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Un motard en garde à vue finit pendu au commissariat: s'agit-il d'un suicide maquillé?

Une juge d'instruction d'Évry enquête depuis mi-juillet sur la mort d'un motard de 34 ans lors de sa garde à vue après un excès de vitesse, a-t-on appris lundi auprès de l'avocat de la famille et d'une source proche du dossier.


Drame lors d'une garde à vue

Le 3 juillet en fin d'après-midi, la victime est interpellée pour un excès de vitesse à moto et conduite au commissariat d'Arpajon (Essonne). "La garde à vue se passe bien. Les deux policiers sur place (qui mènent la garde à vue, ndlr) discutent même moto avec lui", rapporte l'avocat de la famille, Jean Tamalet, confirmant une information de Mediapart.

Ils affirment s'absenter alors quinze minutes et retrouver à leur retour le motard en position assise, dos au mur, pendu à ses chaussettes de sport qu'il aurait fait passer entre deux trous d'aération de la vitre en plexiglas de sa cellule. Alertés, les pompiers et le Samu font repartir le coeur de la victime, transférée à l'hôpital où elle ne se réveillera jamais de son coma.


Des incohérences: un suicide maquillé?

"Il y a de nombreuses incohérences dans ce dossier", pointe Me Tamalet. Le médecin du Samu a ainsi évoqué dans son rapport "un étranglement avec un lacet" et non avec des chaussettes. "Lors de la restitution des effets personnels à la famille, il n'y avait qu'un seul lacet", ajoute l'avocat.

Selon l'autopsie, le sillon le plus large au niveau du cou "ne dépassait pas 5 mm", une trace peu compatible avec des chaussettes de sport épaisses.

Après les faits, les policiers qui avaient interpellé la victime ont porté plainte, expliquant avoir reçu des coups. Une bagarre a-t-elle pu tourner au drame ? "Tout est possible, mais c'est l'hypothèse la moins fiable", tempère Me Tamalet.

L'avocat privilégie "le maquillage de la scène de suicide", les policiers avançant la thèse des chaussettes pour "ne pas être punis d'avoir laissé la victime avec un lacet" en cellule, ce qui est interdit par la procédure.

En parallèle de l'instruction, ouverte pour "recherche des causes de la mort" et confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), "la police des polices", Me Tamalet a porté plainte pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", "homicide involontaire par manquement à une obligation", "altération de preuves", "faux en écriture publique" et "non-assistance à personne en péril".

Dernière zone d'ombre, les causes du suicide pour un simple excès de vitesse. "Il n'avait aucune dette, aucune double vie, venait de décrocher un nouveau poste de cadre bien rémunéré et ne suivait aucun traitement médical", souligne l'avocat.

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