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Trois mois après, les rescapés des attentats de Paris se confient: comment nourrir son bébé avec un bras en moins ou retourner travailler là où on a vu la mort?

Ce samedi 13 février à 21h20, cela fera 3 mois que les attentats de Paris éclataient. Tina et son cousin Aca ont accepté de témoigner auprès de nos confrères de BFMTV. Tous deux ont survécu, mais il leur reste un long chemin à parcourir pour se reconstruire, physiquement comme mentalement.

Tina était près du Stade de France avec sa mère, sa sœur et son conjoint quand les 3 kamikazes se sont fait exploser. Elle venait d’entendre les deux premières déflagrations, la 3ème était trop proche. "J’ai senti un grand mal dans mon dos. J’ai vu ses morceaux de chair partout. J’ai tourné ma tête et c’est à ce moment-là que j’ai vu mon bras gauche. L’os était carrément ressorti de mon bras. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que c’était un kamikaze qui était derrière moi et qui s’est fait exploser."

Elle et sa famille, tous blessés, sont emmené dans un hôtel proche. "Il y avait du sang dans tout l’hôtel. C’était vraiment le cauchemar. Après je ne sais rien. Tout ce dont je me rappelle, c’est que je me suis retrouvée dans un lit d’hôpital."

A partir de là, c’est la douleur qui prend le pas. "Je peux même pas la décrire. J’avais l’impression d’avoir des brûlures, des fourmillements dans tout le corps, ainsi que des piques et des chocs électriques." Tina a subi plusieurs opérations, au bras mais aussi pour retirer les boulons qui étaient venus se loger dans son dos.

Aujourd’hui, son bras est toujours paralysé, alors qu’elle doit s’occuper de sa fille de 5 mois. "Lui faire ne serait-ce qu’un biberon, c’est dur. C’est un calvaire des fois parce qu’avant je n’avais pas l’habitude d’être assistée, mais là je n’ai pas le choix que de demander de l’aide."


Touché dans sa chair sur son lieu de travail

Aca, le cousin de Tina, ne va pas mieux physiquement. Il a reçu une trentaine d’impacts sur l’ensemble du corps. "La cervelle ouverte, le tympan éclaté, des impacts au niveau du bras et de l’omoplate", liste-t-il. Résultat : "9 cachets tous les matins... Ce sont mes bonbons...", dit-il en souriant.

Un sourire difficile à garder lorsqu’il tente de reprendre le travail... sur les lieux de l’attentat. Il vend en effet des écharpes au Stade de France. "J’ai essayé la semaine dernière et quand je suis arrivé sur place, je voyais les lieux où ça s’est passé et je repensais à tout ce qui s’est passé." Son espoir aujourd’hui : mettre sur pied son projet de créer une association pour vendre des écharpes au profit des victimes des attentats de Paris.


"Des scrupules de m'en être sorti"

Avant eux, d’autres avaient accepté de témoigner. L’un d’eux l’a d’ailleurs fait spontanément et pas via les médias, craignant que sa parole soit déformée. Sa vidéo a déjà été vue plus de 370.000 fois sur Youtube. Amaury Baudouin, son auteur, était lui au Bataclan. Dans sa vidéo émouvante, il raconte cette soirée, mais aussi l’après. Sa copine qui fait la morte, lui qui a la "chance inouïe" de s’être réfugié dans les coulisses de droite... alors que les djihadistes massacraient leurs proies dans celles de gauche, les "scrupules de s’en être sorti", les autres blessés qui sont "des destins brisés", son départ pour l’Afrique pour se retrouver, les difficultés avec certains journalistes peu scrupuleux, les rencontres marquantes faites depuis lors, ... et ses peurs d’aujourd’hui, qui n’entameront pas son "optimisme" de "la génération Bataclan". 

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