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Tuerie en Picardie: l'ex-forain pétri de haine pour les gens du voyage

Au premier jour du procès de Marcel Ruffet, un ex-forain accusé d'avoir assassiné en août 2015 trois personnes d'une même famille et un gendarme dans une aire d'accueil de gens du voyage à Roye (Somme), un expert a décrit un homme pétri de haine à leur encontre.

Pour Ruffet, 73 ans, "les gens du voyage, c'est de la racaille, de la pourriture. Il m'a dit : +la pourriture, c'est pire que de la merde, une merde, on passe à côté, la pourriture, on l'écrase", raconte à la cour d'assises de la Somme le psychologue Jean-Luc Ployé.

Quand l'expert rencontre l'accusé, quatre mois après les faits, "sa détermination est encore totale, intacte; il est toujours en colère, il dit sa rage vis-à-vis des gens du voyage, il dit +Je ne suis pas du tout de la même race que ces pourritures, heureusement, nous, on est forains, de père en fils", poursuit-il.

Car pour Marcel Ruffet, il y a "la bonne et la mauvaise race", selon ses mots. "La bonne race, selon lui, ce sont les forains, et puis la mauvaise race, l'ennemi, ce sont les gens du voyage". Cette haine, "chez lui, c'est une conviction qui a participé à son état de fureur" au moment de la tuerie, estime M. Ployé.

Avant le drame, des membres de sa famille lui auraient suggéré de quitter cette aire d'accueil, où il vivait depuis au moins deux ans, estimant qu'entre forains et gens du voyage "on ne se mélange pas". "J'avais mon coin de pêche, des amis, mes habitudes, alors je suis resté", se justifie Ruffet, petit homme sec et dégarni qui se déplace avec une béquille et écoute les experts se succéder sans sourciller.

Quand il narre les faits au psychologue, il "restitue un récit sans aucune vibration émotionnelle. Il n'y a chez lui pas de culpabilité, aucun regret d'avoir tiré sur les gens du voyage". Toutefois, il dit regretter pour le gendarme, pensant "qu'à cause de ça, il sera lourdement condamné", relate encore M. Ployé.

Sa conclusion : Ruffet "est normalement intelligent", il n'est "pas fou" et possède "un sens éthique, il a conscience du bien et du mal". C'est aussi un homme "psychorigide" se remettant "très peu en question", qui "ne se responsabilise pas par rapport aux actes qu'il a commis".

- 'Parfois jusqu'au-boutiste' -

Ruffet, ne présente "aucun trouble mental majeur, il a un niveau intellectuel correct. Il était lucide et conscient de ses actes au moment des faits, il n'y a pas eu d'altération du discernement", estime encore Roland Coutanceau, expert psychiatre, qui précise que l'accusé présente "une maladie épileptique depuis de nombreuses années".

Il décrit un homme "rigide", "parfois jusqu'au-boutiste", "plutôt susceptible", "méfiant" et "sûr de lui", sans formuler aucune hypothèse sur son mobile, n'ayant pas abordé les faits avec lui.

Il est accusé d'avoir tué en août 2015 avec son fusil de chasse trois membres d'une même famille dont un bébé de 8 mois dans ce camp où il vivait dans une caravane, ainsi qu'un gendarme.

Jugé pour assassinat et tentative d'assassinat, l'accusé a face à lui une trentaine de parties civiles, dont plusieurs proches de la famille décimée et celle du gendarme tué, mais aussi des forces de l'ordre présentes au moment des fait.

Selon l'enquête de personnalité, Ruffet a grandi dans une famille de forains en Picardie où il est allé à l'école jusqu'à 13 ans environ. "Mes parents m'ont appris à travailler, à respecter les gens, la politesse", complète Ruffet depuis son box.

Son ex-épouse décrit un homme "autoritaire", ses enfants une personne "alcoolique", "violente". Des proches évoquent aussi un homme "solitaire" qui avait des "coups de sang", mais qui était également "droit" et "courageux".

Le procès doit s'achever le 5 mai.

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