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Tunisie: un militaire abat sept camarades dans une caserne

Un caporal de l'armée tunisienne a tué lundi sept de ses camarades avant d'être abattu dans une caserne de Tunis, où les autorités privilégiaient la piste d'un "acte isolé" et non "terroriste", le tueur ayant des problèmes privés et professionnels.

La fusillade "a causé les décès de sept militaires et la mort de l'auteur. Dix militaires ont été blessés, un étant dans un état grave", a dit le porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, lors d'une conférence de presse.

Le caporal "a attaqué un collègue avec un couteau et a pris son arme puis a tiré sur ses camarades qui étaient en train de saluer le drapeau", a dit M. Oueslati. D'autres soldats ont tué le tireur.

Le porte-parole a identifié l'auteur des faits comme le caporal Mehdi Jmaï, né en 1979 et qui servait dans l'armée depuis 1999.

Le sous-officier "avait des problèmes familiaux et psychologiques", pour cette raison il avait été "interdit de port d'armes" et "transféré à un poste non sensible", a encore expliqué le porte-parole, en évoquant un "acte isolé".

"Depuis des semaines, il était sur les nerfs, il était devenu indiscipliné, c'est pourquoi son arme lui a été retirée", a souligné M. Oueslati à l'AFP, évoquant plus particulièrement "des problèmes avec son épouse".

Plus tôt, le ministère de l'Intérieur avait exclu la piste d'un attentat commis par la mouvance jihadiste. "L'incident qui a eu lieu à la caserne de Bouchoucha n'est pas lié à une opération terroriste", a affirmé le porte-parole du ministère, Mohamed Ali Aroui.

M. Oueslati a néanmoins assuré que "toutes les hypothèses" allaient être vérifiées, y compris la piste "terroriste".

L'incident "pourrait amener à revoir beaucoup d'aspects défensifs et sécuritaires des casernes tunisiennes", a relevé pour sa part Mohsen Marzouk, le conseiller politique du président tunisien Béji Caïd Essebsi.

- Rafales suivies de sirènes -

Vers 08H45 (07H45 GMT), une journaliste de l'AFP a entendu deux rafales près de la caserne de l'armée de Bouchoucha, située au Bardo, non loin du Parlement et du musée qui avait été visé mi-mars par une attaque revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) ayant fait 22 morts dont 21 touristes.

Peu après, un journaliste de l'AFP a vu une ambulance sortir sirène hurlante de la caserne.

La Brigade antiterroriste (BAT), unité d'élite du ministère de l'Intérieur, a été déployée sur les lieux, selon un photographe de l'AFP.

Des policiers avec des chiens patrouillaient dans ce quartier où se trouvent deux autres casernes de la police ainsi qu'un centre de détention.

La Tunisie est sur le qui-vive depuis l'attentat contre le musée du Bardo commis par deux jeunes jihadistes tunisiens, de craintes de nouvelles attaques dans la capitale et dans les zones touristiques.

Depuis la révolution de janvier 2011, le pays fait face à l'essor d'une mouvance jihadiste, en particulier à la frontière avec l'Algérie où des heurts réguliers ont lieu entre hommes armés et militaires.

Quelque 70 soldats et policiers ont été tués ces quatre dernières années dans des affrontements et des embuscades, la majorité dans la région du mont Chaambi (centre-ouest) où se trouve le principal maquis jihadiste en Tunisie.

Le pays est confronté au chaos grandissant en Libye voisine où des groupes armés s'affrontent depuis des mois, y permettant notamment l'émergence de l'EI. Ainsi, les deux assaillants du musée du Bardo avaient été formés aux armes en Libye.

La frontière tuniso-libyenne, en plein désert, est par ailleurs très poreuse et les trafics en tout genre s'y sont développés ces dernières années. Des saisies d'armes y ont lieu sporadiquement.

La Tunisie, qui a tenu fin 2014 ses premières élections législatives et présidentielle libres, fait figure de dernier espoir de réussite du Printemps arabe, les autres pays ayant connu des soulèvements en 2011 ayant sombré dans le chaos ou la répression.

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