééquilibrage fiscal au profit des jeunes

L'économiste français Thomas Piketty a jugé samedi à Tokyo que la hausse largement prônée de la "TVA japonaise" n'était pas la bonne direction, qu'il était bien plus important de rééquilibrer le système fiscal envers les jeunes et de réduire les inégalités sur le marché du travail au profit des employés irréguliers et des femmes.

"Autant que je puisse en juger, l'augmentation de la TVA intervenue l'an passé au Japon n'a pas été un succès en termes de croissance et je ne suis pas certain que ce soit la bonne direction à suivre", a déclaré l'auteur du Capital au XXIe siècle, essai traduit en plusieurs langues dont le japonais.

Si réforme il faut, "le mieux serait de rééquilibrer la balance fiscale au profit des jeunes générations et ce n'est pas ce que fait la TVA", a-t-il insisté lors d'une conférence au Club des journalistes du Japon dans le cadre de la promotion de son imposant ouvrage.

"Il faut moins d'impôts pour les faibles revenus et davantage pour les détenteurs de richesse", a plaidé M. Piketty, dont les travaux sur les inégalités suscitent une énorme attention mondiale, particulièrement au Japon.

Son opinion détonne d'autant plus dans l'archipel qu'elle s'inscrit en faux face à la politique du gouvernement de Shinzo Abe, mais pas seulement.

Le Fonds monétaire international (FMI), les agences de notation, les bureaucrates et de nombreux économistes poussent depuis des années le Japon à appliquer un niveau de taxe sur la consommation plus élevé que le précédent 5% et l'actuel 8%, ce afin d'assainir les finances publiques. La dette du Japon équivaut il est vrai à quelque deux fois et demie son PIB.

Même si M. Abe a jugé nécessaire de reporter à avril 2017 une seconde augmentation de cette taxe sur les produits et services commerciaux, au vu des effets négatifs de la première intervenue en avril, il a juré que la hausse était "la seule voie" et que "la nouvelle échéance décidée était définitive".

Bien que se défendant de vouloir donner des conseils au Japon, M. Piketty estime quant à lui que les engagements fermes devraient davantage porter sur la correction des inégalités sur le marché de l'emploi aussi.

"Les salariés à temps partiel ou contrat à durée déterminée n'ont pas accès à la même protection sociale que ceux bénéficiant d'un emploi fixe", a rappelé M. Piketty.

"Ces écarts de traitement dans le travail, non seulement entre catégories d'employés, mais aussi envers les femmes, sont une importante raison de l'inégalité au Japon et ont de mauvaises conséquences notamment sur la fécondité, assurément un problème sur lequel doit se concentrer le pays pour son avenir", a-t-il insisté.

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