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Un an après le dramatique accident à Puisseguin: "Le plus dur c'est de penser qu'elle a pu être consciente et qu'elle a souffert"

Un an, jour pour jour, après la collision entre un camion et un autocar qui avait fait 43 morts à Puisseguin, proches des victimes, rescapés et élus se sont rassemblés ce dimanche pour saluer la mémoire des morts. C'est l'un des accidents les plus meurtriers de France.

Les dizaines de familles endeuillées et les huit rescapés ont tous exprimé la volonté de rester "le plus loin possible des journalistes", pour cette journée de commémoration de l'accident routier le plus meurtrier en France depuis celui de Beaune (Côte-d'Or) en 1982 (53 morts, pour la plupart des enfants).

Sur sa page Facebook, le président François Hollande, qui avait assisté aux obsèques, a exprimé son "entière solidarité". S'adressant aux proches, il a déclaré: "Un an après, nous ne les oublions pas" et "nous leur devons la vérité sur les causes de cette catastrophe". "Je fais confiance à la justice, avec tous les services et moyens d'enquêtes nécessaires et en toute indépendance, pour l'établir".


Un brasier encore inexpliqué 

La matinée très fraîche d'après-vendanges, au coeur du vignoble de Saint-Emilion, a été ponctuée de plusieurs cérémonies, une messe et l'inauguration de deux stèles où sont gravés les noms des 43 victimes. La première plaque commémorative, surmontée d'une imposante colombe de plâtre blanc, "symbole de paix et d'amour", a été dévoilée par Patricia Raichini, maire de Petit-Palais-et-Cornemps. C'est de cette petite commune qu'est parti le club du 3e âge, en ce matin du 23 octobre 2015, pour une expédition festive dans les Pyrénées. Elle-même endeuillée, des sanglots dans la voix, Patricia Raichini a égrené les noms des victimes, dont ceux de ses trois belles-soeurs qui ont péri dans le brasier, encore inexpliqué, des deux véhicules entrés en collision.

Un an après, rares sont les proches prêts à témoigner devant les journalistes tenus à l'écart derrière des barrières. Micheline Martin raconte, en pleurs, qu'elle a perdu sa soeur Mauricette Belvalette, 64 ans: "Le plus dur c'est de penser qu'elle a pu être consciente et qu'elle a souffert", confie cette sexagénaire, ajoutant: "Un an après, on va toujours aussi mal". 

A cinq kilomètres de là, des dizaines de proches sont venus, à pied ou dans des minibus affrétés par les communes, fleurir de roses blanches le lieu de l'impact, dans un virage entre vignobles et bosquets, sur la petite et sinueuse départementale (D17) de Gironde, à l'entrée de Puisseguin.


Un matin où "tout a basculé dans le malheur"

A Puisseguin, dans l'église bondée, deux prêtres ont célébré une messe au son d'un violon jouant l'Ave Maria de Charles Gounod."C'est très important d'être ici aujourd'hui, ça aide les familles à se reconstruire... elles ont besoin d'aller ressentir les choses sur les lieux", a expliqué David Résendé, maire de Camps-sur-l'Isle, autre village endeuillé. Le maire de Puisseguin, Xavier Sublett, a dévoilé une seconde stèle à côté de l'église, avec vue sur le virage du drame. Il a évoqué, la voix étranglée par l'émotion, un matin où "tout a basculé dans le malheur".

Alors que l'enquête s'annonce longue, l'élu a exprimé "l'émotion" de chacun mais aussi "la colère" de voir en ces temps de progrès technologiques des véhicules "brûler aussi rapidement et aussi intensément".

"S'il n'y avait eu que le choc, il n'y aurait pas de victime", avait assuré un rescapé, Raymond Silvestrini. "Juste de la tôle froissée". Mais, après quelques dizaines de secondes, c'est l'enfer. Des flammes surgissent autour du car, qui s'embrase "comme un éclair", piège de fumées toxiques brûlantes, dont ne pourront s'extraire que huit personnes, sur 49 occupants. Dans le camion, le routier de 31 ans et son garçon de trois ans à ses côtés périront aussi dans les flammes.

Le chauffeur du car, David Daubigeon, qui a aidé plusieurs passagers à sortir des flammes, écoutait, recueilli: "Il n'y a pas de héros, il faut être humble et respecter les victimes", a-t-il sobrement dit à l'AFP.

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