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Turquie: Paris refuse tout "chèque en blanc" à Erdogan après le coup d'Etat raté

Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a réclamé dimanche le respect de l'Etat de droit en Turquie, refusant tout "chèque en blanc" au président Recep Tayyip Erdogan, qui a lancé une vaste purge au lendemain du coup d'Etat raté.

"Il fallait condamner le coup d'Etat en Turquie, c'est la moindre des choses", a déclaré M. Ayrault à la chaîne de télévision France 3. Mais "nous voulons que l'Etat de droit fonctionne pleinement, ce n'est pas un chèque en blanc pour M. Erdogan".

Des centaines de généraux, juges et procureurs ont été arrêtés en Turquie pour leur soutien présumé à la tentative de renversement du régime, dans ce qui a été qualifié de "grand ménage" par le ministre de la Justice, Bekir Bozdag, qui a déclaré que 6.000 personnes étaient en garde à vue.

"Il ne faut pas faire de purges. Ceux qui ont porté atteinte à la démocratie doivent pouvoir être poursuivis dans le cadre de l'Etat de droit", a répété M. Ayrault.

"Les Européens sauront le rappeler lundi prochain encore à Bruxelles (où se tient un conseil des Affaires étrangères). Nous ne cesserons de répéter l'exigence démocratique vis-à-vis des Turcs".

Interrogé par ailleurs sur la "fiabilité" d'Ankara en matière de coopération contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), le ministre a répondu que "des questions se posaient".

"La semaine prochaine à Washington, il y aura une réunion (de la coalition contre l'EI), mon homologue turc sera présent. Avec Jean-Yves Le Drian (le ministre français de la Défense) nous lui poserons clairement des questions pour savoir comment faire pour combattre encore plus Daech (acronyme arabe de l'EI) en Syrie", a déclaré M. Ayrault.

"La Turquie est un grand pays, qui a une situation stratégique, qui est membre de l'OTAN, qui est le premier pays frontalier avec la Syrie, qui accueille deux millions et demi de réfugiés sur son territoire, et donc qui est un allié", a déclaré M. Ayrault.

"Nous ne remettons pas en cause la fiabilité d'Ankara dans la lutte anti-EI", a précisé par la suite à l'AFP l'entourage du ministre.

Ankara a longtemps été soupçonnée de complaisance à l'égard de l'EI, basé en Irak et Syrie voisins.

La Turquie est membre de la coalition pilotée par les Etats-Unis contre le groupe EI, mais elle a été critiquée pour lutter davantage contre les Kurdes du PKK, qu'elle considère comme son ennemi numéro 1, que contre l'EI.

L'EI a revendiqué samedi l'attentat meurtrier du 14 juillet à Nice en France (84 morts).

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