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Une nouvelle biographie et un roman pour découvrir un Léon Blum méconnu

C'est un Léon Blum méconnu que donne à découvrir Pierre Birnbaum dans "Léon Blum un portrait", tandis que dans son roman "Otage de marque", Antoine Billot s'attarde sur l'incarcération à Buchenwald de celui qui a incarné le Front populaire.

Ces deux livres, édités au Seuil pour le premier et chez Gallimard pour le second, sortent simultanément et se font écho. On pensait assez bien connaître l'homme d'Etat et figure tutélaire de la gauche française. On découvre dans ces deux ouvrages un homme de chair et de sang, à la fois courageux et un peu dandy, un féministe défendant l'émancipation sexuelle des femmes et un séducteur.

Le livre de Pierre Birnbaum, historien et ancien professeur de sociologie politique à la Sorbonne, est d'abord sorti en 2015 aux Etats-Unis sous le titre: "Léon Blum, Prime Minister, Socialist, Zionist". Plus que les autres grands biographes de Léon Blum comme Jean Lacouture ou Serge Bernstein, Pierre Birnbaum insiste sur la part juive du dirigeant socialiste.

Léon Blum, écrit-il, appartient "à la lignée des juifs d'Etat, fous de la République et fier de ses origines". Le 6 juin 1936, Léon Blum s'apprête à demander à la Chambre de voter la confiance à son gouvernement. Le député Xavier Vallat (qui deviendra commissaire aux Affaires juives sous le régime de Vichy) s'indigne: "Pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain est gouverné par un juif." "Vous ne me blessez aucunement en rappelant la race dont je suis", lui répond Léon Blum.

"L'héritier de Jaurès" a été "plus que favorable" à la cause sioniste, affirme Pierre Birnbaum qui décrit sa proximité avec Haïm Weizmann qui deviendra le premier président d'Israël. En novembre 1943, un kibboutz, Kfar Blum, est édifié en Palestine en l'honneur de Léon Blum. Le vieux chef socialiste engagera ses dernières forces (il est mort en mars 1950) pour que la France vote en faveur du partage de la Palestine et reconnaisse le nouvel Etat d'Israël.

"Otage de marque" se veut un roman et non un essai historique. Antoine Billot évoque la détention de "Little Bob" (le surnom donné à Blum dans sa jeunesse car il ressemblait au personnage de "Petit Bob" de la romancière Gyp), au camp de Buchenwald de mars 1943 à avril 1945.

Ce n'est pas tant l'homme politique que dépeint Antoine Billot (auteur notamment du "Désarroi de l'élève Wittgenstein") que l'homme de lettres, le stendhalien et admirateur de Barrès.

A Buchenwald, Blum bénéficie d'un statut privilégié. Il a comme compagnon d'infortune Georges Mandel qui sera finalement assassiné par les nazis. Son dernier amour, Jeanne Reichenbach, peut le rejoindre dans sa prison.

Le livre, puissant roman d'amour, est baigné de mélancolie. Blum a 73 ans quand il est libéré. On le rend au monde, lui et Jeanne, "avec une souffrance rémanente".

"Qu'ils la contestent ou qu'ils la confessent, cette souffrance sera désormais tout ce qu'ils possèdent: leur bien."

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